On lui donnera le filet ce soir. À lui de répondre. François Allaire le croit à la hauteur du défi. Voici à cet effet le texte que j'ai publié hier sur La Presse +.

Le mystère plane toujours à Vancouver à l'aube de la série entre les Canucks et les Sharks de San Jose.

Le gardien numéro un Cory Schneider a raté les deux derniers matchs de la saison en raison d'une blessure non dévoilée et l'équipe pourrait bien s'en remettre à Roberto Luongo.

Or, celui-ci a connu une deuxième moitié de saison difficile, et un dernier match affreux (il a été retiré du match après avoir accordé cinq buts en trois minutes et demie...). Le Québécois ne s'est pas adressé aux médias après la rencontre et tous se demandent dans quel état d'esprit il se trouve.

« C'est peut-être aussi une occasion de rêve pour Roberto Luongo après une année difficile au plan émotif », lance au bout du fil son mentor François Allaire.

« Parfois, il suffit d'une occasion comme celle-là, un bon premier match et le chemin de campagne se transforme en autoroute. C'est peut-être la chance pour Roberto de gagner sa première Coupe Stanley parce que Vancouver a une bonne équipe. »

Luongo et Schneider sont dirigés par l'ancien entraîneur des gardiens Roland Melanson chez les Canucks. Allaire a préparé Luongo à sa saison pendant cinq semaines durant le lockout. Il continue de suivre son protégé par le truchement de la télé.

« J'ai vu le match contre Edmonton. C'était 2-2 avec six minutes à faire et ça s'est terminé 7-2. C'est un scénario qui n'arrive presque jamais, les attaquants adversaires étaient libres dans l'enclave, il n'y a pas que le gardien à blâmer. »

Allaire explique l'effondrement en deuxième moitié de saison de Luongo par l'usure psychologique.

« On lui a promis un échange avant la fin du camp d'entraînement. Il s'est donc rendu à Vancouver sans sa famille. Mais l'échange ne s'est jamais produit et la date limite des transactions est passée. On ne peut pas garder un athlète sur le qui-vive comme ça. Il n'a pas vu sa famille depuis des mois et c'est un gars de famille. On oublie que ce sont des humains. De telles situations peuvent user un homme. Mais là, il n'a plus le choix. Schneider ne sera peut-être pas prêt et il a la chance de jouer. Il restera seulement deux mois s'ils se rendent jusqu'au bout. »

Les Sharks n'ont jamais répondu aux attentes en séries, mais ils entament celle-ci à titre de négligés pour la première fois en six ans.

Ils avaient remporté le titre de leur division lors des cinq saisons précédentes, sans jamais néanmoins franchir la demi-finale. San Jose est fort cependant de trois victoires en autant de rencontres face aux Canucks cette saison et seulement deux points au classement séparent les deux équipes.

Les Sharks comptent aussi sur le gardien le plus sous-estimé de la LNH. Le Finlandais Antti Niemi, gagnant de la Coupe Stanley avec les Blackhawks de Chicago en 2010, a terminé au premier rang de la Ligue au chapitre des victoires et il se classe dans le top dix chez les gardiens numéro un au chapitre de la moyenne de buts alloués (2,16) et du taux d'arrêts (.924).

Deux piliers chez les Canucks, Ryan Kesler et le défenseur Kevin Bieksa, sont de retour au jeu, mais dans quel état ? Kesler a disputé seulement 19 matchs cette saison tandis que Bieksa a vu son temps d'utilisation en matchs et en entraînements limité au minimum.

Les Sharks ont plus de profondeur à l'attaque, mais la défense des Canucks est mieux équilibrée.

Avec la mutation de Brent Burns de la défense à l'attaque (20 points en 24 matchs à l'aile), les Sharks ont pu renvoyer Joe Pavelski au centre, ce qui leur donne une ligne de centre composée de Logan Couture, Joe Thornton et Pavelski. Nettement plus solide qu'Henrik Sedin et les fragiles Ryan Kesler et Derek Roy.

Les Canucks ont plus de punch en défense avec Alex Edler, Bieksa, Dan Hamhuis, Jason Garrison et Keith Ballard, mais Dan Boyle, Brad Stuart, Scott Hannan et Marc-Edouard Vlasic possèdent beaucoup d'expérience.

Le premier match aura lieu demain soir (ce soir) à Vancouver.