Comme d'habitude, Alexandre Despatie a bien répondu aux questions, a dit ce qu'il fallait dire, a mis les attentes en perspective. Ça reste une impression personnelle, mais je ne l'avais jamais senti aussi fragile.

Le 12 juin, à Madrid, il a mangé une méchante claque. La pire de sa vie. Et s'il n'a pas eu peur, c'est qu'il ne s'en souvient plus. Mais son entraîneur et ami, son «frère», Arturo Miranda, lui a raconté. Il a également une cicatrice d'une vingtaine de centimètres, une blessure dont il a préféré taire les détails médicaux pour lui rappeler l'ampleur du choc.

Ça a beau avoir été un «accident» - Alexandre a insisté sur le mot -, c'est arrivé et son cerveau en a enregistré chaque détail. Bien qu'elle supporte sa décision de continuer, sa mère, Christiane, a avoué qu'elle aurait préféré qu'il renonce à ses quatrièmes JO. Car il n'a «rien d'autre à prouver». «Sa santé est la priorité», a-t-elle souligné.

Despatie est un compétiteur. Il sera sur le tremplin le 6 août pour les préliminaires du 3 mètres synchronisé. Ce qu'il aura surmonté jusque-là n'aura rien à voir avec son pied cassé des Jeux de Pékin. Ni à ce qu'a vécu Greg Louganis à Séoul. Refusant net de se comparer à ce champion immense, Despatie a néanmoins rappelé avec justesse qu'il avait, lui, de longues semaines pour réfléchir à ce qui lui était arrivé.

Si Despatie gagne son pari et réussit ses six plongeons, il aura droit à la faveur des juges. Ceux-ci sont tenus à l'objectivité et à la réserve. Mais, comme l'a souligné Mitch Geller, de Plongeon Canada, ils sont humains. La seule façon d'exprimer leurs émotions sera d'inscrire leurs notes sur le tableau.