En traversant la porte des arrivées de l’aéroport de Montréal, Steven Dubois porte fièrement trois nouveaux bijoux autour de son cou. Le genre de bijoux qui ne s’achètent pas. Un d’or, un d’argent et un de bronze. « C’est vraiment lourd ! », lance-t-il, candide.

Ces bijoux, vous l’aurez deviné, sont ses trois premières médailles olympiques en carrière, toutes remportées à Pékin. Quand on lui demande si les derniers jours lui ont permis de prendre conscience de ce qu’il a vécu, le patineur manque de mots. Littéralement.

Il penche la tête, pose le regard sur ses médailles.

« Honnêtement… »

Silence.

« C’est dur à réaliser, finit-il par dire. Une fois que je vais être arrivé chez moi, je vais pouvoir relaxer, repenser à tout ce que j’ai fait dans les dernières semaines. Ça va vraiment me frapper. J’ai de la misère à réaliser. Je ne m’attendais tellement pas à ça. Ç’a été beaucoup d’émotions… »

Impossible, d’ailleurs, de choisir une médaille favorite. Il préfère énumérer une à une leur signification.

Celle d’argent au 1500 m a été la première. « Elle n’est pas sortie de nulle part, mais je ne m’y attendais vraiment pas, explique-t-il. On dirait que ça a comme brisé mon sentiment que j’allais revenir à la maison sans médaille. »

Celle de bronze au 500 m est le fruit de tous ses efforts. « Je m’entraîne pour ça depuis des années. J’essaie de me spécialiser là-dedans. Ça vaut beaucoup pour moi. »

Celle d’or au relais masculin a été remportée avec ses chums. « C’est en équipe. Tu ne peux pas avoir de meilleur feeling que ça non plus. »

Le choix pourrait être encore plus difficile dans quelques années. Parce que le patineur de 24 ans n’est pas près d’accrocher ses patins.

« On verra où ça me mène », indique-t-il, avant d’ajouter : « Honnêtement, j’ai vu la bande-annonce des Jeux de Milan et Cortina [en 2026] et ça m’a donné une petite émotion. Je me disais : ça va être le fun, je pense ! Pour l’instant, je pense que je me dirige pour participer aux Jeux. »

Pas une surprise

Des quatre médailles remportées en courte piste à Pékin, trois appartiennent à Dubois. Si l’athlète de Terrebonne a été une découverte pour les Québécois, ses coéquipiers et entraîneurs, eux, savaient déjà ce dont il était capable.

Je pense que personne du courte piste au Canada n’était surpris de la performance de Steven. C’est un patineur incroyable.

Charles Hamelin

En une participation aux Jeux, Dubois a remporté la moitié du nombre de médailles de Charles Hamelin, qui en a six en cinq Jeux. Ce dernier, qui prendra sa retraite dans les prochaines semaines, aimerait voir son coéquipier réussir les mêmes exploits que lui.

« J’espère qu’il va retirer le positif qu’il faut retirer de cette performance-là et qu’il va réussir à continuer sur sa lancée, à faire des courses comme il a faites parce qu’elles étaient parfaites à tous points de vue. Je pense que s’il reste dans la mentalité qu’il avait aux Jeux pour les prochaines saisons, il va être un aspirant à plusieurs autres médailles dans les prochains Jeux. »

Même son de cloche du côté de l’entraîneur adjoint de l’équipe nationale et quintuple médaillé olympique Marc Gagnon.

« [Steven] a très certainement le talent pour le faire, assure-t-il. Ce n’est pas une surprise pour nous, ça fait longtemps qu’on voit ça de Steven. Moi, je le vois depuis longtemps. Son premier championnat du monde junior, j’étais là avec lui. Je voyais déjà ça de lui. On attendait juste que ça éclose tout en même temps. »

Kim Boutin satisfaite

Kim Boutin ne l’a pas eu facile aux Jeux de PyeongChang, en 2018. Après avoir remporté le bronze à la suite de la disqualification d’une Sud-Coréenne en finale du 500 m, elle avait reçu une pluie d’insultes et de menaces sur ses réseaux sociaux.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Kim Boutin à son arrivée à Montréal

À Pékin, elle a encore mis la main sur le bronze au 500 m. Mais cette fois-ci, les choses se sont passées dans la normalité. La Sherbrookoise s’est réconciliée avec les Jeux, si on veut.

« Je sens que j’ai pu faire face à tous les petits démons qu’il me restait par rapport aux derniers Jeux, affirme-t-elle. Pour vrai, je suis fière de la façon dont je suis passée à travers ça. »

Malgré les chutes et les déceptions, notamment au relais féminin, où l’équipe a été disqualifiée en finale, la patineuse est fière.

C’est beaucoup d’émotions. Je suis très contente de mes Jeux.

Kim Boutin

« Mais pour vrai, les filles, on s’est soutenues. On en perd et on en gagne. C’est ça qui est arrivé. Il nous restait une distance après le relais, donc on s’est dit qu’on devait se concentrer sur nos distances individuelles. C’est sûr qu’on est une équipe jeune et c’est à travers les situations comme ça qu’on apprend. »

L’athlète de 27 ans ignore pour l’instant si elle se laissera tenter par un autre cycle olympique. Ce sera matière à réflexion.

« C’est quand même long, quatre ans, alors je vais vraiment prendre le temps de m’asseoir et profiter de la façon dont j’ai envie de vivre les prochaines années », soutient-elle.

« Mais j’ai de la passion pour mon sport encore, donc c’est sûr que ce ne sera pas mon dernier acte de présence. »