Enrico Ciccone est un raconteur hors-pair. L'espace m'a manqué dimanche pour publier toutes ses anecdotes dans mon interview du weekend.

À titre d'analyste de hockey, j'ai toujours apprécié la justesse de ses analyses, sa franchise parfois brutale et la qualité de son français.

Comme beaucoup d'anciens durs à cuire, Ciccone s'élève désormais contre la bagarre. La plupart des rares hockeyeurs à avoir campé ce rôle de redresseur de torts ont la même opinion que celle de Ciccone. Chris Nilan est l'un des rares à ne pas avoir versé dans l'autre camp.

La presque totalité des fans avides de bagarres n'ont probablement pas eu à vivre les affres du métier de bagarreur. Les entraîneurs qui envoyaient ces joueurs au combat n'avaient souvent pas le courage à l'époque où il jouait de jeter les gants. Ils tentaient de vaincre leurs démons du passé en envoyant d'autres en pâtures à leur place.

Voici quelques extraits qui ne se retrouvent pas dans le texte:



"Je me souviens d'un entraîneur, Monsieur Lamontagne. Il me retranchait à chaque année. Il me disait que je n'avais pas assez de souffle. Il y a six ou sept ans, j'arrive dans un aréna à Montréal, qui je n'aperçois pas ? Monsieur Lamontagne ! Il vient me voir. Il accompagne son petit fils en tournoi et me le présente en disant au garçon que son grand-père a dirigé Enrico Ciccone quand il était jeune. Je lui ai répondu : « Coaché ? Tu me coupais tout le temps ». Je me penche vers le garçon et je lui dis : « En tout cas mon gars, lâche pas et surtout, un conseil, ne crois jamais ceux qui te disent que tu n'as pas de souffle... »"

"Après un an et demi, j'ai été échangé à Trois-Rivières. Ça a été la plus belle chose qui ait pu m'arriver. Dany Dubé était l'entraineur et il m'a dit de jouer au hockey. Il m'a dit que les bagarres, ça allait faire, que j'étais capable de jouer."

"J'ai été quand même assez chanceux. Avant que j'arrête de jouer, Gilles Lupien voulait que je travaille pour lui dans son agence. Il m'a rappelé quelques mois après ma retraite. Il m'a dit : « Tu dois t'ennuyer ». Oh ! Boy ! Je ne savais plus quoi faire. J'ai commencé à travailler avec lui et dans les médias. Je m'occupais des jeunes, j'avais un sens à ma vie, je transmettais ce que j'avais connu aux jeunes. Tu bâtis des relations aussi. C'étaient des petits frères pour moi. Mais après onze ans, j'en avais plein mon casque. Pas des jeunes, mais des parents. Le plus gros de travail était de gérer les parents. C'était rendu atroce. C'était devenu trop lourd. Il fallait que je déprogramme le jeune parce qu'il avait été mélangé par son père. Le parent gueulait contre le coach devant le jeune, je devais prendre le père à part et le rappeler à l'ordre."