On s'en doutait déjà, mais la nouvelle est tombée hier... Triste nouvelle pour Québec, la ville, pour la province, et pour le hockey en général.

Mais l'arrivée de Las Vegas dans la LNH s'inscrit dans le plan à long terme de Gary Bettman et ses associés. On veut faire des États-Unis le berceau du hockey. Depuis l'arrivée du commissaire en 1993, on a implanté ou déménagé du Canada aux USA huit nouvelles équipes: Anaheim, Floride, Colorado, Arizona, Nashville, Atlanta, Columbus et Minnesota. Atlanta n'a pas survécu et on a redonné à Winnipeg son équipe. Une anomalie?

Puis, la LNH a investi massivement dans les programmes de Hockey USA pour développer de jeunes hockeyeurs américains de façon à mousser la popularité du hockey aux États-Unis.

Les efforts portent fruits. En 2003, huit Américains, dont quatre provenant du programme de développement USNTDP sont repêchés en première ronde, un record. Ils seront dix en 2005, et autant en 2006. En 2010, 21 Américains sont repêchés dans les deux premières rondes.

Le hockey mineur américain se développe désormais partout. Le probablement premier choix cette année, Auston Matthews, provient de l'Arizona. Seth Jones, le quatrième choix au total en 2013, est né au Texas et a grandi à Denver. Le Minnesota, le Michigan et l'État de New York demeurent forts, mais il y a désormais dans la LNH huit joueurs de la Californie, cinq du Missouri et quatre du Colorado dans la Ligue nationale de hockey.

On a aussi compris que le hockey ne se développerait jamais aux USA si on continuait à associer le hockey aux Broad Street Bullies. Les bagarres sont presque disparues.

On a accepté Vegas pour créer un équilibre entre les deux Associations. Il y avait en effet deux équipes de moins dans l'Ouest. Mais qui a créé ces associations au préalable?

Vegas gagne sur toute la ligne. Les nouvelles règles de l'élargissement des cadres leur permettra de se bâtir un club compétitif dès le départ.

Les Hurricanes de la Caroline et son propriétaire Peter Karmanos sont en sérieuses difficultés financières. Voyons s'il n'y a pas là une mince lueur d'espoir pour les Nordiques.

AJOUT: Voici ce que j'écrivais en 2009 sur la hausse prodigieuse des investissements de la LNH envers le hockey amateur américain:

Huit Américains pourraient être repêchés dès la première ronde ce soir au Centre Bell, soit presque 27% des joueurs sélectionnés.

Ils étaient cinq l'an dernier, 10 l'année précédente et neuf en 2006. Des Américains ont constitué le premier choix de la Ligue nationale de hockey en 2007 et 2006, respectivement Patrick Kane et Erik Johnson.

Le Canadien, comme plusieurs autres équipes, a lui aussi pris des Américains comme premiers choix ces dernières années : Mike Komisarek en 2001, Chris Higgins en 2002, David Fischer en 2006, Ryan McDonagh en 2007 et Danny Kristo en 2008.

Même les Red Wings de Detroit ont emboîté le pas. Cinq de leurs 11 choix dans les deux dernières années jouent dans la NCAA ou la USHL.

Et le développement du hockey aux États-Unis n'est pas en voie de s'éteindre. La nouvelle n'a pas fait beaucoup de bruit, mais la LNH a annoncé récemment qu'elle verserait une somme annuelle de 8 millions au programme USÀ Hockey. C'est une hausse gigantesque puisqu'elle octroyait seulement 400 000$ à cet organisme jusqu'en 2005, et 1,2 million l'an dernier.

La stratégie de la LNH est facile à comprendre. Rien de tel que de développer le maximum de joueurs américains pour stimuler le hockey aux États-Unis et réaliser la percée tant souhaitée. Pas pour rien que le commissaire Gary Bettman tient à ce point à garder des équipes dans des marchés américains ciblés, malgré des pertes financières importantes.

La situation n'est pas sans inquiéter le grand patron de Hockey Canada, Bob Nicholson, croisé hier, à l'hôtel où avait lieu une conférence de presse pour annoncer les entraîneurs en prévision des Jeux olympiques d'hiver. Nicholson semblait heureux qu'un journaliste aborde la question avec lui.

À l'heure actuelle, les trois circuits juniors canadiens, les ligues de l'Ouest, de l'Ontario et du Québec, qui fournissent à la LNH un large bassin de joueurs, reçoivent une somme comparable à ce que l'on donne aux Américains, mais Hockey Canada, dont la mission est de développer les jeunes joueurs canadiens, doit se contenter d'à peine plus de 100 000$ par année.

«Ça donne aux États-Unis une structure et un avantage certain, a confié Nicholson hier matin. Je peux comprendre qu'ils veuillent renforcer le hockey aux États-Unis. Ils ont un nombre important d'équipes de la Ligue nationale là-bas. Mais j'espère que la Ligue nationale continuera à se souvenir que le Canada lui fournit 58% des joueurs. Nous avons besoin qu'elle en fasse plus pour nos programmes de hockey mineur. Et je ne parle pas seulement d'argent ici, mais de diverses ententes semblables à celles qu'ils ont avec USÀ Hockey. Nous avons plusieurs immigrants au Canada et nous devons faire la promotion de notre sport différemment. C'est notre responsabilité, mais nous avons besoin de l'aide de la LNH en raison de sa visibilité.»

Nicholson demeure optimiste malgré tout. «Nous avons une bonne relation avec la Ligue nationale. La LNH a eu de gros dossiers à gérer récemment, mais nous entendons discuter à nouveau avec Bill Daly et John Collins. Plus souvent nous leur parlerons, meilleures seront nos chances d'obtenir les ententes nécessaires.»

L'autre désavantage marqué pour les jeunes joueurs canadiens par rapport aux hockeyeurs américains, c'est cette entente qui permet aux équipes de la LNH d'attendre quatre ans avant de devoir offrir un contrat à un jeune repêché dans la NCAA, comparativement à deux ans pour ceux qui proviennent des ligues juniors canadiennes. Dans le cas des jeunes issus des écoles secondaires américaines, les clubs de la Ligue nationale ont cinq ans pour leur soumettre une offre de contrat.