(Zhangjiakou) Les Chinois commencent déjà à penser au retour. Lors du dépistage de la COVID-19 du matin, ils nous demandent maintenant notre date de départ du pays. Ils veulent s’assurer qu’on recevra notre certificat négatif à temps. On présume que le gouvernement ne souhaiterait surtout pas être pris avec nous passé le 21 février.

Pour jaser jeudi matin, j’ai annoncé à l’employée en uniforme intégral antiviral que j’avais hâte de retrouver mes enfants. Elle a été impressionnée quand je lui ai dit que j’en avais quatre. Elle s’est informée de mon âge. Ce n’est pas pour me vanter, mais elle trouvait que je faisais jeune pour être le père de quatre enfants. Je lui ai dit que mon masque cachait les cernes.

En apprenant que je repartais pour le Canada, une dame m’a demandé si je travaillais pour la CBC. « Vous venez de Montréal ? On parle français là-bas. »

Tout énervée, elle a basculé de l’anglais au français. Son nom est Zhang Linglou, mais on peut l’appeler Lou. Elle est originaire de la province de Liaoning, dans le nord-est du pays. Il paraît que c’est très beau. Elle est maintenant professeure de management dans un collège de Zhangjiakou. Elle a appris le français en étudiant trois ans à Lille.

Pendant les Jeux, elle vit dans le même hôtel que les journalistes. Son rôle : régler des problèmes.

Son français était un peu rouillé, mais son niveau franchement impressionnant. Elle aime la musique de la langue. Elle n’arrêtait pas de rire en entendant mon accent. Pourtant, je m’efforçais de parler à la française pour qu’elle me comprenne. « Les Marseillais ont également un accent », a-t-elle fait remarquer en les imitant.

Elle m’a demandé s’il faisait aussi froid à Montréal qu’à Zhangjiakou. J’ai précisé qu’avec le vent, ça ressemblait plus à Québec sur le bord du fleuve.

Elle m’a montré deux photos d’elle, comme un rappel qu’il y a des êtres humains derrière ces visières et combinaisons blanches.

Je lui ai présenté Émilie, tout aussi étonnée de rencontrer une francophone au dépistage. Lou trouvait son accent moins prononcé que le mien, mais ça n’a pas duré longtemps.

Ma partenaire de montagne lui a dit que son fils de 5 ans s’appelait Lou, lui aussi. Elles se sont fait un fist bump.

On a échangé nos courriels. Celui des Chinois est formé d’une série interminable de chiffres. Elle m’a dit qu’elle me contacterait quand elle irait à Montréal. Je lui ai proposé de prendre une photo que je lui ai envoyée. Salut, Lou !