À défaut de fauteuil du meneur comme en Coupe du monde, Olivier Léveillé a décidé d’attendre dans l’aire d’arrivée après avoir enregistré le meilleur temps du 15 km classique, vendredi après-midi.

Dix fondeurs sont rentrés avant que le porteur du dossard 5 ne cède son « siège » à l’Autrichien Mika Vermeulen, qu’il a félicité avec le poing.

À 20 ans, Léveillé était l’un des plus jeunes sur la ligne de départ au centre national de Zhangjiakou. Pourquoi ne pas profiter de chaque moment ?

« C’est certain que c’est le fun, ça donne beaucoup d’expérience d’être ici, a-t-il expliqué devant trois journalistes québécois. J’ai moins de pression que les Klœbo et compagnie, qui ont plus de 25 ans et c’est une médaille ou rien. Ça me permet de profiter un peu plus de l’évènement. »

La veille, il s’est « surpris » lui-même d’être aussi détendu parmi les meilleurs athlètes au monde.

Il faisait beau soleil, proche de zéro, c’était le fun de se promener dans le village. L’ambiance était relaxe. J’avais eu une journée de repos après le sprint. Je commençais à sentir le high, je me sentais de plus en plus en forme. J’ai pris l’autobus, je regardais le paysage. Je suis venu skier ; j’avais du fun.

Olivier Léveillé

À son troisième départ aux Jeux olympiques de Pékin, Léveillé a réalisé sa meilleure performance jusqu’ici, terminant 29e de ce 15 km en départ individuel. Le Sherbrookois a cédé un peu moins de trois minutes au médaillé d’or, le Finlandais Iivo Niskanen, à la hauteur de sa réputation de plus grand spécialiste de style classique sur la planète.

« C’était une bonne course en général, a dit celui qui avait pris le 31e rang au skiathlon. C’est certain qu’en raison de l’altitude, on sent qu’on est pris dans la même vitesse tout le temps, on n’est pas capable d’aller plus vite. Mais je pense que j’étais coincé dans une bonne vitesse aujourd’hui ! »

Seul fondeur né dans les années 2000 parmi les 30 premiers, il a parfaitement géré sa course, enregistrant le 18e temps du dernier secteur.

Meneur de bout en bout, Niskanen a devancé de 23,2 secondes son ami et rival russe Alexander Bolshunov, vainqueur du skiathlon la semaine dernière. Johannes Høsflot Klaebo a réussi une fin de parcours formidable pour enlever le bronze, sa première médaille dans une épreuve de distance individuelle dans un grand championnat.

Niskanen, titré au relais sprint en 2015 et au 50 km en 2018, a étalé sa classe en accueillant le dernier concurrent à franchir la ligne, le Colombien Carlos Andres Quintana, arrivé avec un retard de plus de 17 minutes. La veille, sa grande sœur Kerttu Niskanen avait laissé échapper l’or par quatre dixièmes au 10 km classique.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Antoine Cyr n'a pas connu l'expérience souhaitée.

Déception pour Cyr et Drolet

Si Léveillé, médaillé de bronze aux derniers Mondiaux juniors, se réjouissait d’avoir atteint un objectif personnel en se glissant dans le top 30, ses deux compatriotes étaient moins heureux de leur performance.

Antoine Cyr, 37e à 3 min 22,09 s, était particulièrement déconcerté. Il avait fini 42e au skiathlon et 56e au sprint individuel.

Il n’y a malheureusement pas beaucoup de positif aujourd’hui. Ce n’est vraiment pas la course à laquelle je m’attendais. C’est une troisième contre-performance depuis le début des Jeux.

Antoine Cyr

Le fondeur de 23 ans s’est qualifié pour ses premiers JO en décrochant deux top 12 à la première Coupe du monde de l’hiver. Avec un autre cycle d’entraînement, il pensait pouvoir répéter l’exploit à Pékin.

« On ne doit pas tirer de conclusion tout de suite parce que la saison est encore longue, mais j’ai raté quelque chose dans la préparation. Trop fait, pas assez, c’est encore incertain. C’est pourquoi on aime le sport : il y a des hauts et des bas. Quand tu es au top, c’est merveilleux et tu vis de belles émotions. Quand tu es dans les bas, ça fait mal en ost… »

Cyr n’entretenait pas grand espoir de renverser la tendance d’ici la fin des Jeux. Quoique le sprint par équipes, où il a terminé septième avec Graham Ritchie aux derniers Mondiaux, pourrait lui sourire. Encore faut-il qu’il reçoive l’appel de l’entraîneur.

« L’altitude se fait moins sentir dans un sprint et je suis un spécialiste du classique, alors ça pourrait être bon. Mais je ne suis pas sûr de prendre le départ, surtout après la course d’aujourd’hui. Il pourrait me laisser de côté. »

Dans une moindre mesure, Rémi Drolet, 33e à 3 min 12,9 sec, s’expliquait mal sa méforme aux JO. Il avait échoué à la 57e place au skiathlon.

« C’est assurément une amélioration par rapport à la dernière course, s’est-il encouragé. En partie parce que j’ai pu courser ma propre course et ne pas trop essayer de suivre un gros peloton de départ groupé. Cependant, je pense que je suis en train de combattre un haut niveau de fatigue en ce moment. Je ne suis pas dans la meilleure forme. Tout ça pris en compte, j’ai aussi bien performé que ma forme le permettait. »

Comme Cyr, le natif de Rossland, en Colombie-Britannique, se demande s’il n’en a pas « trop fait » en prévision de la quinzaine. « Je me sens juste vraiment fatigué et j’ai de la misère à me rétablir de ça. C’est sûr que l’altitude, ça fait juste empirer ça. »

Drolet avait meilleur espoir de rebondir en vue du relais 4 X 10 km de dimanche.