Émilie Heymans se souvient bien de la finale des Jeux du Québec de Baie-Comeau à l'hiver 1993. Ancienne gymnaste, elle faisait ses débuts en plongeon à l'âge de 12 ans. Surclassée chez les 14-15 ans, elle avait été malade toute la semaine et ne s'était pas particulièrement distinguée. Elle se souvient aussi d'un jeune coéquipier du nom d'Alexandre Despatie.

Dix-neuf ans plus tard, Heymans et Despatie sont de nouveau réunis pour disputer ensemble leurs quatrièmes et derniers Jeux olympiques, dans deux mois, à Londres. «C'est assez extraordinaire», a souligné Heymans, lundi, au dévoilement officiel de l'équipe canadienne lors d'une cérémonie dans le Vieux-Montréal.

L'équipe de neuf membres, dont sept Québécois, est la «meilleure de l'histoire», affirme la directrice de Plongeon Canada, Penny Joyce.

Despatie est d'accord. La qualité des athlètes et leurs résultats des dernières années sont là pour le prouver, souligne-t-il. Mais il y a plus.

«On est plus qu'une équipe, on forme une vraie famille, a affirmé le double médaillé olympique. Ça n'a pas toujours été le cas. Je ne nommerai pas de noms, mais j'ai déjà été dans des équipes où il n'y avait pas une bonne chimie. Ça se sentait. Notre groupe voyage et s'entraîne ensemble depuis des années. Sincèrement, on veut le bien de tout le monde. Ça va faire une différence à Londres.»

En plus de Despatie et de Heymans, l'équipe compte sur des vétérans des JO de Pékin en Jennifer Abel, Roseline Filion, Meaghan Benfeito, Reuben Ross et Riley McCormick. François Imbeau-Dulac, vainqueur-surprise du 3 m aux sélections de dimanche, et Eric Sehn sont les nouveaux venus.

Le directeur technique Mitch Geller évalue à quatre les épreuves où le Canada a des chances honnêtes de médailles. «Si on réussit dans la moitié d'entre elles, on sera heureux», a-t-il indiqué la semaine dernière.

Despatie porte-drapeau?

Si jamais le rôle de porte-drapeau à la cérémonie d'ouverture lui était proposé, Alexandre Despatie ne sait pas comment il réagirait.

Partagé entre l' «honneur incroyable» que cela représenterait et les responsabilités qui lui incomberaient, le plongeur de 26 ans voudrait y réfléchir.

Il y a plusieurs mois, quand Plongeon Canada l'a sondé pour savoir s'il acceptait que sa candidature soit soumise au Comité olympique canadien (COC), Despatie a acquiescé d'emblée. Ce n'est que récemment, quand il a vu son nom parmi une liste de cinq porte-drapeaux potentiels dans un article sur l'internet, qu'il a commencé à songer aux implications d'un tel rôle.

«Au début, je me disais qu'il y avait plusieurs athlètes de plusieurs sports qui feraient partie de la liste», a raconté Despatie.

«On verra bien. C'est sûr que ce serait un honneur incroyable. Mais il y a beaucoup de responsabilités qui viennent avec ça. Il y a peu d'athlètes qui peuvent vivre ce moment-là. Ce n'est pas quelque chose qui passe deux fois dans une vie. Même que pour la majorité des athlètes, ça n'arrivera jamais.»

La cérémonie d'ouverture se déroulera le 27 juillet en soirée. La première épreuve de Despatie, le 3 m synchronisé, sera présentée cinq jours plus tard.

Un tel délai paraît raisonnable, mais l'athlète lavallois, qui en sera à ses quatrièmes Jeux, rappelle qu'il faut calculer 10 heures entre le départ et le retour des athlètes au Village. Il faut aussi considérer la chaleur, les longues heures debout, l'horaire des repas modifié, etc. «Ta journée d'entraînement du lendemain est à oublier», a jugé Despatie.

À cela, il faudrait ajouter les exigences médiatiques et protocolaires inhérentes au porte-drapeau. Despatie n'est pas sans savoir que ce rôle n'a pas toujours souri aux athlètes concernés. La préparation du skieur acrobatique Jean-Luc Brassard en avait été fortement perturbée aux JO de Nagano, en 1998. Le COC en avait tenu compte lors des Jeux subséquents. Le kayakiste Adam van Koeverden a toujours refusé d'invoquer sa sélection comme porte-drapeau pour expliquer sa contre-performance au K1 1000 m aux JO de Pékin en 2008.

Le COC annoncera le porte-drapeau canadien en même temps que la liste finale des athlètes, à la mi-juillet.