Le duel n'a finalement jamais eu lieu. Confiante, régulière, en plein contrôle, Émilie Heymans a facilement devancé sa jeune rivale Pamela Ware pour décrocher la seule place disponible au tremplin de 3 mètres, samedi, lors de la première journée des sélections olympiques de plongeons, présentées au Centre sportif du Parc olympique de Montréal.

Déjà qualifiée en synchro, Heymans, 30 ans, s'alignera donc dans une épreuve individuelle pour ses quatrièmes Jeux olympiques, dans deux mois, à Londres. Elle sera accompagnée de Jennifer Abel, qui est aussi sa partenaire de synchro.

«Je suis contente que la journée soit finie !» a réagi Heymans, soulagée, quelques minutes après la fin de la finale.

Pourtant, il n'y a jamais eu de suspense. Heymans s'est donné une priorité presque insurmontable après les cinq plongeons des préliminaires, dont le pointage était comptabilisé en finale, contrairement à la pratique habituelle en compétition internationale. La plongeuse de Saint-Lambert détenait une priorité de 45 points sur la deuxième, Mélanie Rinaldi, et de 47 points sur Ware, sa rivale principale.

Nerveuse, Ware a eu peine à dormir dans les jours précédant l'épreuve. «J'étais extrêmement fatiguée, a confié l'athlète de 19 ans. Je n'ai jamais été nerveuse comme ça. Je ne savais plus quoi faire !»

Ware a raté ses troisième et quatrième plongeons des préliminaires, après quoi son entraîneur Aaron Dziver a jugé bon de la rencontrer seul à seul dans son bureau. «Elle retenait son départ, a expliqué Dziver. À cause de ça, elle arrivait (dans l'eau) à court. J'ai vu une fille qui n'était pas elle-même.»

L'entraîneur a cherché à la convaincre que la compétition était loin d'être terminée, mais le mal était fait. «Je savais que c'était fini, qu'Émilie avait trop d'avance sur moi», a admis Ware, qui a surpris la communauté du plongeon en prenant le quatrième rang à la Coupe du monde de Londres, en février.

Ce résultat l'a positionnée favorablement dans la course olympique... et a mis une pression supplémentaire sur les épaules d'Heymans, qui s'est cherchée pendant toute la saison. «Je voulais vraiment faire mes points et arriver ici avec une avance», a-t-elle expliqué.

Alors que tout allait rondement à l'entraînement, Heymans voulait en faire un peu trop avant de s'exécuter en compétition. Ce surcroît de concentration finissait par la pénaliser et lui causer des ennuis techniques. «Je devenais un peu confuse et j'étais un peu moins agressive.»

Pour les sélections, Heymans avait décidé de s'élancer sans hésitation, comme à l'entraînement, ce qui lui a permis de connaître sa meilleure sortie depuis la demi-finale des Mondiaux de Shanghai, en juillet, où elle pointait quatrième. «Là, je me suis vraiment laissé aller», a dit la vice-championne mondiale en 2009.

Elle n'a reçu aucune note inférieure à 7 pour ses 10 plongeons. Au total, elle a amassé 685,35 points, contre 617,85 pour Ware et 573,45 pour la troisième, Emma Friesen. Pour la dernière compétition de sa carrière, la Québécoise Rinaldi a pris le cinquième rang avec 557,60 points.

À Londres, Heymans tentera de devenir la première plongeuse à monter sur le podium lors de quatre Jeux olympiques. «Même si ça a été un peu plus difficile (cette saison), je pense que la possibilité est là», a-t-elle jugé.

Pour Ware, cette compétition est à ranger dans la catégorie des expériences formatrices. Malgré sa déception évidente - ses yeux se sont embués au milieu de la mêlée de presse -, elle sait que de belles années se profilent à l'horizon. «Émilie va aller aux Jeux, c'est correct, a dit la médaillée d'argent à dernière Coupe Canada. Moi, je serai là pour un autre quatre ans, peut-être même huit. Ce n'est pas la fin pour moi. Je suis vraiment contente de mon année au complet. Je n'aurais pu demander mieux.»

McCormick au 10 m

À l'image d'Heymans, Riley McCormick a largement dominé la compétition à la tour masculine de 10 m pour assurer sa participation à ses deuxièmes Jeux olympiques. Le plongeur de Victoria a totalisé 979,80 points pour devancer Eric Sehn, auteur de 863,65 points. Ce dernier devra attendre au 9 juin pour savoir si le Canada obtiendra une deuxième invitation à cette épreuve. Le Québécois Maxim Bouchard, qui effectue un retour après un grave accident survenu il y a deux ans, a pris le cinquième rang.

Les sélections se poursuivent dimanche avec le 3 m masculin et le 10 m féminin.