Andy Murray a rompu le sortilège qui l'empêchait de gagner, pour s'offrir la plus belle victoire de sa carrière avec le titre de champion olympique du simple messieurs, qui s'est une nouvelle fois refusé au grand Roger Federer, dimanche à Wimbledon.

Le Britannique est considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de l'histoire à ne pas avoir remporté de Grand Chelem. Un joueur de caractère, talentueux et travailleur, mais qui a toujours craqué le jour J.

Des finales du Grand Chelem, il en a perdu quatre, dont trois face au seul Federer, la dernière en date il y a tout juste un mois à Wimbledon. Le sentiment de revanche dimanche, après un match expédié en trois sets (6-2, 6-1, 6-4), était donc suave à souhait.

«C'est l'une des plus grandes victoires de ma carrière», a apprécié Murray qui, à 25 ans, succède au palmarès à l'Espagnol Rafael Nadal. «J'ai connu beaucoup de défaites dures à encaisser dans ma carrière et c'est la meilleure manière de rebondir après la finale de Wimbledon».

Virevoltant et poussé comme jamais par un public surexcité, il a étouffé le Suisse, après avoir battu en demi-finale le numéro 2 mondial Novak Djokovic, pour devenir le premier Britannique à être sacré champion olympique en simple depuis 1908, déjà à Londres.

Il a ensuite clôt cette journée inoubliable pour le tennis britannique en s'adjugeant une médaille d'argent avec la toute jeune Laura Robson, 18 ans, sa partenaire en double mixte. Les Biélorusses Max Mirnyi et Victoria Azarenka sont devenus les premiers médaillés d'or depuis 1924 dans cette discipline.

Murray pourra dans les mois à venir s'inspirer de son tournoi olympique pour concrétiser enfin en Grand Chelem. Défenseur de talent, il a montré en finale un esprit offensif qui lui a trop souvent fait défaut. Le format en trois sets, qui lui évite de trop s'user, lui convient il est vrai mieux.

Federer satisfait

La Grande-Bretagne, qui attend un vainqueur en Grand Chelem depuis 36 ans, désespérait de voir Murray obtenir un jour une victoire aussi prestigieuse. Début juillet, il avait laissé espérer pendant un set, avant de lâcher prise (4-6, 7-5, 6-3, 6-4) face à un Federer au sommet de son art.

Le Suisse avait remporté là son 17e titre du Grand Chelem, le septième à Wimbledon, et retrouvé au passage la place de numéro 1 mondial. L'or olympique qui l'avait fuit à Sydney en 2000 (quatrième), Athènes en 2004 (défaite au deuxième tour) et à Pékin en 2008 (défaite en quarts), lui semblait destiné.

Mais Federer n'avait plus tout à fait la forme scintillante des semaines précédentes. Bousculé au premier tour par le Colombien Alejandro Falla, il avait dû passer 4h26 sur le court en demi-finale pour vaincre l'Argentin Juan Martin Del Potro (médaillé de bronze), après le match en trois sets le plus long de l'ère Open.

Dans une atmosphère inhabituellement hostile pour lui, qui a toujours été le favori du public normalement très sage et mesuré de Wimbledon, Federer est ainsi très vite apparu sans ressort.

«Je me sentais bien physiquement. C'est peut-être plus sur un plan mental que j'étais émoussé», a-t-il expliqué après coup. «J'ai dû puiser tant de ressources émotionnelles en moi cette semaine que peut-être aujourd'hui ça m'a empêché de jouer à mon meilleur niveau.»

Même si elle n'était pas du métal espéré, il était tout de même «satisfait» et «fier» de cette première médaille olympique individuelle en simple, lui qui avait été sacré en double avec Stanislas Wawrinka il y a quatre ans à Pékin.

Les médailles d'or olympiques, Serena et Venus Williams, continuent à les accumuler. Elles sont devenues les premières dans l'histoire du tennis à en compter quatre chacune, en remportant leur troisième titre en double après ceux de 2000 et 2008.

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