Adolescent, Maxence Parrot rêvait modestement. Il voulait devenir un planchiste professionnel, parcourir le monde. Il n’aspirait « même pas à gagner une compétition ». Et pourtant…

En 2013, Parrot remportait sa première médaille aux X Games. L’année suivante, il prenait part à ses premiers Jeux olympiques. Puis, il a commencé à inventer de nouvelles manœuvres. « C’était comme un de mes deuxièmes ou troisièmes rêves », a-t-il expliqué mardi midi, lors d’une conférence de presse.

Sont ensuite venues les médailles olympiques. Il y a d’abord eu l’argent en slopestyle, en 2018. À la fin de cette année-là, l’athlète a appris qu’il souffrait d’un cancer – un lymphome de Hodgkin –, qu’il a vaincu en six mois. Trois ans plus tard, le voilà de retour de ses troisièmes Jeux olympiques avec deux nouvelles médailles, dont sa première d’or.

Je me rappelle, quand j’étais jeune, ma mère me disait toujours : quand on te demande de faire quelque chose, fais-en toujours un petit peu plus. Ça me rend fier de ne pas m’être juste assis sur mon rêve initial et d’avoir fait plus.

Maxence Parrot

« Depuis mon rêve initial, il s’est ajouté plein de rêves. Je pense que c’est important de toujours continuer à pousser et d’avoir des buts dans la vie. Jusqu’à présent, c’est sûr que je suis extrêmement satisfait de mon parcours. Il n’y a absolument rien que je changerais. »

L’histoire de Parrot, porte-parole de la Fondation leucémie et lymphome du Canada, a inspiré les amateurs de sport d’un bout à l’autre de la planète. L’athlète lui-même peine à croire tout ce qu’il a accompli.

« J’ai reçu des milliers de messages de gens qui ont trouvé mon histoire inspirante et ça les a aidés à combattre leur challenge de vie ou même des maladies », évoque-t-il.

Le planchiste le disait avant les Jeux, et il le dit encore à ce jour : le cancer l’a changé positivement. Comme personne et comme athlète.

« Je sais que je ne dois pas tenir la vie pour acquise. Chaque fois que je monte sur mon snowboard, je souris encore plus qu’avant. Même si je l’appréciais auparavant, je l’apprécie encore plus maintenant. »

En janvier, Parrot a lancé son documentaire Life as a gold medal dans le cadre de sa campagne de levée de fonds pour la Fondation leucémie et lymphome du Canada. Le court-métrage, disponible sur son site web en échange d’un don, raconte l’histoire intime de sa bataille contre la maladie.

Prochaine étape : fiston

Parrot est rentré au pays mercredi soir dernier. Depuis, il combat difficilement le décalage horaire. Évidemment, il a célébré avec sa famille. « Pas encore assez à [son] goût » toutefois. Mais ce sera fait bientôt, a-t-il assuré, sourire aux lèvres. « Il y a beaucoup de partys devant moi ! »

Comme tous les olympiens qui reviennent des Jeux, Parrot s’est fait interroger sur ce qui s’en venait pour lui. D’abord, il s’accordera quelques mois de repos. Sa conjointe doit accoucher de leur premier enfant, un petit garçon, au début du mois de mai. Le timing est parfait.

« Avoir un enfant, c’est un rêve qui va se réaliser. C’est sur ma vie personnelle que je vais me concentrer dans les prochains mois. Comme j’ai déjà annoncé, je ne ferai pas d’autres compétitions pour le reste de la saison. Je vais profiter du reste de la grossesse de ma copine avec elle. »

Ce n’est pas un moment qui arrive 10 fois dans une vie. Je ne prévois pas avoir 10 enfants !

Maxence Parrot

Le planchiste n’a toutefois pas l’intention de prendre une année complète de pause. On le reverra sur les pistes avant longtemps. Ira-t-il aux Jeux olympiques de Milan et Cortina d’Ampezzo en 2026 ? Ne vous attendez pas à une réponse à cette question avant quelques années…

« Penser quatre ans à l’avance, ce n’est plus quelque chose que je fais depuis mon cancer. J’y vais année par année. »

Une chose demeure néanmoins certaine : « Il va y avoir d’autres rêves. »

Pas le choix, quand c’est ton carburant.

Un mot d’Anthony Calvillo

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Patrice Bernier, Maxence Parrot et Anthony Calvillo

L’entraîneur des quarts-arrières des Alouettes de Montréal, Anthony Calvillo, s’est déplacé au Westbury Montréal Milton, mardi, pour la conférence de presse. Sa femme et lui ont tous deux survécu au cancer, en 2007 et 2010 respectivement. « Quand nous avons appris que Max avait reçu un diagnostic de cancer [en 2018], ma femme et moi lui avons envoyé un courriel, un mot d’encouragement, a-t-il raconté à La Presse. Quand ma femme a été diagnostiquée, tellement de gens à travers le pays lui ont envoyé des lettres et des courriels. Il y a des jours où elle ne se sentait pas bien et elle lisait ces lettres. […] Ça l’a tellement aidée. »

« Je pense que [les succès de Maxence seront] positifs pour tous ceux qui ont été touchés, personnellement ou pas, par le cancer. Max est un exemple de quelqu’un qui l’a vécu, l’a battu et est revenu à un niveau élevé. C’est inspirant. Je suis sûr qu’il va toucher la vie de personnes sans même le savoir. »