Imaginez un peu Raffi Torres, ou Zac Rinaldo, faire les mêmes simagrées.

D'abord prendre son élan pour aller frapper par derrière un adversaire vulnérable et lui faire rebondir la tête contre la baie vitrée.

Jeter les gants et manquer de respect à son adversaire en agitant les bras pour exciter la foule en plein combat. Puis frapper son adversaire alors que celui-ci est couché sur la glace.

On aurait houspillé Torres ou Rinaldo pour ces singeries, inutiles et en plus dangereuses. Mais parce que Shaw porte l'uniforme du Canadien, parce qu'on l'a acquis pour amener de la robustesse, la foule de 20 000 spectateurs était en liesse hier soir.

Nathan Beaulieu en a ajouté en déclarant que ce que Shaw avait accompli était incroyable et qu'il était son joueur favori.

Shaw a posé son geste alors que l'issue du match était déjà scellée. Il n'avait pas été un facteur dans le match: aucun point, une seule mise en échec, celle-là, aucun tir bloqué et un seul tir au but. On ne lui demande évidemment pas de jouer comme s'il s'agissait des séries éliminatoires, on comprend le caractère que revêtent les matchs préparatoires pour les joueurs assurés d'un poste. Mais tant qu'à se préparer peinardement pour le début de saison, autant se tenir tranquille pour vrai.

Apôtres de la violence, ne me sortez pas vos expressions de "ringuette", "fillette" et je ne sais trop quoi. Du caractère et du courage, c'est foncer au but et encaisser les coups, comme Gallagher. C'est une grosse mise en échec légale pour changer le rythme du match et faire réfléchir l'adversaire. C'est se rendre dans le coin avant l'adversaire, quitte à encaisser un mauvais coup, pour récupérer la rondelle. Pas planter un joueur ennemi dans le dos.

Andrew Shaw est capable de mieux.