(Zhangjiakou) Pour la première fois depuis le triomphe de Jean-Luc Brassard aux Jeux olympiques de Lillehammer, en 1994, seuls deux skieurs représenteront le Canada à l’épreuve masculine des bosses.

À Pékin, l’hyper favori Mikaël Kingsbury sera accompagné par Laurent Dumais, qui s’est qualifié in extremis pour ses premiers Jeux.

Sixième aux derniers Championnats du monde au Kazakhstan, le skieur de 25 ans semblait bien en selle pour assurer sa place.

Mais un bête incident a failli tout faire capoter. En brossant son chien l’été dernier, il s’est infligé une hernie discale. Au début de décembre, il a tout tenté pour reprendre l’action à la Coupe du monde d’ouverture en Finlande, mais il a rapidement compris qu’il n’y parviendrait pas.

Forcé de rentrer à Québec, Dumais s’est soumis à une injection de cortisone pour soulager la douleur qui irradiait jusque dans une jambe.

À son retour à la compétition, le 7 janvier à Tremblant, il ne disposait que de quatre épreuves pour assurer sa sélection. Malgré un dos qui le faisait encore souffrir, il a réussi à améliorer son sort de course en course, jusqu’à une huitième place salvatrice sur le parcours coupe-gorge de Deer Valley, le 14 janvier.

Quelques jours plus tard, Dumais a intégré la « bulle » de Kingsbury pour un stage préolympique à la station Apex, en Colombie-Britannique. Sous les projecteurs d’une piste réservée par l’équipe canadienne, il a pu poursuivre sa remise en forme.

« Il faut toujours que je me ménage », a-t-il précisé, mardi soir, après son troisième entraînement au parc à neige de Genting, dans la zone de montagne de Zhangjiakou. « Le déplacement n’a pas été bon pour mon dos, mais je me sens quand même vraiment bien en ce moment. On gère ça très bien et je sens que je progresse depuis que j’ai commencé à Tremblant au début de janvier. »

« Des bosses et des sauts »

L’athlète de Québec ne le cache pas : les installations olympiques lui font tout un effet. « Tout est amplifié : il y a plus de clôtures, plus de projecteurs, plus d’écrans, plus de staff, il y a plus de tout. Vraiment, il n’y a qu’un mot, c’est : wow ! »

Malgré cet environnement impressionnant, il doit se rappeler que l’aspect sportif n’est rien de plus que ce qu’il connaît déjà. La neige artificielle lui donne un sentiment de familiarité.

« C’est le même style de neige qu’à la maison : de la neige de canon, a noté le produit du club de Stoneham. Elle est vraiment dure, ce n’est pas de la grosse poudreuse. On a l’habitude. J’aime ça. Ça sied pas mal à mon style. Ce sont des bosses et des sauts, et on essaie de garder ça en tête. »

En Colombie-Britannique, Dumais a partagé un condo avec Kingsbury, qui était bien heureux de ravoir de la compagnie après des semaines solos.

« Mik et moi, on s’entend vraiment super bien. C’est un très, très bon coéquipier et un très bon ami. Je lui ai beaucoup posé de questions. Comment c’est ? Comment as-tu vécu tes premiers Jeux ? Comment gères-tu ça ? J’ai pris beaucoup d’informations. »

Personnellement, j’essaie de garder ça comme une Coupe du monde, rien de plus.

Laurent Dumais

Peu après une troisième place à Val-Saint-Côme en 2016, un premier podium en Coupe du monde, Dumais est devenu champion mondial junior en parallèle. Il a mis quatre ans à renouer avec le podium, terminant troisième à deux épreuves consécutives au Japon et au Kazakhstan, juste avant le début de la pandémie.

Avec l’état de son dos, le format particulier de la compétition olympique – une ronde qualificative, peut-être deux, et trois rondes finales – sera un défi supplémentaire pour Dumais. « Il faut que je m’en garde pour la grosse journée [des finales, samedi]. Après les qualifs, il s’agira de s’améliorer un peu de fois en fois. »

Kingsbury estime que son coéquipier est en mesure de monter sur le podium à Pékin. Qu’en pense le principal intéressé ? « Encore une fois, je reviens à l’expression : ce sont des bosses et des sauts. Ce n’est pas parce qu’on est aux Jeux que ça change. J’essaie de garder cet état d’esprit. »

Les premières qualifications féminines et masculines auront lieu jeudi soir au parc à neige de Genting. Les sœurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe, qui n’accordent pas d’entrevues avant la fin des compétitions, et Sofiane Gagnon, de Whistler, seront les trois partantes canadiennes. Les finales masculines sont programmées samedi et les finales féminines, dimanche.