(Montréal) Il y a des vendeurs qui offrent des services ou des biens de consommation. Maxime Gagnon, lui, fait la promotion des parasports. Celui qui baigne dans ce milieu depuis près de 30 ans a l’œil sur les Jeux paralympiques de Pékin, particulièrement sur le tournoi de parahockey où le Canada affrontera la Corée du Sud en demi-finale, jeudi soir, heure du Québec.

En plus d’occuper le poste de président-directeur général du Défi sportif Altergo, il est l’entraîneur de l’équipe du Québec de parahockey. Il connaît donc très bien Dominic Larocque, Antoine Lehoux et Anton Jacobs-Webb qui sont les trois Québécois de la formation canadienne.

Le parahockey était un peu laissé à l’abandon sur la scène provinciale il y a une dizaine d’années, même si des Québécois comme Jean Labonté, Benoit St-Amand ou Pierre Pichette ont été médaillés paralympiques avec l’équipe canadienne au fil des ans.

« Le hockey, c’est notre sport national et c’était inconcevable que personne ne s’implique là-dedans », se souvient Maxime Gagnon.

« J’ai regardé pour voir le potentiel qu’avait ce sport et j’ai constaté qu’il n’y avait aucune fédération ou personne qui s’en occupait. J’ai donc mis mon doigt dans l’engrenage et 12 ans plus tard, nous sommes rendus à près de 150 joueurs répartis dans neuf régions au Québec. Je m’implique bénévolement 25 heures par semaine là-dedans. […] On a développé un beau programme avec une équipe du Québec qui performe beaucoup. »

L’arrivée récente de Jocelyn Thibault à la tête de Hockey Québec est une bonne nouvelle pour le développement du parahockey selon Gagnon.

« Il avait été un des premiers à nous ouvrir son aréna (le Complexe Thibault GM à Sherbrooke) lorsque nous sommes allés en région. […] Nous avons eu une belle ouverture de la part de Jocelyn pour le parahockey. »

Et la relève est prometteuse, poursuit l’entraîneur. En plus d’Alexis Auclair, qui a raté de peu sa place dans l’équipe canadienne à Pékin, Gagnon parle avec enthousiasme de quatre recrues qui ont déjà joué à un haut niveau, dont un joueur qui avait été repêché par l’Océanic de Rimouski, avant de subir un accident de motoneige qui a changé le cours de sa vie.

Cette relève, Maxime Gagnon ne la voit pas seulement en parahockey.

« Si un athlète vient au parahockey et que ça ne cadre pas pour lui, je ne lui dirai pas “ok, bye !” Je vais lui présenter des gens en vélo ou en natation, car je veux que cet athlète-là bouge et que l’inclusion sociale se fasse afin qu’il soit actif, au lieu de rester dans son sous-sol à jouer sur sa PlayStation », défend celui qui dit s’inspirer de l’ancien pilote des Canadiens de Montréal, Jacques Demers, dont la passion était contagieuse.

« Bouge, rencontre des gens qui sont différents comme toi et tu vas voir que tu ne seras pas tout seul au monde. »

L’importance d’accueillir l’élite internationale

À titre d’employé du Défi sportif AlterGo, Maxime Gagnon a été présent à plusieurs éditions des Jeux paralympiques d’été depuis 1996 pour vendre la compétition multisport montréalaise auprès de la communauté internationale.

« Nous rencontrons des délégations et des fédérations et c’est ce qui nous a permis entre autres de présenter la Coupe du monde de para-escrime pendant plusieurs années. On l’a fait aussi avec le boccia et le volleyball assis. Ça nous permet aussi de voir ce qui se fait de mieux et de l’amener à Montréal. »

La prochaine étape pour le parahockey québécois sera d’accueillir la Coupe des quatre nations sur son territoire. Cela est désormais possible grâce aux deux glaces adaptées des nouvelles installations de l’Auditorium de Verdun.

« Nous avons soumis notre candidature pour présenter cette compétition dès que nous le pourrons, après la pandémie. Ça regarde très bien pour 2023 ou 2024. »

Où sont les femmes ?

Lorsque l’on demande à Maxime Gagnon où sont les femmes dans le parahockey, il prend bien soin de choisir ses mots dans sa réponse.

« Le programme de parahockey canadien féminin, je dirais que c’est un dossier politique présentement. Les gens qui sont là, est-ce qu’ils sont là pour les bonnes raisons ? C’est ce que je me demande. Et je suis bien humble quand je le dis. Ils veulent beaucoup, mais est-ce qu’ils le font de la bonne façon ? Je ne le sais pas. Ici, je pourrais faire une équipe du Québec féminine demain matin. »

Le dirigeant québécois précise que contrairement aux hommes, le volet national féminin de ce sport n’est pas sous l’égide de Hockey Canada. Il ajoute que le Québec est le seul endroit au pays où le parahockey est entièrement géré par la fédération provinciale de hockey.

Au-delà du territoire canadien où le sport est connu et les joueuses ont accès à des installations et à de l’équipement, qu’en est-il à l’étranger ? Le tournoi paralympique est officiellement mixte, sauf que les joueuses sont peu nombreuses.

« Est-ce que le Comité international paralympique est prêt à accueillir le parahockey féminin ? On n’a pas quatre ou six pays présentement, alors au lieu de commencer par la performance, allons-y sur la masse. »

Maxime Gagnon se dit prêt à se joindre à un énième conseil d’administration pour que les parahockeyeuses aient une voix à ce chapitre.

« C’est ce que Monique Lefebvre (la fondatrice du Défi Sportif AlterGo) m’a appris : si tu restes à ne rien faire et à attendre que les gens viennent te voir, il ne se passera rien. Donc, si tu brasses les idées et que tu arrives avec un nouveau concept et quelque chose qui est vendeur et accrocheur, ça peut être une belle vitrine. »

Et comme tous les bons vendeurs, Maxime Gagnon connaît l’importance du service à la clientèle.

« Si tu ne donnes pas une bonne première expérience à l’athlète ou à ses parents, tu ne les reverras pas. »