(Pékin) La flamme olympique a escaladé jeudi la Grande Muraille, symbole chinois par excellence, à la veille de l’ouverture officielle des Jeux d’hiver de Pékin, marqués par la menace épidémique et des tensions diplomatiques.

La cérémonie d’ouverture n’a lieu que vendredi à 20 h locales (7 h, heure de l'Est) mais les premières épreuves – du curling – ont débuté mercredi soir dans ces deuxièmes JO de l’ère COVID-19, après ceux de Tokyo l’été dernier.  

Les compétitions se sont poursuivies jeudi avec les premiers matchs du tournoi féminin de hockey sur glace, les qualifications en ski de bosses et la deuxième journée de tournoi de curling en double mixte.

Jeudi matin, par beau temps mais un froid glacial, les relayeurs de la flamme ont escaladé les marches de la Grande Muraille sur le site historique de Badaling, dans des montagnes sans neige situées à 75 km au nord-ouest de Pékin.  

L’acteur de kungfu hongkongais Jackie Chan faisait partie des porteurs de torche, se disant « très fier » de représenter la Chine à cette occasion.

Mais les controverses ne s’apaisent pas à la veille du coup d’envoi.

Le début du relais de la flamme mercredi a fait l’objet d’une polémique en Inde, lorsque la presse a révélé qu’un des porteurs de torche était un soldat chinois impliqué en 2020 dans un affrontement avec l’armée indienne dans l’Himalaya.  

Le combat à mains nues avait causé la mort d’au moins vingt soldats indiens et quatre chinois, détériorant gravement les relations entre les deux grands voisins.

Défense de fraterniser

Pékin ne cesse de dénoncer le mélange du sport et de la politique en réponse au « boycott diplomatique » observé par plusieurs pays occidentaux, États-Unis en tête, afin de dénoncer des violations des droits humains en Chine.

Ces pays envoient bien des athlètes à Pékin mais pas de délégation officielle.

En réponse, le régime communiste a publié la semaine dernière une liste de vingt dirigeants mondiaux qui seront présents aux Jeux, au premier rang desquels Vladimir Poutine, au centre de l’attention mondiale du fait des craintes d’invasion russe en Ukraine.

Hasard ou non, la Russie avait fait la guerre à la Géorgie, autre ex-république soviétique pro-occidentale, lors des précédents JO de Pékin en 2008.  

Le Kremlin a revendiqué mercredi le soutien de la Chine quant à ses exigences vis-à-vis de l’Occident, avant une rencontre entre Poutine et son homologue chinois Xi Jinping en marge des JO.

Fin janvier, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait apporté son soutien aux « préoccupations raisonnables » de Moscou vis-à-vis de l’Ukraine.

Dans ce contexte tendu, le gouvernement ukrainien a demandé à ses athlètes de ne pas fraterniser avec les Russes lors des Jeux.

300 cas positifs

Les JO de Pékin accueillent 92 délégations et très exactement 2892 participants. Pour cause d’épidémie, ils sont confinés dans une bulle sanitaire qui comprend les sites de compétition, les hôtels et les centres de presse.

Aucun contact n’est autorisé avec la population générale en dehors de la bulle, Pékin observant une stratégie du zéro COVID-19.

Les participants y sont soumis à des dépistages quotidiens. En date de jeudi, près de 300 cas positifs avaient été dénombrés depuis l’entrée en vigueur du dispositif le 23 janvier.

Malgré le contexte épidémique, les Jeux de Pékin « vont changer pour toujours l’échelle des sports d’hiver », a assuré Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO).

« La Chine a déjà écrit l’histoire en dépassant l’objectif de familiariser 300 millions de ses citoyens aux sports de neige et de glace », a-t-il déclaré, en ouvrant jeudi la 139e session de l’instance olympique.

Si l’image du site olympique de ski alpin, bâti de toutes pièces au milieu de montagnes arides avec 100 % de neige artificielle, laisse nombre d’observateurs étrangers perplexes, « aujourd’hui, nous pouvons le dire : la Chine est un pays de sports d’hiver », a affirmé Thomas Bach.

Dans un message aux participants, Xi Jinping a promis que la Chine ferait « de son mieux pour offrir au monde des Jeux simples, sûrs et splendides ».

En soirée, l’affaire Peng Shuai, du nom de la joueuse de tennis chinoise qui a accusé un ancien dirigeant chinois de rapport sexuel forcé, a ressurgi lors d’une conférence de presse de Thomas Bach, interrogé sur son sort.

« Si elle veut une enquête (sur ces accusations), bien sûr nous la soutiendrons, mais cela doit être sa décision, c’est sa vie, ce sont ses accusations. Nous avons eu les accusations et nous avons entendu aussi le retrait » de ces accusations, a déclaré le patron du CIO qui a rappelé qu’il allait rencontrer la joueuse durant les JO sans donner de date.