Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shaherkani, première athlète femme saoudienne de l'histoire des Jeux olympiques, sera à son corps défendant l'attraction éphémère de l'épreuve de judo, vendredi à Londres, lorsqu'elle se présentera sur le tatami, tête couverte, pour son premier et sans doute unique combat en +78 kg.

L'entrée de la jeune femme de 16 ans sur le tatami du complexe ExCel restait cependant, à moins de 24 heures, encore hypothétique tant les discussions ont été âpres durant la semaine entre la fédération internationale de judo (IJF) et la délégation saoudienne pour décider de la tenue la plus appropriée à son statut de judokate soumise à la loi islamique.

Les règlements de l'IJF sont clairs: les combattants doivent se présenter tête nue, pour des raisons de sécurité, et certains de ses responsables ne décolèrent pas contre le CIO qui a négocié de haute lutte la présence à Londres de femmes saoudiennes, sans vraiment se soucier des particularités de leur sport.

Au terme de l'accord, conclu mardi entre l'IJF et la délégation saoudienne et le père de l'intéressée qui a menacé moult fois de la retirer de la compétition, Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shaherkani se présentera «la tête couverte de quelque chose». Sans précision.

Attar privilégiée

Ce ne devrait pas être un voile ou un hidjab mais plutôt une capuche, voire un filet ou un couvre-chef ressemblant à un bonnet de bain. Ce sera en tout cas l'objet le plus décortiqué de la journée des poids lourds.

Les curieux ont tout intérêt à être à l'heure, sur le coup de 10h30 (5h30, heure du Québec) selon la durée des précédents combats, car la jeune fille ne devrait pas s'éterniser sur le tapis. Inconnue au bataillon des +78 kg, et pour cause puisque son pays ne l'autorise que pour la première fois à s'aligner en compétition, elle a peu de chances de survivre à son premier combat, même face à la modeste Portoricaine Melissa Mojica (24e mondiale).

Sarah Attar, l'autre Saoudienne, engagée en athlétisme sur 800 m, devrait vivre un moindre calvaire, la Fédération internationale d'athlétisme ayant depuis longtemps validé le port de foulards ou de cagoules, que ce soit à des fins esthétiques, culturelles, ou d'amélioration de la performance.

L'Arabie Saoudite, dernier pays avec le Qatar et Brunei à n'avoir jamais envoyé de femmes aux Jeux, avait accepté seulement le 12 juillet d'envoyer deux représentantes sous la pression du CIO mais avait exigé le port d'une tenue islamique, la présence d'un parent proche et la non-mixité.

Durant la cérémonie d'ouverture de Londres, le 27 juillet, les deux Saoudiennes ont défilé vêtues d'une abaya, une longue robe traditionnelle noire, derrière leurs collègues masculins.

À titre de comparaison, le Qatar avait fait sa porte-drapeau d'une de ses quatre jeunes filles sélectionnées.