(Pékin) Contrariée après s’être contentée d’une médaille d’argent aux championnats du monde l’an dernier, Isabelle Weidemann a rappelé à ses coéquipières ce qu’elle pensait qu’elles pouvaient accomplir.

Ce soir-là aux Pays-Bas, elle a découpé du papier de bricolage jaune pour en faire des « billets dorés » et les a glissés sous leur porte.

« Je pense que nous les avons chacune mis dans nos portefeuilles, a raconté Weidemann. Vous avez toujours votre billet d’or. Vous pouvez toujours l’encaisser. Il expire ce soir, donc c’était bien. »

Elles n’ont plus besoin de leurs billets. Elles ont désormais la véritable breloque.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Valérie Maltais, Isabelle Weidemann et Ivanie Blondin sur le podium.

Weidemann, Ivanie Blondin et Valérie Maltais ont remporté l’or en patinage de vitesse longue piste, mardi, aux Jeux de Pékin, terminant premières de la poursuite par équipe avec un record olympique au passage de deux minutes 53,44 secondes.

Cette finale palpitante contre le Japon semblait se diriger vers une fin de course très serrée. Mais elle s’est terminée de façon inattendue lorsque Nana Takagi a chuté dans le dernier virage.

Elle a semblé perdre l’équilibre et a glissé jusque dans les coussins protecteurs en bordure de piste. Le Japon s’accrochait à une avance de 0,32 seconde avec un demi-tour à compléter.

« La dernière portion de la course est notre plus forte, a décrit Blondin. Je pense que nous les aurions rattrapées. »

Takagi a fondu en larmes après s’être relevée et avoir complété la course.

« Dans ma tête, je ne suis pas remise de ma chute, a-t-elle déclaré. Il m’est difficile d’y penser ou d’en parler en ce moment. »

Takagi a été consolée par ses coéquipiers Ayano Sato et Miho Takagi, sa sœur.

Le temps final n’est pas enregistré tant que toutes les patineuses n’ont pas franchi la ligne, donnant aux Canadiennes une marge de victoire de 11,03 secondes.

« Nous avons donné tout ce que nous avons, a confié Weidemann. Nous étions toutes au bord de l’évanouissement. Nous allions juste franchir la ligne après avoir tout donné.

« Il nous a fallu un certain temps à la fin pour tout comprendre. »

C’est la troisième médaille de Weidemann à ces Jeux et sa première présence sur la plus haute marche du podium. L’Ottavienne a remporté la médaille d’argent au 5000 mètres à l’anneau de glace de la capitale et la médaille de bronze au 3000 m.

« Elle s’est donnée à fond, a confié Maltais. Elle a baissé la tête et elle tout fait. »

Maltais est devenue le troisième athlète de l’histoire des Jeux d’hiver à remporter des médailles olympiques dans les épreuves de courte piste et de longue piste, a révélé le Comité olympique canadien. L’Américain Eric Flaim et la Néerlandaise Jorien ter Mors sont les autres.

La Manitobaine Alexa Scott fait également partie de la formation canadienne mais elle n’a pas disputé les courses, mardi. Les Pays-Bas ont vaincu l’équipe du Comité olympique russe pour le bronze.

Le Canada ne s’est pas qualifié pour les demi-finales de la poursuite par équipe masculine. La Norvège a battu la Russie pour l’or et les États-Unis ont remporté le bronze.

Le Torontois Jordan Belchos, l’Albertain Ted-Jan Bloemen et le Manitobain Tyson Langelaar ont eu le meilleur sur la Corée du Sud dans la finale C pour terminer cinquième au classement général.

La poursuite par équipe implique trois patineurs par pays qui se mesure à une autre équipe et au chronomètre.

La discipline a fait ses débuts olympiques aux Jeux de Turin en 2006.

Le Canada a remporté l’argent en poursuite par équipe féminine cette année-là et n’était pas remonté sur le podium olympique dans cette épreuve avant Pékin. Blondin, Weidemann et Josie Morrison ont terminé quatrièmes aux Jeux de PyeongChang en 2018.

Weidemann est devenue la deuxième patineuse de vitesse canadienne longue piste à remporter plus de deux médailles lors des mêmes Jeux. Cindy Klassen a amassé cinq médailles à Turin.

Plus tôt, le même trio de Weidemann, Blondin, d’Ottawa, et Maltais, de Saguenay, a battu les Pays-Bas en demi-finale.

C’est le même trio néerlandais composé d’Ireen Wüst, Irene Schouten et Antoinette de Jong qui les avait battues il y a un an à Heerenveen, une défaite qui selon Maltais a « fait très mal ».

« Nous n’avons pas perdu contre les Néerlandaises, nous leur avons donné, a affirmé Weidemann. Nous en avons gardé du ressentiment et nous voulions nous améliorer. »

Ces efforts ont porté leurs fruits, mardi, quand cela comptait le plus.

« Je pense que c’était pas mal parfait et je ne sais pas si nous l’avons déjà dit, a conclu Weidemann à propos de la course. Même en gagnant (d’autres évènements), nous avons toujours cherché à en faire plus. Nous avons toujours voulu être meilleures. »