Lourde nouvelle dans le monde du paralympisme canadien. L’un des visages les plus importants du mouvement, la paraskieuse Frédérique Turgeon, s’est fracturé la jambe à l’entraînement et devra faire une croix sur les Jeux paralympiques de Pékin.

L’athlète de 22 ans aurait quitté la Chine mercredi et serait déjà en route vers le Canada. Il s’agit d’une nouvelle dévastatrice pour la skieuse de Candiac, qui avait tout misé sur ces Jeux. Elle avait terminé neuvième en slalom aux Jeux paralympiques de PyeongChang en 2018.

Dans le cadre d’un portrait en voie d’être publié par La Presse, Turgeon avait souligné à quel point ces Jeux revêtaient une importance tout à fait particulière à la suite du cycle éprouvant qu’elle venait de traverser.

Depuis les derniers Jeux en 2018, son père est mort subitement, elle a dû se séparer de son entraîneur qui était devenu son deuxième père, sa meilleure amie a quitté l’équipe nationale, sa dernière saison a été annulée et elle a aussi subi une importante blessure au dos. Voilà qu’une autre tuile s’abat sur sa tête.

Malgré tout, elle a continué de s’améliorer et de triompher. Les Jeux paralympiques de Pékin étaient toujours dans sa ligne de mire.

Le fait que je me sois accrochée à ma passion pour le ski, ça vaut tout l’or du monde. C’est gros et je trouve ça beau. Je suis très fière de moi.

Frédérique Turgeon, lors d’un entretien juste avant de partir pour la Chine il y a quelques jours à peine

Le plus cruel, c’est qu’elle s’était économisée lors des derniers Mondiaux. Pour éviter de se blesser et s’assurer d’arriver dans les meilleures conditions possibles, elle avait fait l’impasse sur deux des cinq épreuves lors des Championnats du monde disputés en Norvège il y a quelques semaines.

À son arrivée en Scandinavie, la peur l’a envahie. Pas la peur de l’échec, mais plutôt la crainte de se blesser et de devoir mettre une croix sur les Jeux. Elle ne voulait pas hypothéquer les Jeux pour lesquels elle avait mis tant d’efforts.

Elle craignait de ne pas avoir la force d’attendre un cycle supplémentaire de quatre ans en cas de catastrophe. Elle a donc laissé les épreuves de descente et de slalom géant de côté.

Malheureusement, le pire est arrivé, à l’entraînement, qui plus est.

Un podium aurait été miraculeux

Même si elle a remporté le Globe de cristal ainsi que de nombreuses médailles en Coupe du monde et en Championnats du monde, Frédérique Turgeon demeurait réaliste. Il aurait fallu un miracle pour qu’elle remporte une médaille à Pékin, et ce, bien malgré elle.

L’un des plus gros problèmes dans le monde paralympique, encore aujourd’hui, est la catégorisation des athlètes selon leur handicap. C’est le cas aux Jeux d’été en natation et en athlétisme et c’est aussi vrai pour les sports de glisse aux Jeux d’hiver.

C’est pourquoi il est plus difficile de rapporter des médailles à la maison depuis quelques années. Malheureusement, Turgeon ne peut rien y faire, à part donner le meilleur d’elle-même.

La skieuse qui domine actuellement est Ebba Aarsjoe. La Suédoise mène les courses par une marge écrasante, avec des avances de plus de 10 secondes. Lorsqu’elle termine une course, elle l’emporte. Elle surplombe le classement malgré plusieurs sorties de piste. Les règlements sont ainsi faits et plusieurs skieuses profitent du problème de classification pour remporter les grands honneurs au détriment d’athlètes, comme Frédérique Turgeon, qui sont dans des conditions physiques moins favorables. Les courses sont devenues simplement inégales, pense-t-elle. Certaines skieuses partent avec une longueur d’avance et ce sera le cas encore à Pékin.

« Il y a certains athlètes qui profitent et qui tirent avantage du système. Je comprends pourquoi ils le font, parce que c’est plus facile pour eux d’avoir une médaille. Il y en a aussi qui donnent leur 100 %, mais qui sont désavantagés par leur handicap, comme dans mon cas, où c’est particulièrement difficile, mais je ne me décourage pas », avait-elle expliqué.

Turgeon ne s’en cachait pas, « ça prendrait un miracle pour que [qu'elle fasse] un podium ». Ç’aurait été toutefois mal connaître la skieuse de penser qu’elle ne se serait pas battue jusqu’au bout.