Hugues Fournel l'a finalement réalisé dans l'avion qui le menait à Londres, mercredi passé: il se rendait aux Jeux olympiques aux côtés de sa soeur Émilie. Le rêve qui avait nourri quatre années d'efforts allait finalement se réaliser. En famille.

«Quand on est montés dans l'avion qui nous emmenait aux Jeux olympiques, il y avait plus d'émotions que d'habitude, raconte le Montréalais de 24 ans. De se dire qu'on est là, ensemble, et qu'on va aux Jeux... Il y a quatre ans, j'étais loin de penser que je viendrais ici!»

Les Fournel sont à Londres depuis quelques jours seulement. Logée à 30 km de la capitale, dans le petit village des athlètes bâti près du bassin olympique, la fratrie se prépare à entrer en scène.

Émilie, 25 ans, va s'élancer demain en K1-500 m. Mais c'est son petit frère qui ouvre la marche en K2-1000 m, dès aujourd'hui, aux côtés de son partenaire néo-écossais, Ryan Cochrane.

Le 1000 m va tenir lieu de répétition générale pour Fournel et Cochrane. Ils n'ont pratiquement aucune chance dans cette épreuve au long cours. Ils attendent plutôt avec impatience leur spécialité, le K2-200 m, qui aura lieu vendredi et samedi.

«Le côté positif, c'est que ça nous prépare, on va pouvoir voir le bloc de départ, se familiariser avec le lieu. C'est comme un entraînement, dans le fond», dit Hugues.

Fils de Guylaine St-Georges, ancienne kayakiste de pointe, et de Jean Fournel, qui a participé aux Jeux olympiques de Montréal dans le K4, Hugues Fournel est un sprinteur. «Le 200 m, c'est notre épreuve et on a vraiment hâte», lâche-t-il.

Deux ou trois centièmes

Fournel a pris la décision de se battre sérieusement pour une place à Londres en voyant sa soeur participer aux Jeux de Pékin. Pagayeur dissipé à l'époque, il était loin du compte. Mais de bons résultats lui ont permis d'obtenir un laissez-passer.

Cette année, lui et Cochrane ont même fait un podium en Coupe du monde. Ils se sont rapprochés à quatre dixièmes de seconde des Français, champions du monde, alors qu'ils avaient l'habitude de leur concéder sept dixièmes.

«C'est très difficile. Ça dure 31 secondes et la différence est souvent une question de deux, trois centimètres», précise l'athlète.

Les préliminaires du K2-200 m et la demi-finale auront lieu vendredi. L'objectif du duo est de se qualifier pour la finale du lendemain. «Même si l'objectif suprême serait d'être sur le podium», dit-il.

Mais la compétition sera féroce et les Canadiens ne sont pas favoris. «Les Français sont doubles champions du monde. Les Britanniques sont doubles champions du monde. Les Russes sont très forts, les Allemands aussi», relate Fournel, avant d'éclater de rire et d'ajouter: «Et il y a les Canadiens. Les Canadiens sont extrêmement forts et il va falloir leur faire attention!»

Hugues pagaie avec le souvenir de son père Jean, mort de la leucémie alors qu'il n'avait que 8 ans. Il traîne un vieux maillot qui appartenait à son père. Il envisage de le porter sous son chandail de la sélection nationale, histoire de se donner un peu de force.

Et avant d'aller à l'eau vendredi pour les préliminaires du 200 m, il sait que sa soeur sera la dernière personne à qui il parlera. Une accolade peut-être, quelques mots d'encouragement sûrement et Hugues Fournel sera parti pour la course de sa vie.

Les Fournel en action

Émilie, 25 ans K1-500 m: demain et jeudi (finale) K1-200 m: vendredi et samedi (finale)

Hugues, 24 ans K2-1000 m: aujourd'hui et mercredi (finale) K2-200 m: vendredi et samedi (finale)