(Zhangjiakou) Si la super vedette Mikaela Shiffrin prévoit s’aligner dans les cinq épreuves individuelles en ski alpin aux Jeux olympiques de Pékin, la Canadienne Valérie Grenier n’en ciblera qu’une seule : le slalom géant, première course féminine programmée lundi.

Depuis son arrivée dans la station de Yanqing, située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Pékin, la Franco-Ontarienne a pu se familiariser avec une neige (artificielle) unique qu’elle peine à décrire.

« Je n’ai jamais skié sur quelque chose comme ça, a-t-elle noté, samedi, en entrevue téléphonique. Ce n’est pas nécessairement mauvais, c’est juste très différent. »

Si la surface sèche se compare au hero snow de l’Ouest américain en ski libre, il en va tout autrement quand les athlètes posent les spatules dans les parcours d’entraînement.

« Quand c’est skié, ça crée des sillons qui ne se voient pas, mais que tu sens très agressivement », a relevé Grenier.

En toute franchise, elle admet que le rendu sous les skis n’est pas très agréable.

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Valérie Grenier, en novembre dernier

On dirait qu’on a de la misère à skier comme d’habitude. D’après ce qu’on a entendu, toutes les autres skieuses de la Coupe du monde se sentent comme ça. C’est bizarre. Je ne sais pas comment décrire ça. Ce n’est juste pas habituel.

Valérie Grenier

Dans les circonstances, elle tente de chasser les mauvaises pensées qui pourraient l’envahir. « C’est un peu décourageant juste avant la course. En même temps, je continue à me dire que c’est la même chose pour tout le monde. Il faut seulement accepter que ce ne soient pas de bonnes sensations, même pendant la course. C’est la réalité, et il faut juste être prête à ça. »

Comme le reste des concurrentes, Grenier n’a jamais dévalé le parcours du centre national de Yanqing. La pandémie a empêché la tenue d’une épreuve test. Elle pourra le reconnaître lors de deux descentes en ski libre dimanche.

« Ça a l’air d’un dénivelé moyen, a-t-elle dépeint. La piste semble très belle. Ce n’est rien de trop à pic ni de trop plat, c’est un genre d’entre-deux. […] D’habitude, je suis meilleure sur les plats, mais j’ai eu de bonnes courses sur de gros pitchs à pic. »

Un podium en ligne de mire

Victime de fractures de ses deux plateaux tibiaux sur une chute à l’entraînement le 11 décembre, la représentante du club du Mont-Tremblant se sent parfaitement rétablie. À l’occasion d’un retour presque miraculeux moins d’un mois plus tard, elle a fini quatrième à Kranjska Gora, un sommet personnel. À son dernier départ avant le voyage pour la Chine, elle a surmonté une première manche difficile pour remonter à la 11e place.

À ses deuxièmes Jeux, l’athlète de 25 ans réitère sa volonté de monter sur le podium, sans en faire un absolu.

Je crois vraiment que je suis capable, et c’est ce que je vise. Mais comme je l’ai dit à plusieurs reprises, si ça ne se passe pas, ce n’est pas la fin du monde. C’est ce que je veux, mais je ne veux pas non plus être complètement chamboulée si ça n’arrive pas.

Valérie Grenier

À ses yeux, les favorites sont difficiles à identifier. L’Américaine Shiffrin, tenante du titre, la Slovaque Petra Vhlová, la Française Tessa Worley et la Suédoise Sara Hector, meneuse au classement avec ses trois victoires cette saison, sont des prétendantes.

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L’Américaine Mikaela Shiffrin est l’une des favorites pour remporter l’épreuve de slalom géant, à Pékin.

« À chaque course, c’est vraiment ouvert à n’importe qui, a cependant noté Grenier. Il y a eu beaucoup de coureuses différentes dans le top 10. N’importe qui pourrait bien faire. Surtout aux Olympiques, on dirait que c’est toujours un peu surprenant, qui finit sur le podium. »

Sixième du combiné alpin en 2018, soit le meilleur résultat canadien, Grenier avait pu amplement profiter de sa quinzaine à PyeongChang, où elle a disputé quatre épreuves. Protocole COVID-19 oblige, elle devra cette fois quitter le Village des athlètes au lendemain de son seul départ.

« Je suis extrêmement contente d’être ici. Tout est bien organisé. C’est juste vraiment différent. »

Des papillons ? « Un peu, oui, ça commence. C’est fou comme la course arrive bientôt ! Ce n’est pas encore trop intense, mais je sens que ça s’en vient. »