Elle est trois fois championne du monde de boxe. Elle est la nouvelle tête d'affiche de Cover Girl au pays. Et les médias canadiens anglais en ont fait leur coqueluche en vue des Jeux de Londres.

Le seul hic, c'est que Mary Spencer a bien failli ne pas aller à Londres. La boxeuse ontarienne s'est enfargée lors des Mondiaux féminins de boxe au mois de mai dernier. Il ne lui restait maintenant qu'une chance de se qualifier pour les Jeux olympiques: obtenir un laissez-passer de l'Association internationale de boxe amateur (AIBA).

Après des semaines d'une attente interminable, Mary Spencer a appris lundi qu'elle recevrait le précieux document. Elle fera partie des 12 boxeuses qualifiées de par le monde dans la catégorie des 75 kilos.

«Je suis sans voix. C'est un moment très excitant pour moi. J'attendais cette nouvelle depuis longtemps, a expliqué Spencer lundi. Je suis soulagée. Mon parcours vers Londres ne s'est pas déroulé comme je l'avais prévu, mais j'ai le sentiment d'avoir beaucoup appris.»

La championne du monde 2005, 2008 et 2010 sera donc la seule boxeuse canadienne à Londres, où la boxe féminine est présentée pour la toute première fois. Mandy Bujold (51 kg) et la Québécoise Sandra Bizier (60 kg) ont elles aussi échoué à se qualifier lors des Mondiaux, mais n'ont pas reçu de laissez-passer comme Spencer.

L'AIBA délivre ce sauf-conduit à sa discrétion, mais prend en compte le palmarès des athlètes. Mary Spencer était favorite chez les 75 kilos pour Londres et l'AIBA a donc décidé de lui remettre un passeport olympique.

À Qinhuangdao, en Chine, Spencer s'est inclinée en ouverture des championnats du monde. Elle a perdu son combat contre la Suédoise Anna Laurell le 14 mai. La défaite a grandement compliqué sa qualification.

«Je ne savais pas quelle serait leur décision mais je vivais ça sereinement. C'était hors de mon contrôle, a-t-elle dit. Je pouvais seulement rester concentrée et continuer ma préparation pour les Jeux.»

«Il n'y a pas eu de controverse»

La boxeuse de 27 ans a finalement appris la bonne nouvelle lundi. Après avoir participé à un tournoi à Montréal en fin de semaine, elle est rentrée chez elle à Windsor très tard dans la nuit. Elle dormait ce matin quand le président de Boxe Canada et maire de Regina, Pat Fiacco, l'a appelée pour lui annoncer bonne nouvelle.

«Il m'a appelé à 8h pour m'annoncer la nouvelle. J'ai eu un grand sourire au visage et je suis retourné me coucher!» a raconté Mary Spencer.

Le cycle olympique de Mary Spencer a aussi été marqué par une compétition féroce avec la Québécoise Ariane Fortin pour représenter le pays chez les 75 kg. Les deux boxeuses se sont livrées plusieurs combats serrés, puis l'Ontarienne a remporté le duel décisif aux championnats canadiens en janvier.

L'entourage de Fortin avait dénoncé ce qu'il qualifiait de «vol» et soutenait que Spencer était favorisée étant une étoile au Canada anglais. En conférence de presse lundi, un journaliste québécois a voulu revenir sur ce combat «controversé».

Le président de Boxe Canada a répondu en lieu et place de la boxeuse. «Il n'y a pas eu de controverse», a dit brusquement Pat Fiacco, avant de couper court aux discussions d'un lapidaire «prochaine question».

En plus de Spencer, deux Canadiens se sont qualifiés pour Londres en boxe, le Québécois Simon Kean et le Néo-Écossais Custio Clayton.