L'Arabie saoudite a vaguement promis d'envoyer, pour la première fois, une athlète féminine aux jeux Olympiques de Londres cet été mais les résistances sont fortes dans ce royaume ultra-conservateur où le sport féminin n'existe pratiquement pas.

Selon la presse, le prince héritier, Nayef Ben Abdel Aziz, a donné le feu vert à la participation de Saoudiennes aux JO-2012, mais les instances sportives n'ont encore rien annoncé officiellement.

En juillet 2011, la présidente de la commission femmes et sport du Comité international olympique (CIO), Anita DeFrantz, avait stigmatisé l'Arabie Saoudite, le sultanat de Brunei et le Qatar pour n'avoir jamais envoyé de femmes aux Jeux.

Mais le 13 mars, le CIO a annoncé travailler de «manière très étroite» avec ces trois pays pour qu'ils envoient des femmes à Londres. «Ces trois pays sont très coopératifs et tentent de trouver une solution avec nous, y compris l'Arabie saoudite», a déclaré le directeur général du CIO, Christophe de Kepper.

Le Qatar, candidat à l'organisation des JO-2020, a déjà annoncé sa ferme intention d'envoyer des sportives à Londres, et le sultanat de Brunei s'est engagé à présenter au moins une athlète.

Outre la pression des instances sportives internationales, les autorités saoudiennes font face aussi aux organisations de défense des droits de l'Homme.

«Envoyer des femmes aux jeux Olympiques de Londres ne change pas le fait que les femmes et les jeunes filles restent exclues des activités sportives», a ainsi réagi Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié vendredi.

Une cavalière

L'Arabie saoudite interdit les cours d'éducation physique dans les écoles de filles. Et même en dehors, la pratique du sport féminin reste confidentielle et les autorités ont même fermé ces dernières années des gymnases pour femmes, a rappelé HRW.

La pression de la hiérarchie religieuse ultra-conservatrice reste forte dans un royaume où les femmes n'ont pas le droit de conduire et qui interdit la mixité à l'école. Une Saoudienne ne peut pas voyager seule à l'étranger et a besoin d'un tuteur (père, fils ou mari) pour toute démarche administrative.

Samedi, le quotidien saoudien Al-Charq a affirmé que Dilma Milhess, une cavalière de 18 ans qui pratique le jumping et s'entraîne à l'étranger, représenterait probablement l'Arabie aux Jeux de Londres. Elle avait discrètement participé à titre individuel à un tournoi en 2010 à Singapour.

Jusqu'à présent, les instances sportives saoudiennes n'ont jamais présenté de femmes lors de compétitions sportives internationales.

«La question de la participation des Saoudiennes aux jeux Olympiques fait débat depuis vingt ans», avait reconnu fin 2011 le chef du Comité olympique saoudien, le prince Nawaf Ben Fayçal.

«On va y participer avec des athlètes hommes mais il n'est pas question d'y envoyer une délégation de femmes, le sport féminin n'existant pas en Arabie saoudite», avait-il affirmé.

Il avait seulement laissé la porte ouverte à la participation de Saoudiennes à titre individuel, si «elles sont invitées officiellement et si leur démarche est conforme aux lois islamiques et aux législations saoudiennes». Reste à savoir si le CIO saoudien acceptera d'intégrer Dilma Milhess à sa délégation officielle.