La scène avait de quoi étonner, hier après-midi dans le vestiaire du Lightning de Tampa Bay au Centre Bell.

Steven Stamkos attendait patiemment les journalistes devant son casier, mais ceux-ci tardaient à venir, occupés à interviewer Alex Killorn, Jonathan Drouin et compagnie.

-Tans pis, commençons, a-t-il lancé, mi-figue, mi-raisin, devant ses deux seuls interlocuteurs.

Cette scène contrastait nettement avec la veille, lors de la visite de son équipe à Toronto. Le capitaine du Lightning a été assailli par les médias le matin du match et en soirée, la foule lui a réservé un traitement glacial en le huant copieusement à chaque fois qu'il touchait la rondelle.

Les fans des Maple Leafs lui reprochaient encore d'avoir choisi de rester à Tampa cet été alors que les Leafs l'attendaient à bras ouverts avec un contrat nettement plus lucratif que celui offert par le Lightning. « À part les rangs juniors où on me huait à chaque match à Windsor à cause de la rivalité avec Sarnia, c'est la première fois que ça m'arrivait dans la Ligue nationale. »

Stamkos n'a pas semblé dérangé par les huées mardi soir puisqu'il a répondu avec une performance de deux buts et deux aides dans une victoire de 7-3. « Je pense qu'ils ont arrêté de me huer après mon deuxième but..., a-t-il souligné avec un petit sourire de satisfaction. Être hué à l'extérieur, c'est aussi une grande marque de respect. À moins d'être un idiot, on te hue parce que tu fais quelque chose de bien dans l'uniforme adverse. »

Soulagé d'avoir surmonté cette « épreuve » avec panache ? « Vous pouvez ne pas me croire, je ne ressentais aucune pression supplémentaire avant le match. J'ai joué à Toronto assez souvent, j'ai vécu une belle expérience à la Coupe du monde, c'était juste un match comme les autres. Ce sont les médias qui me posent la question. Je veux toujours bien faire à Toronto à cause de la famille et des amis dans les estrades. Un soir comme celui d'hier était agréable. »

Au fil de la conversation, Stamkos s'est rappelé d'une autre rare soirée houleuse. « C'était à Winnipeg il y a quelques années, mais je n'ai jamais compris pourquoi. J'ai reçu un bâton élevé, et peut-être croyaient-ils que ça n'était pas le cas. Nous avons compté à cinq contre trois et ils m'ont hué. Mais j'ai aussi compté mon 60e de la saison à Winnipeg et ils m'ont ovationné. Alors je ne comprenais plus rien. »

Stamkos ne regrette en rien d'avoir accepté un salaire moindre pour demeurer à Tampa, même si certains médias torontois l'ont écorché ces derniers jours. Nikita Kucherov l'a imité lui aussi en acceptant un contrat inférieur à sa valeur sur le marché. « Ça montre à quel point les joueurs respectent l'organisation et se respectent entre coéquipiers, dit Stamkos. C'est une organisation de première classe pour laquelle il fait bon de jouer et il est temps maintenant se mettre au travail pour gagner ensemble. »

Stamkos a neuf points, dont cinq buts, en six matchs depuis le début de la saison. Il a retrouvé le centre et aura pour ailiers Kucherov et Vladislav Namestnikov jeudi soir au Centre Bell contre le Canadien.

Vous aurez compris que les collègues ont fini par rappliqué au fil de la conversation. Mais j'en ai compté au maximum neuf. Au moins dix fois moins que la veille à Toronto...