Lou Lamoriello a finalement tiré sa révérence au New Jersey.

Ce brillant homme de hockey de 72 ans cède sa place de DG à Ray Shero, mais demeure président de l'équipe.

Contrairement aux apparences, Lamoriello laisse un club en bon état à l'ancien DG des Penguins. Le gardien, Cory Schneider, 29 ans, vient de connaître deux excellentes saisons depuis son arrivée au New Jersey. La défense est constituée d'un super quatuor de joueurs de 23 ans et moins, Adam Larsson, Jon Merrill, Damon Severson et Éric Gélinas. Sans oublier le vétéran de 31 ans Andy Greene pour les encadrer.

Shero doit désormais rebâtir une attaque pleine de trous et sans joueur dominant. Trois des quatre meilleurs compteurs l'an dernier, Mike Cammalleri, Patrik Elias et Scott Gomez auront plus de 32 ans lorsque la saison commencera en octobre. Adam Henrique a relancé sa carrière, mais on ne parle pas ici d'une grande vedette offensive, tandis que Travis Zajac n'a jamais pu répéter sa saison de 67 points d'il y a quatre ans.

Il héritera du sixième choix au total et de deux choix de deuxième ronde, le leur au 36e rang et celui des Panthers de la Floride au 41e rang obtenu dans l'échange de Jaromir Jagr.

Le nouveau DG doit aussi trouver un coach, et on peut se demander s'il ne se tournera pas à nouveau vers son ancien employé Dan Bylsma, avec qui il a remporté la Coupe Stanley à Pittsburgh.

Shero est resté très évasif là-dessus, comme prévu, au cours d'un long entretien avec Tom Gulitti, du Record, publié ce matin.

Il sera intéressant d'analyser le travail de Ray Shero ces prochaines années. Le fils du légendaire Fred Shero s'est drapé de gloire à Pittsburgh. Mais il avait hérité d'un club de talent. Sidney Crosby était déjà un membre de l'organisation à son arrivée en 2006. Idem pour Marc-André Fleury, Evgeny Malkin, Kristopher Letang, Sergei Gonchar, Ryan Whitney, Alex Goligoski, Brooks Orpiks, Maxime Talbot et même l'entraîneur Michel Therrien.

Dès son entrée en poste, Shero a fait un choix payant à court terme, mais néfaste à long terme: repêcher Jordan Staal deuxième au total, devant Jonathan Toews et Nicklas Backstrom. Staal avait obtenu à peine un point par match à sa dernière saison junior, mais il était déjà très costaud, fiable défensivement, et se voulait un bon complément à Crosby et Malkin. Shero a repêché en fonction des besoins de l'équipe plutôt que d'opter pour le meilleur jeune disponible.

Les jeunes ont vite gagné en maturité. Pittsburgh a participé aux séries dès la première saison sous l'autorité de Shero, atteint la finale l'année suivante (avec Michel Therrien) et gagné la Coupe le printemps d'après.

Parmi ses bons coups: l'acquisition de James Neal et Matt Niskanen pour Alex Goligoski; celle de Marian Hossa et Pascal Dupuis pour des jeunes qui n'ont jamais débloqué et celle de Chris Kunitz pour Ryan Whitney.

Par contre, il n'a jamais su après cette Coupe de 2009 maintenir un niveau d'excellence malgré la présence d'un extraordinaire noyau de jeunes joueurs, entre autres en raison des limites du plafond salarial. Cette mauvaise gestion s'explique par le nombre de choix de première et deuxième rondes gaspillés pour des vétérans en fin de carrière, et son incapacité à développer une relève potable. Entre 2007 et 2014, l'année de son congédiement, seulement trois joueurs repêchés par l'équipe ont eu un certain impact à Pittsburgh: Olli Maatta, Simon Després et Derrick Pouliot. Aucun attaquant de valeur, à moins que Beau Bennett n'ait une valeur à vos yeux...

Au moment de son congédiement, Shero a laissé un club sur la pente descendante à Jim Rutherford. Celui-ci a poursuivi le travail de destruction. Il a échangé James Neal pour Patric Horqvist, qui n'atteindra jamais les sommets offensifs de Neal, et sacrifié un choix de première ronde pour David Perron. Avec ce choix, les Oilers repêcheront au 16e rang en juin, en plus de leur premier choix au total. Il a échangé Simon Després pour un vétéran de 31 ans, Ben Lovejoy et cédé des choix de deuxième et quatrième rondes pour le plombier Daniel Winnik.