Au moment de nous donner rendez-vous près du parc olympique, l'entraîneur Daniel Trépanier se fait rassurant. «Tu vas nous voir arriver de loin, dit-il au téléphone. Simon fait 6'5 et pèse 240 livres...»

Il n'a pas menti. On voit Simon Kean arriver de loin. Le colosse est le seul boxeur québécois aux Jeux de Londres, le premier à se qualifier depuis Jean Pascal et Benoit Gaudet, il y a huit ans à Athènes. Kean se présente en tendant une poigne de bûcheron, s'assoit et raconte le parcours marqué par les blessures qui l'a mené de Trois-Rivières à Londres.

«Ç'a été difficile, j'ai subi pas mal de blessures, mais là, je suis ici et c'est tout ce qui compte», lance-t-il.

Sa présence à Londres est l'aboutissement d'un long processus. Kean a été remarqué il y a quatre ans par Boxe Canada, qui voyait en lui un rare candidat dans la catégorie des super-lourds (plus de 91 kilos ou 201 livres). «Quand tu vois un gars de ce physique-là et avec ce talent, tu ne peux pas le laisser passer», explique M. Trépanier, responsable de la haute performance pour Boxe Canada.

Mais le boxeur de 23 ans a subi une série de blessures. Un accident de VTT lui a laissé une jambe cassée en 2009. Puis, il a dû subir une opération à l'épaule en 2011 pour soigner une vieille douleur. «J'ai encore un peu mal, mais ça se tolère», dit-il.

Sa qualification olympique s'est réglée sur le fil. Après une victoire convaincante à son premier combat, Kean a perdu contre le représentant de l'Équateur lors des qualifications continentales. La victoire de l'Équatorien en finale lui a permis d'obtenir un laissez-passer.

»Je vise l'or!»

Dans une catégorie bourrée de talent, dont certains médaillés d'or ont marqué l'histoire de la boxe - Lennox Lewis et Vladimir Klitschko, pour ne nommer que ceux-là -, Kean veut créer la surprise. Son nom n'apparaît même pas dans les classements internationaux.

«C'est à cause des blessures, mais ça ne me dérange pas, je sais ce que je vaux. Je vise un podium, je vise l'or! lance-t-il. Il y a pas mal de gars qui sont forts ici, il y a l'Anglais Anthony Joshua, il y a le champion du monde, de l'Azerbaïdjan, il y a le Cubain, l'Italien... puis il y a moi. Ils vont le savoir!»

Un podium de Kean serait une surprise et un exploit considérable. Le Montréalais Moe Herscovitch est le dernier Québécois à avoir remporté une médaille olympique en boxe. Elle était de bronze et elle a été gagnée à Anvers, en 1920.

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Un bon tirage 

Simon Kean affrontera mercredi le Français Tony Yoka. «Simon peut l'emporter, ce ne sera pas facile, mais c'est très possible», note Daniel Trépanier, de Boxe Canada. Le Néo-Écossais Custio Clayton a aussi un tirage à sa portée. Quant à l'Ontarienne Mary Spencer, elle bénéficie d'un laissez-passer pour la première ronde. Son premier combat aura lieu le 6 août contre la gagnante du match opposant la Chinoise Jinzi Li à la Brésilienne Roseli Feitosa. «On n'aurait pu demander mieux», dit M. Trépanier.