Lundi, 20 h 40. Tuque rose sur la tête, la petite Violette attend le retour de son papa à l’aéroport de Montréal. Elle court un peu partout en agitant un drapeau du Canada miniature. Ses cris d’excitation charment la cinquantaine de personnes venues accueillir les olympiens. À 21 h 12, Charles Hamelin traverse enfin la porte des arrivées. Médaille d’or au cou, il se dirige tout droit dans les bras de sa fiancée et de sa fille.

Le secteur des arrivées des vols intérieurs de l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau est bondé. L’ambiance est à la fête. Après plus de 40 heures de voyage, les olympiens retrouvent enfin leur famille. Il y a des éclats de rire. Des larmes de joie. Des regards admiratifs.

  • Arrivée de Kim Boutin à l'aéroport Montréal-Trudeau.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE PHILIPPE BOIVIN

    Arrivée de Kim Boutin à l'aéroport Montréal-Trudeau.

  • Le triple médaillé en courte piste Steven Dubois a été accueilli par des journalistes.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE PHILIPPE BOIVIN

    Le triple médaillé en courte piste Steven Dubois a été accueilli par des journalistes.

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Dans les bras de Charles Hamelin, Violette sourit. Elle pose sa main sur la médaille d’or accrochée au cou de son père.

« Je suis soulagé de les retrouver », lance le patineur à La Presse, quelques minutes après les retrouvailles.

« Je suis vraiment émotif. Je braillais en haut [en m’en venant]. »

Doucement, subtilement, Violette tente de s’emparer de notre enregistreuse. Sa tentative étant infructueuse, elle pose ses mains dans le visage de son père, l’air de dire : « c’est à moi qu’il faut que tu parles, papa ».

C’est un feeling incroyable. Revenir à la maison avec mes deux amours, je ne peux pas demander mieux.

Charles Hamelin

Réalises-tu tout ce qui s’est passé ? lui demande-t-on.

« Pas encore ! répond-il en riant. On était vraiment dans l’ambiance des Jeux quand on était là-bas. On a célébré. Mais depuis qu’on est partis, on dirait qu’il y a eu une accalmie avec les émotions. On a dormi pas mal. On dirait qu’on sort du rêve. Ça va prendre un peu de temps avant que je fasse une connexion avec ce qui s’est vraiment passé aux Jeux. »

Ce qui s’est vraiment passé, c’est qu’il a remporté une sixième médaille en cinq participations aux Jeux olympiques. Sa quatrième en or. À 37 ans.

Les athlètes québécois rentrent au pays
  • Charles Hamelin totalise dorénavant six médailles olympiques.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Charles Hamelin totalise dorénavant six médailles olympiques.

  • Le patineur de vitesse Steven Dubois

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    Le patineur de vitesse Steven Dubois

  • La patineuse de vitesse Kim Boutin

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    La patineuse de vitesse Kim Boutin

  • La hockeyeuse Mélodie Daoust

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    La hockeyeuse Mélodie Daoust

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Celui que l’on surnomme la « locomotive de Sainte-Julie » est devenu, avec la patineuse sur longue piste Cindy Klassen, le plus grand médaillé canadien de l’histoire des Jeux olympiques d’hiver.

« J’espère juste que les gens vont comprendre que si t’aimes ce que tu fais dans la vie, si tu as des rêves et que tu réussis à travailler vraiment fort tous les jours et à persévérer, tu peux arriver à n’importe quoi », laisse-t-il entendre.

Fierté paternelle

Yves Hamelin, père de Charles, était aussi sur place pour accueillir son fils. Il en a vécu, des émotions, ces 20 dernières années.

« Je me souviens quand il est embarqué dans l’équipe nationale, il avait 18 ans, et tout de suite, il a commencé à s’installer dans une zone où, pour lui, il avait un focus et c’était d’avoir les meilleures performances. De toujours chercher à se positionner pour être sur le podium », raconte-t-il.

« Dans tout ce parcours-là, il est constamment resté dans la bonne zone, poursuit-il. Il a continué dans une zone où il était bien, il était en santé. Il a toujours tripé sur ce qu’il faisait. Ça, c’est le plus bel énoncé de performance. Il a fait les bonnes choses pour maintenir cet état-là. »

Évidemment, M. Hamelin est fier. Il a vu son fils travailler d’arrache-pied, encore plus dans la dernière année, alors que la COVID-19 a grandement affecté les athlètes. Le patineur n’a jamais lésiné sur l’entraînement.

« Il est arrivé cette année en se disant : je peux le faire. Et il l’a fait », lance le paternel.

À suivre

Voilà plusieurs mois que Charles Hamelin a annoncé que son dernier tour de piste aurait lieu aux Championnats du monde, qui doivent se tenir à Montréal du 18 au 20 mars. Radio-Canada rapportait cependant il y a quelques jours que l’évènement pourrait être déplacé dans un autre pays, certains vaccins contre la COVID-19 reçus par des patineurs n’étant pas reconnus par Santé Canada, ce qui empêche certaines délégations d’entrer au pays.

« Si [les Mondiaux] sont à Montréal, c’est sûr que je les fais, assure Hamelin. S’ils sont ailleurs, ce sera à discuter. Avec Vivi [Violette], c’est un peu plus difficile. Probablement que ça va dépendre où ça va être. La première idée, c’est que je les fais, c’est sûr. Après, ça va être d’y aller avec le flow et d’attendre les décisions. »

Pour l’instant, le patineur veut prendre le temps de souffler. On peut le comprendre. Il sera de retour à l’entraînement dès jeudi.

Si la grande carrière de l’athlète achève bientôt, celle du papa ne fait que commencer.

« Quand la saison va être terminée, on s’en va à Punta Cana pendant une semaine avec Geneviève [Tardif, sa fiancée] et Violette, dit-il. On part les trois ensemble. On se marie au mois de juin. Après, [ce sera la] lune de miel en juillet.

« Il y a encore plein d’affaires incroyables à venir. »

« Je ne peux pas demander plus »

La scène de Charles Hamelin dans les bras de son entraîneur Marc Gagnon après la victoire des hommes au relais, à Pékin, a marqué les mémoires. En gagnant sa sixième médaille olympique, il a devancé Gagnon, qui en possède cinq. « C’était malade, lance l’entraîneur, interpellé pendant qu’il attend patiemment ses bagages. [C’était] un des plus beaux relais que l’équipe canadienne ait jamais connu. C’était juste impossible de ne pas crier comme des malades. C’était complètement débile. On aurait écrit ce scénario que personne n’y aurait cru. […] Tu ne choisis pas ces choses-là dans la vie, qui va battre tes records. Mais bien honnêtement, si j’avais eu à choisir, [Charles] aurait été le premier sur la liste. Et c’est arrivé. »