Peut-être cherchait-il à protéger les arrières de son directeur général. Ou encore croit-il fermement au fait qu'un bon système de jeu peut pallier toutes les carences.

Toujours est-il que l'entraîneur-chef Claude Julien a répondu habilement hier matin à l'épineuse question sur les faiblesses en relance de son groupe de défenseurs.

Il s'agit en effet d'une préoccupation réelle après les départs des trois défenseurs gauchers de l'équipe, l'an dernier : Alexei Emelin, Nathan Beaulieu et surtout Andrei Markov, le plus offensif des défenseurs du CH au cours de la dernière décennie.

« J'ai vécu exactement la même chose l'an dernier [à Boston], a-t-il répondu lors de son point de presse en marge du tournoi de golf du capitaine Max Pacioretty. Et on m'a posé les mêmes questions en début de saison. J'ai dit qu'en équipe, on allait avoir un bon jeu de transition. Ça va être la même chose ici. Nous allons bien faire circuler la rondelle, peut-être passer moins de temps en zone défensive en s'assurant de ne pas ralentir le jeu. En groupe, et avec le système qu'on va mettre en place, ça ne devrait pas être un problème. »

Julien et les Bruins ont eu à composer avec les pertes successives de Dougie Hamilton et Dennis Seidenberg au cours des dernières saisons.

À la surprise générale, ce groupe mené par Zdeno Chara, pas le plus habile relanceur, la surprenante recrue Brandon Carlo, Torey Krug, Adam McQuaid, Kevan Miller et Colin Miller a su tirer son épingle du jeu.

« Les gens s'inquiètent avec notre jeu de transition, mais ça n'a pas été un problème [avec les Bruins]. Il y a des façons de trouver [des systèmes de jeu] pour faire circuler la rondelle d'une certaine façon pour obtenir une transition efficace. Tout le monde en défense peut passer une rondelle. Je ne pense pas que ça sera un problème. »

S'il reste à sa position de l'an dernier, Jordie Benn complétera un joli trio de défenseurs du côté droit avec Shea Weber et Jeff Petry. À gauche, Karl Alzner est le seul défenseur top 4 digne de ce nom à l'heure actuelle.

Mark Streit est en fin de carrière, Jakub Jerabek n'a jamais joué en Amérique du Nord, Éric Gélinas est à l'essai après avoir vainement tenté d'obtenir un contrat tandis que David Schlemko et Joe Morrow appartiennent davantage à une troisième paire qu'à une première.

« On va avoir de la bonne compétition en arrière, a dit Julien. J'aime notre profondeur. Tu vois beaucoup de noms qui ont la chance de débuter la saison avec l'équipe. On va en garder peut-être sept ou huit, selon la situation. Une bonne dizaine peuvent faire l'équipe, et ça sera des décisions de dernière minute qui seront, je l'espère, difficiles. »

L'entraîneur du CH apprécie l'expérience d'un Mark Streit, 39 ans. « En plus, il a eu l'occasion de gagner aussi avec Pittsburgh. Il connaît la ville [de Montréal], l'organisation, il a un bon tir, il peut nous aider en supériorité numérique. Quand tu as plusieurs jeunes dans l'équipe, ça te prend des vétérans pour stabiliser la situation.

« Éric [Gélinas], poursuit Julien, est encore un jeune joueur. Il est grand et fort, de temps en temps, un joueur a besoin d'un petit changement, d'une nouvelle occasion, et c'est ce qu'on est prêts à faire pour un bon jeune joueur comme lui, qui est Québécois [en fait, il est d'origine franco-ontarienne], qui a la chance de venir jouer dans son patelin et prouver qu'il peut faire partie de ces joueurs qui nous impressionnent au camp d'entraînement. »

Même s'il ne veut mettre aucune pression sur son patron, on sent dans les propos de Julien qu'il n'écarte pas la possibilité de voir du renfort arriver dans un avenir rapproché.

« Je vais laisser à Marc [Bergevin] le soin de répondre à cette question. Moi, je dois tirer le maximum des joueurs que j'ai sous la main. S'il manque des pièces, Marc peut s'en occuper. Mais le fait d'avoir encore de l'argent disponible [8 millions] est important et peut nous permettre de faire certaines transactions si c'est nécessaire. »

Parions que Julien ne cracherait pas sur l'arrivée d'un défenseur de calibre top 4 d'ici le début de la saison. À moins qu'un Jerabek ne lui en mette plein la vue.

Vous pouvez retrouver ici, à la suite de mon texte principal, un petit mot sur les défenseurs gauchers qui lutteront pour un poste au camp... en attendant l'arrivée d'un défenseur de premier plan?