À quoi pensent les athlètes qui remplissent leurs valises en prévision des Jeux olympiques de Pékin ? Le patineur de vitesse Laurent Dubreuil nous ouvre les siennes. Ce qu’on y découvre peut parfois être surprenant.

Les patins

« C’est clair que les patins, c’est la chose que je veux le moins oublier. Ça et mon passeport ! Mettons que mon 500 m en course à pied est pas mal plus lent qu’avec des patins dans les pieds… Mes bottines seront assurément dans mon sac à dos. Les lames, ça dépend du pays où l’on est et des règles de sécurité. Pour un vol en Amérique du Nord, mes lames sont dans mon sac à dos, sur mes patins, parce que c’est permis. En Europe et en Asie, mes lames sont dans la valise en soute parce que les mesures sont différentes. Comme le vol est direct entre Vancouver et Pékin, je vais probablement les garder dans ma valise en cabine. Généralement, j’apporte deux ou trois paires de lames. Mais là, ça va être deux parce que la troisième paire ne va vraiment pas bien ! Les athlètes de courte piste apportent peut-être cinq paires de lames parce qu’ils tombent et s’accrochent. En longue piste, ça n’arrive jamais. Mais c’est clair que j’aurai une paire de lames de rechange. »

Le t-shirt du rat-taupe nu

PHOTO FOURNIE PAR LAURENT DUBREUIL

Rose, deux ans et demi, avec son t-shirt favori qui appartient à son père, Laurent Dubreuil : le rat-taupe nu…

« Un de mes t-shirts préférés est celui avec un gros rat-taupe nu imprimé. C’est un de mes animaux favoris ! En réalité, je serais probablement terrifié devant cette atrocité. Mon frère Daniel avait développé une affection particulière pour les rats-taupes nus. Pour niaiser, on lui a fait faire un t-shirt. J’en ai commandé un aussi parce que je trouve ça cool comme animal. Ma fille Rose est tombée en amour avec ce t-shirt. Quand je le mets, elle insiste pour donner un bisou au rat-taupe nu. Tous les adultes sont là : “Ark, non, Rose !” Elle dit : “L’aime, moi, rate-taupe nu…” Elle l’aime vraiment. Je l’apporte donc souvent en voyage. Généralement, il y a quelques gars qui trouvent ça hot. La plupart des filles sont outrées que j’ose mettre une chose aussi laide. Je l’ai porté en Norvège la journée où j’ai gagné le 500 m. Je savais que j’avais probablement quelques caméras sur moi après ma victoire. Je n’ai donc pas remis ma veste de l’équipe pour qu’on voie bien le rat. Ça a bien fait rire ma famille. »

IMAGE TIRÉE D’UNE VIDÉO

Laurent Dubreuil portant son t-shirt de rat-taupe nu après sa victoire au 500 m de Stavanger, en Norvège, le 20 novembre dernier. À son côté, l’ex-patineuse Hege Bokko ne semble pas trop effrayée par l’étrange bête…

Un livre pour Rose

« Je vais apporter un ou deux livres pour lire à Rose. À la maison, c’est plus ma femme Andréanne qui lui fait la lecture. Elle est prof de primaire et elle a un talent de narratrice. Mais je le fais souvent aussi. Rose adore ça. Avant-hier, on lui a lu 15 livres différents. Ça fait une activité quand je suis parti. Elle n’est pas encore à l’âge où je peux avoir une grande conversation avec elle. Elle se tanne assez vite de parler à quelqu’un à travers un ordi. Mais si tu lui lis un livre, souvent, elle reste devant l’écran. J’en apporte un ou deux, pas trop lourds, pour ne pas surcharger ma valise. Vous devriez voir le nombre de livres qu’il y a ici. Ça n’a aucun bon sens. On croirait que Rose est notre septième enfant ! J’aurai donc l’embarras du choix. »

Des collations

« Des collations, surtout quand on va en Asie ou en Chine. C’est sûr qu’aux Jeux olympiques, il y a plus d’options, mais on ne sait jamais de quoi la nourriture aura l’air. Ce n’est jamais mauvais d’avoir deux ou trois options sur lesquelles se rabattre si jamais un repas n’est pas mangeable ou que tu as de la difficulté à t’adapter à la nourriture locale. Donc : quelques barres tendres, du beurre d’arachides, des choses nutritives qui bourrent au cas où ça ne fonctionnerait pas avec la bouffe, un soir donné. Un autre incontournable pour nous, ce sont des collations de récupération après un entraînement avant de retourner au village olympique. Ils ne vérifient pas le poids de la valise de cabine. Je la remplis donc de tout ce qui est lourd. Avec du beurre d’arachides ou des barres tendres, le poids monte assez vite. Avec tout ça, je suis capable de passer à travers et j’ai des collations pour trois bonnes semaines. »

Des lacets

PHOTO FOURNIE PAR LAURENT DUBREUIL

Les patins de Laurent Dubreuil et leurs lacets roses, avant le départ pour les Jeux olympiques de Pékin

« Des lacets de rechange roses. Mes lacets étaient roses même avant la naissance de Rose. Mais elle est vraiment contente que mes patins soient blancs et mes lacets roses. Comme ses patins, qui sont rose et blanc. J’empile quelques paires de lacets roses dans ma valise parce que je change de lacets quelques jours avant ma course, au cas où. Un lacet qui pète, c’est niaiseux, mais c’est comme une peine de mort avant une course, surtout sur un sprint. Tu ne pourrais jamais attacher tes patins assez serrés avec un lacet qui brise cinq minutes avant ta course. Ça m’est arrivé plus jeune, mais ça fait longtemps. J’ai déjà participé à des courses de 100 m en fin de saison aux Pays-Bas. Un œillet de métal avait brisé et ça coupait. Mon lacet avait donc cassé à cause de ça. Ce n’était pas une course importante, mais ça n’a pas été un grand succès ! Pour éviter d’entrer dans un commerce à cause des risques de COVID-19, j’ai envoyé mon père au Canadian Tire acheter six paires de lacets roses. Ce sont des lacets cirés de hockey de 72 po, les plus courts. Je devrais être correct pour un an avec ça. Je vais probablement les changer avant de partir et en apporter deux ou trois paires de rechange. »

Mon carnet d’entraînement

PHOTO FOURNIE PAR LAURENT DUBREUIL

L’un des cahiers d’entraînement qui accompagnent Laurent depuis le début de sa carrière, en 2011

« C’est un peu comme mon journal intime, mais je me sens plus viril en l’appelant mon carnet d’entraînement ! Je le tiens depuis la saison 2011-2012 et je dois être rendu au 13e ou au 14e. Chaque jour, j’y inscris tout : ce que je fais à l’entraînement, mes heures de sommeil, mon poids si j’ai accès à une balance, mon niveau de fatigue perçu, mon humeur, si j’ai mal quelque part, etc. Grâce à ces carnets, je suis capable de retourner dans le passé pour m’inspirer pour le futur. C’est un excellent outil et ça me garde honnête face à moi-même parce que j’ai une règle en le remplissant : je ne me mens pas. J’écris vraiment ce que j’ai fait et comment je me suis senti. Si je ne me sens pas bien, j’écris que je ne me sens pas bien. C’est littéralement mes impressions quotidiennes tout au long de ma carrière. »