Pour plusieurs, le début de l'athlétisme marque le véritable début des Jeux olympiques. Avec plus de 2200 athlètes en action à partir d'aujourd'hui au Stade olympique, soit le quart de tout le contingent à Londres, difficile de prétendre le contraire. Avant-goût de l'événement en huit questions éclair.

Qui sera le roi du stade?

Usain Bolt ou Yohan Blake? Bolt s'est fixé un objectif net et précis pour ces Jeux olympiques: devenir une légende. Rien de moins. L'Éclair, qui se dit pleinement remis d'une blessure qui a ralenti sa préparation, tentera de devenir le premier sprinter de l'histoire à remporter le 100 m et le 200 m à des JO consécutifs. Le problème, c'est celui qu'il a lui-même surnommé la «Bête», son compatriote et partenaire d'entraînement Yohan Blake. Le champion du monde du 100 m a battu Bolt à deux reprises aux sélections jamaïcaines. Le Canadien Glenroy Gilbert, ex-champion olympique du 4 X 100 m, penche pour Blake. Le temps? «9,75».

Jessica Zelinka peut-elle faire mieux qu'aux sélections de Calgary, à la fin juin?

Cinquième à Pékin, l'heptathlonienne de 30 ans a donné naissance à son premier enfant l'année suivante. Elle est revenue plus forte que jamais. Aux sélections de Calgary, elle a réalisé un record canadien de 6599 points alors qu'elle ne s'était jamais entraînée aussi durement. «On emploie le même processus pour les Jeux olympiques», a expliqué son entraîneur, Les Gramantik. Cinq ou six athlètes peuvent prétendre au podium dans cette épreuve qui s'amorce aujourd'hui, dont la Britannique Jessica Ennis, vice-championne mondiale. Seul souci: Zelinka a subi une blessure à un pied quelque temps avant de s'envoler vers l'Europe. Et la pression sera énorme. «La pression est un privilège, a souligné Gramantik. Plusieurs athlètes adoreraient faire face à de la pression, mais ils ne sont pas ici...»

Dylan Armstrong peut-il mettre le lancer du poids sur la carte?

C'est son but. La meilleure façon d'y arriver: en montant sur le podium à Londres aujourd'hui, après avoir échoué par un centimètre à Pékin. Le lanceur de Kamloops est paraît-il dans une forme dangereuse. Il y a quelques jours, il a projeté un poids d'entraînement de 6 kilogrammes à plus de 25 mètres. «Il est confiant», a affirmé Alex Gardiner, entraîneur-chef de l'équipe canadienne. «Il veut faire quelque chose pour honorer son entraînement, mais surtout sa discipline et son pays.» Sept ou huit lanceurs peuvent prétendre au titre olympique. Ça prendra un jet de plus de 22 mètres. Armstrong, dont le record personnel est de 22,21, n'a pas dépassé les 21,50 cette saison.

Qui réalisera la plus grande performance?

Le décathlonien américain Ashton Eaton est le détenteur du seul record du monde en athlétisme cette année. Fiancé à l'heptathlonienne canadienne Brianne Theisen, l'athlète de 24 ans a fait son stage final de préparation avec l'équipe canadienne, en Allemagne. Leur entraîneur a dit à certains que l'encadrement dont bénéficiaient les athlètes canadiens était supérieur à ce qui se faisait dans l'équipe américaine. Le Kényan David Rudisha s'attaquera pour sa part au record du monde du 800 mètres, qui lui appartient depuis 2010. Rudisha sera le fer de lance de la puissante équipe kényane de demi-fond, qui vise à améliorer sa récolte de 14 médailles à Pékin.

Pourquoi faudra-t-il suivre le 10 000 mètres dimanche?

Parce que l'Éthiopien Kenenisa Bekele tentera de passer à l'histoire en devenant le premier triple médaillé d'or sur la distance qui a fait connaître des légendes comme Paavo Nurmi, Emil Zatopek, Lasse Viren et son compatriote Haile Gebrselassie. L'état de la forme de Bekele soulève des questions, mais il a constamment amélioré ses chronos au fil de la saison. Le vice-champion du monde britannique Mo Farah, figure emblématique des JO de Londres, promet de livrer une chaude lutte à son rival éthiopien. Cameron Levins, un Canadien de 23 ans, peut envisager la finale et même mieux. Réputé pour son volume d'entraînement hors norme - 240 kilomètres par semaine! - il a fait tourner bien des têtes avec ses deux victoires sur 5000 et 10 000 mètres aux championnats de la NCAA. Ce n'est pas pour rien que Nike lui a fait signer un lucratif contrat.

Le Canada figure-t-il parmi les favoris au 100 m haies?

Avec la non-sélection surprise de Priscilla Lopes-Schliep, difficile de croire que oui. Jessica Zelinka est une athlète exceptionnelle, mais elle aura un heptathlon dans le corps et n'a pas démontré qu'elle pouvait rivaliser avec les meilleures de la discipline. Finalistes aux Mondiaux, Nikkita Holder et Phylicia George participeront à leurs premiers JO. L'Australienne Sally Pearson semblait dans une classe à part, mais elle vient d'être battue par l'Américaine Kellie Wells à Londres, il y a deux semaines.

Quel athlète canadien pourrait décrocher une médaille d'or inattendue?

Le jeune sauteur en hauteur Derek Drouin, qui est sur une lancée après une victoire au Grand Prix Aviva, à Londres, et une troisième place à Monaco, où il a failli passer 2 min 33 s. Le talentueux sauteur de 22 ans, triple champion de la NCAA, revient d'une triple déchirure ligamentaire à un genou.

À part Alex Genest, qui représentera le Québec à Londres?

La lanceuse de poids Julie Labonté, qui vise une finale, et la sauteuse à la perche Mélanie Blouin, invitée-surprise des sélections de Calgary. Les Gramantik, entraîneur des sauts de l'équipe canadienne, a vanté l'athlète de 22 ans en conférence de presse hier: «Elle est l'un des plus beaux talents que j'ai vus depuis longtemps. Si elle atteint la finale, ce sera un exploit exceptionnel. En espérant que ça marchera, mais ce sera toute une commande.»