Sylvie Bernier, chef de mission adjointe, s'est confié à La Presse lors du dévoilement des uniformes officiels de l'équipe olympique du Canada à Londres.

Jusqu'en octobre dernier, Sylvie Bernier croyait qu'elle suivrait les Jeux de Londres à la télévision. Après avoir accroché son uniforme de chef de mission de l'équipe canadienne à Pékin, la médaillée d'or aux Jeux de Los Angeles s'était consacrée à une maîtrise en gestion de la santé et à sa carrière en finance, sans penser aux prochains Jeux olympiques.

«Je venais de déposer mon mémoire, j'étais tranquille chez moi, avec mon café et ma Presse quand Mark Tewksbury - le chef de mission - m'a appelée, raconte-t-elle. Il m'a demandé si je voulais être son adjointe.» Sylvie Fréchette venait de se désister à cause de son horaire trop chargé. Après 10 secondes de réflexion, «l'autre» Sylvie a accepté.

L'ancienne plongeuse était donc, hier, aux côtés de Mark Tewksbury, médaille d'or du 100 m dos à Barcelone, pour dévoiler les uniformes du Comité olympique canadien signés par la Compagnie de la Baie d'Hudson.

Et malgré toutes ces années à baigner dans le monde olympique comme athlète, analyste, attachée de presse et représentante de l'équipe canadienne, elle a dévoilé une primeur par mégarde.

«Il y a 28 accessoires pour les femmes et 29 pour les hommes parce qu'ils auront...» Alors qu'elle mime une cravate avec ses mains, Mark Tewksbury s'écrie: «Chut!» en éclatant de rire. Les costumes des athlètes à la cérémonie d'ouverture seront un secret d'État jusqu'à vendredi soir.

Les 277 participants canadiens, dont 66 Québécois, recueilleront leurs vêtements cette semaine. «C'est une étape importante où on réalise vraiment qu'on fait partie de l'équipe olympique», explique Sylvie Bernier à l'école Langdon Park, située à deux stations du village olympique, qui a été convertie en vestiaire pour l'équipe du Canada.

Une pièce dans la collection sera essentielle: l'imperméable. Climat londonien oblige, les météorologues prévoient des averses vendredi soir pour le spectacle mis en scène par le réalisateur Danny Boyle, qui sera regardé par un milliard de téléspectateurs.

»On est prêts»

Environ un tiers des 16 000 athlètes internationaux sont déjà installés au village olympique, qui prend vie tranquillement. Au loin, on peut apercevoir des drapeaux accrochés aux balcons des tours construites au coût de 1,6 milliard de dollars.

Certaines délégations ont critiqué le mobilier et les lits trop étroits. Sylvie Bernier, qui en est à ses dixièmes Jeux, n'a que de bons mots. «Au lieu d'une seule cafétéria, il y a des comptoirs de nourriture partout avec des fruits et des sandwichs. Je n'avais encore jamais vu ça.»

La frénésie olympique a déjà gagné le quartier des Canadiens, avec ses parasols unifoliés. «L'ambiance c'est: «Go, on est prêts», dit Sylvie Bernier. Les athlètes ont hâte que ça commence.» L'objectif collectif est de se classer parmi les douze premières nations au tableau des médailles. Le Canada n'avait pu faire mieux qu'une 14e position à Pékin.

Sylvie Bernier entrevoit déjà les larmes de défaite et les étreintes victorieuses. «Je voudrais être nulle part ailleurs», dit celle qui est aussi porte-parole d'une myriade d'organismes de santé.

De son côté, Mark Tewksbury, expert conférencier à ses heures, peaufine son discours pour motiver les troupes avant l'entrée dans le stade olympique vendredi. Il se fera dans les deux langues, insiste-t-il. «Je veux que les athlètes se disent: «Pourquoi pas moi?», dit-il en ouvrant grand ses yeux. Je vais aussi les encourager avec un cri un peu fou, question de leur rappeler qu'ils doivent s'amuser.»