(La Haye) Le patinage de vitesse est un sport simple, des patineurs qui tournent sur un anneau de 400 m et à la fin, ce sont les Néerlandais qui gagnent : le célèbre aphorisme de Gary Lineker sur le football, adapté à la glace, sera à nouveau vérifié lors des JO-2022 de Pékin (4-20 février), à moins d’une énorme et bien improbable surprise.

C’est la nation de référence du patinage de vitesse avec un total de 121 médailles décrochées sur les 569 décernées aux JO depuis 1924 !

Il y a quatre ans, les Pays-Bas avaient ramené grâce à leurs patineurs seize médailles de PyeongChang, dont sept en or, un bilan en retrait par rapport à la razzia réalisée en 2014 à Sotchi avec 23 podiums sur 36 possibles.

Aucune raison que cette tradition néerlandaise soit stoppée à Pékin, tant la discipline reste le sport roi aux Pays-Bas et les facteurs qui expliquent cette domination, nombreux : la culture, les infrastructures, la médiatisation des athlètes, leur physiologie aussi…

Historiquement, le patinage est plus qu’un sport chez les « Oranje ». C’est aussi un moyen de locomotion, largement utilisé au siècle dernier, à l’instar du vélo.

Dès le XIIIsiècle, les habitants se déplaçaient d’un village à l’autre sur les centaines de kilomètres de canaux que compte ce pays. Des documents historiques mentionnent les premières compétitions dès le XVIIe siècle.

Comme des footballeurs

La plus emblématique est sans doute l’Elfstedentocht (Tour des onze villes), une course d’endurance de 200 kilomètres, disputée régulièrement depuis plus d’un siècle par 15 000 patineurs et suivie dans une ambiance de carnaval par des centaines de milliers de spectateurs dans la Frise, au nord du pays.

Le réchauffement climatique ayant fait son œuvre, la course n’a plus lieu que rarement, la dernière édition remontant à 1997.

Qu’importe, les Néerlandais, tellement friands de patinage, se sont rabattus sur les compétitions sur anneaux (de 400 mètres). Et leur physiologie — les Néerlandais affichent la taille moyenne la plus haute au monde, selon l’Organisation mondiale de la santé — les a bien aidés dans un sport qui nécessite une grande amplitude de mouvement.

Le pays compte seize anneaux (pour seulement quatre aux États-Unis et aucun en France). Le plus célèbre est le Thialf d’Heerenveen, une enceinte pouvant accueillir 12 500 spectateurs, souvent déchaînés dans ce qui est considéré comme La Mecque des patineurs.

« C’est un truc de folie. L’ambiance est incomparable. À Heerenveen, les patineurs sont des dieux », expliquait en 2018 à l’AFP le patineur français Alexis Contin.

« Nous avons les meilleures infrastructures du monde, des commanditaires qui nous aident, une médiatisation digne de nos meilleurs footballeurs », renchérit Sven Kramer.

Qualification laborieuse pour Kramer

Ce dernier est considéré à 35 ans comme le meilleur patineur de l’histoire du haut de ses neuf médailles olympiques (dont quatre titres) et de ses vingt-deux sacres mondiaux.

Si sa qualification pour Pékin a été laborieuse, Sven Kramer s’alignera sur le 5000 m, distance où il a sacré en 2010, 2014 et 2018, le départ groupé et la poursuite par équipes.

Autre légende de la discipline, Ireen Wüst (35 ans également), quintuple championne olympique qui disputera son épreuve de prédilection, le 1500 m, et participera aussi au 1000 m et à la poursuite par équipes.

La sélection de ces deux vétérans met toutefois en évidence la difficulté qu’éprouve la relève à s’aligner sur les performances de ces icônes.

La génération 2022 incarnée par Irene Schouten, Femke Kok ou Thomas Krol, devra cravacher pour se mettre à la hauteur de leurs prédécesseurs. D’autant que la concurrence est plus forte depuis deux ans avec notamment les Canadiens, Russes, Japonais et Américains à l’affût.

« Mais même lorsqu’ils ne sont pas favoris, les Néerlandais finissent par gagner », constate le Belge Bart Swings, spécialiste du départ groupé, venu comme beaucoup d’autres patineurs présents à Pékin du patin à roues allignées.