L’arrêt pandémique a certainement été un choc pour toute la communauté sportive. Surtout pour des athlètes qui s’apprêtent à vivre la plus grande compétition de leur vie. Avec le recul, Sandrine Hamel estime que cet arrêt forcé aura peut-être été bénéfique. Du moins, elle arrivera aux Jeux paralympiques de Pékin plus prête que jamais.

L’hiver dernier, la majorité des compétitions ont été sacrifiées, coronavirus oblige. À un an des Jeux paralympiques, ce n’était certainement pas l’idéal pour les athlètes qui tentaient de s’y qualifier et de s’y préparer.

Malgré ses 24 ans, Sandrine Hamel agit en tant que vétérane au sein de l’équipe nationale. La planchiste en sera à ses deuxièmes Jeux et elle est disposée à réaliser de grandes choses. Les compétitions ont été mises de côté, mais elle a été capable de compenser la situation autrement.

Son équipe et elle ont pallié l’annulation des compétitions par un important volume d’entraînement. Elle a pu progresser rapidement et améliorer sa technique, en dépit du fait que les courses sur le circuit avaient été mises en suspens.

La pandémie lui a aussi permis de revenir au bercail. De revoir son monde. De retrouver sa famille et ses amis. À force d’accumuler les étampes dans son passeport, Hamel n’avait pas pu passer autant de temps de qualité avec les siens au cours des derniers hivers. Du temps de qualité. Du temps essentiel.

Elle a aussi profité de cette période pour améliorer sa gestion du stress. Même si revenir à la maison a été un bon remède, le travail réalisé auprès du préparateur mental de l’équipe a eu un impact considérable sur son début de saison et ses performances.

La meilleure préparation qui soit

Juste avant d’entamer le dernier camp de l’équipe canadienne avant les Jeux, Hamel a été fumante aux Championnats du monde de parasurf des neiges de Lillehammer, en Norvège.

Elle a remporté la médaille de bronze à l’épreuve de slalom en parallèle ainsi que l’or en snowboard cross par équipe. Elle avait aussi obtenu deux médailles aux précédents Mondiaux en 2019. Une dose de confiance éblouissante pour l’athlète de Saint-Sauveur à l’approche des Jeux.

Ces deux médailles sont d’autant plus satisfaisantes qu’elle avait subi une commotion cérébrale en décembre.

« J’étais pas mal fébrile en arrivant en Norvège pour les Mondiaux. Gagner l’épreuve par équipe avec ma coéquipière a été l’un de mes moments préférés depuis que j’ai commencé la planche », a expliqué Hamel, de sa chambre d’hôtel en Alberta.

Non seulement parce qu’elles ont triomphé, mais surtout parce qu’elles ont eu énormément de plaisir. Le sport élite vient souvent avec une tonne de pression, mais il est essentiel de ne jamais oublier ce qui est à l’origine de cette passion qui est devenue un métier :

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Sandrine Hamel

Des fois, dans de gros évènements comme ça, ça peut être un petit peu plus dur, parce que c’est plus stressant. Donc c’est important de revenir à la base.

Sandrine Hamel

Ambitieuse depuis le premier jour

Même si elle fait de la planche à neige depuis qu’elle a 8 ans, c’est seulement 10 ans plus tard qu’elle s’est mise à la compétition. Un peu plus de deux ans après, elle s’envolait pour PyeongChang pour participer à ses premiers Jeux paralympiques.

Toutefois, son parcours n’a pas toujours été rose. De nature extrêmement compétitive, Hamel voulait gagner dès ses premières compétitions. Elle sentait qu’elle avait ce qu’il fallait pour gravir rapidement les échelons.

« Je n’ai pas gagné, loin de là ! On pourrait même dire que j’ai mangé des volées », a-t-elle précisé en riant.

À force de travail et d’effort, elle est parvenue à rejoindre ses compétitrices qui avaient pour la plupart participé aux Jeux paralympiques de Sotchi en 2014. Son ascension a été fulgurante.

Un talent naturel, mais non pas insoupçonné. Malgré une double scoliose qui fait en sorte que sa colonne vertébrale est en forme de S et une opération vers l’âge de 1 an qui a réduit de beaucoup la force de ses jambes, elle ne s’est jamais limitée. Elle a pratiqué à peu près tous les sports qu’il est possible d’essayer. Après cette fameuse intervention, les deux jambes de Sandrine Hamel ne pouvaient plus bouger. Aujourd’hui, elle s’apprête à se battre pour une médaille paralympique.

Une approche différente

À ses premiers Jeux, Hamel avait terminé deux fois en cinquième position. Des résultats que l’athlète ultracompétitive qu’elle est a encore au travers de la gorge.

Elle est en mission. Elle l’est toujours. Sauf que cette fois-ci, elle est consciente d’être un réel espoir de médailles. Sa progression a été spectaculaire depuis son retour des Jeux de 2018. Tant en Coupe du monde qu’en Championnats du monde.

C’est sûr qu’il y a un stress, évidemment, mais l’avantage que j’ai pour ces Jeux, c’est que j’ai de meilleurs outils pour gérer ce stress, ce que je n’avais peut-être pas encore à PyeongChang.

Sandrine Hamel

Elle a appris qu’aux Jeux paralympiques, même si les compétitrices et le parcours sont les mêmes, l’enjeu est réellement plus grand : « Avant mes premiers Jeux, j’étais un peu plus naïve, je ne savais pas l’ampleur que ça allait avoir, jusqu’à ce que je sois dans le portillon de départ. Le sentiment était vraiment unique. »

Depuis le premier jour où elle a mis ses pieds dans les fixations de sa planche, l’objectif de Sandrine Hamel a été de se rendre aux Jeux paralympiques. « C’était pas mal mon rêve dès le départ, un peu aveuglément et naïvement. »

Du plus loin qu’elle se souvienne, elle s’est toujours répété qu’il était impossible qu’il existe quelqu’un de plus compétitif qu’elle. Qui voulait plus qu’elle. Qui allait travailler plus fort qu’elle. Elle aime quand le niveau est relevé. Elle adore lorsque l’entraînement est difficile. Plus la tâche est exigeante, plus elle se nourrit.

Elle a trimé en attendant que tout tombe enfin à sa place. Sur la ligne de départ.

Elle pourra enfin réaliser son rêve, pour la deuxième fois.