(Pékin) Trop tendre à PyeongChang, l’ogre norvégien Jarl Magnus Riiber ne laisse depuis que des miettes à la concurrence. Les JO-2022 de Pékin s’annoncent comme les siens : le prodige de 24 ans du combiné nordique peut viser un triplé rarissime à partir du 9 février.

Jarl Magnus Riiber n’affiche aucune médaille olympique individuelle à son palmarès, mais certains initiés du combiné, sport qui réunit le saut à ski et le ski de fond, le désignent déjà comme le meilleur de tous les temps.

S’il égale la légende finlandaise Samppa Lajunen, le seul ayant signé un triplé doré (tremplin normal, grand tremplin et par équipes), aux JO-2002 de Salt Lake City, le débat sera sans doute clos.

Peu de sportifs exercent une telle suprématie sur leur discipline. Triple lauréat du classement général de la Coupe du monde de combiné nordique, le Norvégien, également double champion du monde sur tremplin normal (2019 et 2021), est intouchable depuis deux ans et demi.

Depuis novembre 2019, il a participé à 45 épreuves de Coupe du monde et n’a terminé que quatre fois au-delà de la deuxième place, dont deux fois lors du dernier week-end de Coupe du monde avant les JO.

Même le réveil d’un virus dormant après ses doses de vaccin cet été n’a pas ralenti son rythme : le natif d’Oslo a signé neuf victoires cet hiver.

Nouvelle fausse alerte début janvier quand une blessure au dos l’a incité à faire l’impasse sur deux week-ends de Coupe du monde. « La date de la blessure ne pouvait pas mieux tomber », a-t-il rassuré sur les réseaux sociaux.

Une affaire de famille

Pour son retour en compétition, il est devenu le 18 janvier vice-champion de Norvège de… saut à ski. Une performance qui en dit long sur ses qualités de sauteur, celles qui lui permettent à chaque course d’aborder la partie ski de fond en position très favorable.

Issu d’une lignée du combiné-un grand-père pratiquant, un père vice-champion du monde junior en 1984 —Jarl Magnus Riiber a commencé le saut à ski dès ses quatre ans. Presque une obligation familiale. Son frère Harald-Johnas a d’ailleurs évolué en Coupe du monde de combiné nordique lui aussi.

À seulement 24 ans, Riiber est déjà tout proche du record de succès en Coupe du monde — 44 contre 48 pour le Finlandais Hannu Manninen. Médaillé d’argent par équipes aux JO-2018 mais seulement quatrième des épreuves individuelles, il a une revanche à prendre en Chine. Comme la Norvège d’ailleurs. La « Norge » avait dominé le tableau des médailles en Corée du Sud, mais n’en avait glané aucune en individuel en combiné.

Seuls deux hommes paraissent en mesure de priver Riiber de titres olympiques. D’abord l’autre prodige, l’Autrichien Johannes Lamparter (20 ans) qui lui a ravi le titre de champion du monde en grand tremplin l’an passé, et qui s’est adjugé trois des quatre courses en l’absence du Norvégien en janvier. À surveiller aussi, l’Allemand Vinzenz Geiger (24 ans) qui s’est le plus souvent imposé en Coupe du monde les rares fois où Riiber a été battu.

Le meilleur Français Laurent Mühlethaler (24 ans) est en mesure de s’immiscer dans le top 10. Par équipes, même la médaille de bronze — derrière la Norvège et l’Allemagne — paraît hors de portée.

Le combiné nordique est le seul sport à ne pas avoir d’épreuve féminine, ce qui pourrait changer en 2026.