(Ottawa) La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, donne tort au Comité olympique canadien (COC) en ce qui a trait à la possibilité que des athlètes russes et biélorusses puissent être des Jeux de 2024 dans la capitale française.

La position du gouvernement fédéral à cet égard est « claire : les athlètes russes et biélorusses ne devraient pas être autorisés à participer à des compétitions sportives internationales », a tranché la ministre dans une déclaration écrite fournie par son bureau, jeudi.

« Nous continuons de manifester notre solidarité à l’Ukraine, et j’encourage la communauté sportive internationale à faire de même », a-t-elle ajouté.

Le chef de la direction et secrétaire général du COC, David Shoemaker, avait signifié quelques heures auparavant que l’organisation n’était pas fermée à l’idée que ces athlètes participent aux compétitions sous leur bannière, se ralliant ainsi à la position du Comité international olympique (CIO).

« Nous reconnaissons que la décision d’exclure des athlètes uniquement sur la base de leur nationalité va à l’encontre des principes qui sont au cœur du Mouvement olympique », a-t-il déclaré dans un communiqué transmis par l’organisation.

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

David Shoemaker, chef de la direction et secrétaire général du COC

Ainsi donc, nous sommes ouverts à explorer un parcours conduisant à l’inclusion d’athlètes russes et biélorusses neutres qui, au minimum, respectent les conditions établies par la commission exécutive du CIO.

David Shoemaker, chef de la direction et secrétaire général du COC

Les États-Unis sont dans la même mouvance.

Le nouveau président et directeur général du Comité olympique et paralympique américain, Gene Sykes, a réitéré l’appui de son organisation à l’exploration d’un parcours menant à l’inclusion d’athlètes russes et biélorusses sous bannière neutre aux Jeux de Paris.

Il a toutefois estimé que les sanctions actuelles contre la Russie devaient être maintenues.

Menaces de boycottage

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé la semaine dernière l’« hypocrisie » du CIO et attaqué son patron, Thomas Bach, brandissant du même coup la menace d’un boycottage des Jeux olympiques d’été de 2024.

« J’invite M. Bach à Bakhmout [ville assiégée de l’est de l’Ukraine] pour qu’il voie de ses propres yeux que la neutralité n’existe pas. Il est évident que tout drapeau neutre des sportifs russes est taché de sang », a ajouté le dirigeant, qui aurait plaidé sa cause auprès du président français, Emmanuel Macron.

Les sportifs russes et biélorusses sont bannis de la plupart des compétitions internationales depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les fédérations internationales ayant suivi la « recommandation » en ce sens du CIO.

Les réactions à la prise de position du CIO varient d’un pays à l’autre.

Les trois pays baltes (Lettonie, Estonie et Lituanie) ainsi que la Pologne envisagent un boycottage des Jeux olympiques de Paris en 2024 si les athlètes de la Russie et de la Biélorussie obtiennent la permission d’y participer.

Il s’agirait de la première protestation de ce genre depuis les boycottages réciproques des Jeux de Moscou en 1980, puis des Jeux de Los Angeles en 1984, dans un contexte de guerre froide.

Le Canada, pour sa part, n’en est pas là.

Le gouvernement Trudeau n’avait envoyé aucun diplomate aux Jeux d’hiver de Pékin en 2022. Il s’agissait là d’une façon de protester contre le pays hôte et ses « violations des droits de la personne » contre les minorités musulmanes ouïghoure et turcique en Chine.

Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press