(Zhangjiakou) Émilie, l’aimant à médailles à la montagne, n’y croyait tellement pas qu’elle a parié une bière. Elle s’est même informée au centre de presse pour s’assurer que je disais vrai.

Eh oui, de notre hôtel, on aperçoit bel et bien la Grande Muraille de Chine. Le soir, elle est éclairée d’un ruban lumineux. En le suivant, on arriverait au centre national de ski de fond, où la Norvégienne Therese Johaug a gagné sa deuxième médaille d’or par quatre dixièmes, jeudi.

Ces vestiges de la Muraille sont si proches que ce serait facile d’y accéder à pied en quelques dizaines de minutes. Malheureusement, impossible de sortir de notre « boucle fermée ».

J’ai parcouru le secteur quelques fois à la course, une affaire de peut-être 2,5 km. Elle est clôturée d’un bout à l’autre. La seule ouverture sur la route est gardée par une barrière qui monte et descend au passage des bus et voitures accrédités. Dans des guérites, des policiers sympathiques montent la garde jour et nuit.

La « boucle » contient trois hôtels, dans un Club Med à peine terminé. Le nôtre donne directement sur la station de ski Thaiwoo, l’une des plus vastes en Chine, ouverte en 2015. Dénivelé de 510 m (un peu moins qu’Owl’s Head), 20 km de pistes, quatre remontées mécaniques et 20 tapis pour débutants. Son sommet pointe à 2160 m.

De ma chambre au huitième étage, j’entends parfois une dameuse qui refait le velours côtelé des pistes. Pourtant, Thaiwoo est désespérément fermée puisqu’elle se trouve dans la « boucle ». Quand il fait nuit, des lumières multicolores clignotent dans une pente. C’est joli quand on fait de l’insomnie.

La neige est pratiquement inexistante en dehors des pentes. Sur l’autre versant, un parcours de bosses est fraîchement aménagé au milieu de nulle part. Elle accueille une Coupe du monde depuis 2017. Mikaël Kingsbury y a signé sept victoires en huit départs. L’autre fois, il a fini deuxième.

Immaculé à notre arrivée, le ruban blanc de la piste de bosses a pris une couleur sablonneuse depuis quelques jours, probablement la faute au vent provenant du désert de Gobi, qui s’étend jusqu’en Mongolie de l’autre côté de la Muraille.

Thaiwoo, annoncée en grosses lettres blanches de style Hollywood sur l’un de ses flancs, offre un point de vue imprenable sur la Grande Muraille de Zhangjiakou. La ville-préfecture englobe un total de 1476 km du célèbre ouvrage et 1000 tours de guet. Les sections les plus vastes, les plus vieilles – certaines ont été construites entre 475 et 221 avant Jésus-Christ – et les mieux préservées de la Chine s’y trouvent. Pour cette raison, Zhangjiakou est surnommé le « musée des Grandes Murailles ».

Il faudra continuer à les observer de loin, une Tsingtao à la main.