(Zhangiakou) Manuel Gamper misait beaucoup sur Roni Remme au combiné alpin. Avant les Jeux olympiques de Pékin, l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne féminine l’avait accueillie dans sa région dans le nord de l’Italie pour qu’elle s’exerce à la descente. Il avait loué des motoneiges et sécurisé un parcours pour cette athlète au « fort caractère ».

Ce projet « personnel » portait ses fruits pendant la manche de descente du combiné présentée sur la piste « Le Rocher » de Yanqing, jeudi matin. L’Ontarienne de 25 ans tutoyait le top 5 lorsqu’une compression l’a envoyée sur l’arrière de ses skis et fait chuter.

Juste comme ça, le dernier espoir du ski féminin canadien aux JO s’est envolé.

Remme a crié sa frustration après s’être relevée en un morceau.

« Elle a réussi à hausser son niveau comme elle le fait dans les grands évènements », a noté Gamper en fin de journée au téléphone.

Le combiné était vraiment sa cible ici. C’est triste qu’elle n’ait pu se rendre jusqu’en bas parce qu’elle était dans le coup. C’est une grande occasion ratée pour elle et nous en tant qu’équipe.

Manuel Gamper

Avec seulement l’épreuve par équipes mixtes encore au programme, le contingent féminin quittera donc Pékin sans médailles, mais surtout sans résultats probants.

PHOTO LUCA BRUNO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Roni Remme

« Bien sûr, tu veux toujours un podium, a convenu Gamper. Même si on sait qu’on n’en a pas eu cette saison en Coupe du monde, on a été près. Dans un évènement comme [les Jeux], tu peux monter sur le podium. C’était notre but et on ne l’a certainement pas accompli. »

Le coach italien n’a pas usé de faux-fuyants : « D’une certaine façon, on a failli à la tâche. C’est la réalité. On a échoué en équipe. De façon générale, nous n’avons pas été à la hauteur. En géant et en slalom, on a assurément performé en deçà de nos attentes, big time. En vitesse, les résultats n’ont pas été si mauvais, mais il n’y a que le podium qui compte. »

La huitième place de Marie-Michèle Gagnon en descente a été le meilleur classement d’une Canadienne à Yanqing. Dans les épreuves techniques, où les espoirs étaient supérieurs et les prétendantes plus nombreuses, personne n’a réussi à se glisser parmi les 15 premières. L’adaptation à la neige artificielle a été un enjeu majeur.

PHOTO WOLFGANG RATTAY, REUTERS

Marie-Michèle Gagnon

« Quel était l’objectif principal en arrivant ici ? a demandé Gamper. Était-ce se présenter ou tout faire pour performer ? On a tous fait de notre mieux, ce n’est pas ce que je remets en question, mais plutôt : où a-t-on mis toute notre attention ? Je crois qu’il y en a encore, de la marge. »

À la tête de l’équipe féminine depuis 2016, Gamper n’a pas caché qu’il ne reviendrait pas la saison prochaine. L’arrivée d’une nouvelle équipe de direction à Canada Alpin et l’embauche d’un directeur de la haute performance, l’Américain Phil McNichol, ont provoqué des tensions avec l’Italien.

Gamper a révélé à La Presse qu’il avait été mis à la porte le printemps dernier, mais que les skieuses s’étaient ralliées derrière lui pour le maintenir en poste. Selon lui, il avait les mains un peu liées cet hiver.

« Tout le monde a ses objectifs et je partageais les mêmes, mais on avait des visions différentes sur la façon de les atteindre. Ce n’est pas une excuse, je prends mes responsabilités comme les autres doivent le faire aussi. »

« Je pense que nous étions sur la bonne voie la saison dernière et j’ai été forcé de changer. La décision de me laisser aller et ensuite de me ramener parce que les skieuses le voulaient, ça n’a pas aidé. C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles je dis qu’il est temps de fermer un chapitre et de passer à autre chose. »

D’ici là, Gamper souhaite « terminer les choses en beauté » en contribuant à une fin de saison fructueuse pour les skieuses canadiennes en Coupe du monde.