Mon collègue Patrick Lagacé ne blogue plus. Il en a marre des échanges virtuels stériles.

Voici donc : il n'y a aucune espèce de discussion possible - je parle ici d'une discussion intelligente - sur les blogues d'un média le moindrement achalandé. Cela a déjà été possible, quand les blogues étaient une nouveauté encore exotique. Dans les médias québécois, je pense à 2005-2006.

Trois raisons pour cela :

1. La discussion dans un blogue se déroule devant public. Personne ne dira jamais, devant public : « Ah oui, tu as raison. » Même sur un point de détail.

2. La discussion se déroule devant public, bis. Le « débat » est un prétexte à la performance. Ce qui compte, c'est le mot qui tue, la phrase assassine.

3. L'anonymat garantit une impunité quasi complète à BananeBanane_69 : les règles de politesse - sans parler du respect élémentaire des faits - foutent le camp dans le 2.0.

Je parle des blogues, mais mon constat s'étend à l'ensemble des sections commentaires chevillées à des articles et à des chroniques dans des sites de médias. À cause des points 1, 2 et 3 cités précédemment, le niveau général des discussions dans la plupart des sites bien fréquentés (j'inclus La Presse dans le lot) est à faire brailler Chuck Norris. Résultat : ceux qui voudraient de bonne foi apporter des éclairages intéressants constatent rapidement que la section commentaires ressemble plus à Vol au-dessus d'un nid de coucou qu'à La Société des poètes disparus. Alors ils disparaissent.

Je suis d'accord avec lui partiellement.Mais je n'ai pas atteint son taux de saturation. Il y aura toujours des trolls, des esprits obtus. Ainsi faut-il épurer à l'occasion. Je tire néanmoins encore beaucoup de plaisir à partager mes opinions dans cet univers virtuel, et le nombre de commentateurs intéressants et nourrissants dépasse encore largement les indésirables. Je suis peut-être chanceux de retrouver autant d'intervenants de qualité, qui me nourrissent autant que je peux les nourrir. Ce n'est pas le cas partout, j'en conviens.

Je crois que je pourrais quitter ce blogue sans subir de remontrance de la part de mes patrons. Je le fais sur une base volontaire, parce que je n'ai pas encore envie de vous quitter, et vos commentaires favorables me donnent envie de continuer. Longue vie à Rondelle Libre!