Un contingent presque entièrement québécois représentera le Canada en patinage de vitesse sur courte piste aux Jeux olympiques de Pékin, le mois prochain.

Menée par Charles Hamelin, qui en sera à ses cinquièmes Jeux, et Kim Boutin, triple médaillée individuelle à PyeongChang, l’équipe se distingue par sa jeunesse avec un total de sept recrues olympiques.

À 18 ans, la prometteuse Florence Brunelle sera la plus jeune patineuse sur courte piste canadienne de l’histoire à prendre le départ d’une épreuve olympique.

« En 2018, honnêtement, je ne pensais pas aller aux Jeux de 2022 », a indiqué l’athlète de Trois-Rivières lors du dévoilement de l’équipe par visioconférence, mardi midi.

« À partir du moment où j’ai participé aux Jeux olympiques de la jeunesse et aux Championnats du monde juniors [deux podiums chaque fois], j’ai compris que c’était un objectif qui pouvait être réaliste. Je me suis entraînée fort et [j’ai] fait ce qu’il fallait pour réussir à faire partie de l’équipe. »

Maxime Laoun, qui revient d’une horrible blessure à une jambe subie il y a deux ans, découvrira lui aussi les Jeux olympiques.

« Ç’a été un grand parcours, a noté le Montréalais. Je n’ai jamais regardé derrière ; je me suis blessé et à partir de ce moment, je savais que j’avais deux ans pour me remettre en forme pour les Jeux. C’est un rêve depuis que j’ai 3 ans. »

PHOTO GREG KOLZ, FOURNIE PAR PATINAGE DE VITESSE CANADA

Maxime Laoun

Cette inexpérience relative ne sera pas un frein aux ambitions de l’équipe, a promis son entraîneur-chef.

« On a démontré sur les Coupes du monde cet automne qu’on était capables de ramener un certain nombre de médailles malgré la jeunesse », a souligné Sébastien Cros, qui sera épaulé par Marc Gagnon.

Le groupe a cumulé 17 podiums cette saison et sécurisé le maximum de 10 places de quota olympique.

« Je n’ai pas d’objectifs chiffrés [de médailles aux Jeux] parce que mettre un chiffre, c’est aussi une limitation quelque part, a poursuivi le Français d’origine. Mais on a toujours l’ambition d’embarquer sur la glace et de gagner des courses, peu importe la façon : être audacieux, agressifs, proactifs. »

« Pour l’amour du sport »

Champion du monde en titre du 1500 m, Hamelin ne manque pas d’ambitions pour son cinquième tour de piste olympique. Quintuple médaillé depuis 2006, l’homme de fer du courte piste pourrait rejoindre le sprinteur Andre De Grasse au sommet de la liste des Canadiens avec le plus de podiums olympiques.

« Je n’ai jamais patiné pour les records ou pour écrire l’histoire », a rappelé celui qui est devenu père durant le dernier cycle.

« Je l’ai toujours fait pour l’amour du sport, parce que j’aime être là et que j’ai toujours aimé être là. C’est la raison pour laquelle j’y suis encore en ce moment. Si je reviens avec une médaille, ce sera incroyable. Mais mon but ultime, c’est de revenir avec un grand sourire au visage. »

Kim Boutin partage le même état d’esprit. Après un parcours personnel difficile à PyeongChang, où elle a été l’objet de menaces de mort sur les réseaux sociaux, elle souhaite « savourer le moment » dans la capitale chinoise. Sans pour autant brider ses ambitions.

« Je sais que les prochains Jeux seront différents. Tout est différent, et on dirait qu’on ne s’est pas préparés de la même façon. Ça va être d’apprivoiser chaque chose comme une nouvelle expérience parce que je suis différente et mon environnement aussi va l’être. Je devrai donc les voir comme de premiers Jeux, dans un sens, et viser la performance. »

PHOTO DAVID BOILY LA PRESSE, ARCHIVES LA PRESSE

Kim Boutin

Pascal Dion est le troisième vétéran de PyeongChang, où il a contribué au bronze au relais. Il s’est révélé sur le plan individuel cette saison, montant sur le podium à quatre reprises et coiffant le classement général au 1000 m.

Une pression additionnelle ? « Ça rajoute de la confiance, a rétorqué le Montréalais. J’ai toujours été un gars qui a bien performé dans les distances où j’étais confiant. »

Cycle éprouvant

Le dernier cycle olympique a été passablement éprouvant pour l’équipe canadienne. Samuel Girard, seul médaillé d’or à PyeongChang, s’est d’abord retiré à la surprise générale à l’âge de 22 ans. D’autres patineurs ont suivi, parfois en condamnant les méthodes de l’organisation.

En plein début de pandémie, l’entraîneur de longue date de l’équipe féminine, Frédéric Blackburn, a quitté ses fonctions après une enquête de Patinage de vitesse Canada à la suite d’une plainte d’une athlète.

Une vague de COVID-19 a frappé l’équipe la saison dernière. Une autre a suivi après un stage pour resserrer les liens à Québec avant Noël. Onze des 12 membres de l’équipe ont été infectés, forçant une pause de patinage de 10 jours pendant la période des Fêtes.

« Il y a eu un peu d’adaptation, mais on l’a vécu l’an passé, pour d’autres raisons, des coupes au niveau de la glace », a relaté Cros, qui a pris le groupe féminin sous sa gouverne après le départ de Blackburn.

« On a développé notre capacité de s’entraîner un peu différemment hors glace. On a fait la même chose [cette fois]. Ça nous a permis de maintenir le niveau de forme. Les performances que tout le monde a faites sur la glace sont très, très bonnes. Je ne suis pas inquiet du tout. »

Comme en 2018, l’équipe est composée à 90 % de patineurs québécois. Courtney Sarault vient du Nouveau-Brunswick, mais son père, l’ex-hockeyeur professionnel Yves Sarault, un choix au repêchage du Canadien de Montréal, est originaire de Salaberry-de-Valleyfield.

Médaillée à cinq reprises en Corée du Sud, où Boutin a porté le drapeau à la cérémonie de clôture, le Canada peut-il viser aussi haut à Pékin ?

Foi de la directrice générale Susan Auch, l’optimisme est de mise : « On a peut-être l’équipe la plus forte que Patinage de vitesse Canada a envoyée aux Jeux olympiques. »

Le groupe continuera d’évoluer dans une « bulle ultra-hermétique », dixit le directeur haute performance Marc Schryburt, avant son envol pour Pékin le 26 janvier depuis Vancouver.