Sans surprise, Valérie Maltais et Antoine Gélinas-Beaulieu se joignent à Laurent Dubreuil, préqualifié, dans l’équipe qui représentera le Canada en patinage de vitesse sur longue piste aux Jeux olympiques de Pékin.

En vertu de leurs résultats aux championnats canadiens et en Coupe du monde, Maltais, spécialiste du 3000 mètres, du départ de groupe et de la poursuite par équipes, et Gélinas-Beaulieu, qui excelle au départ de groupe et au 1000 m, feront partie des 16 patineurs – 8 femmes et 8 hommes – qui composeront l’équipe canadienne.

À 29 ans, Gélinas-Beaulieu en sera à ses premiers JO. Ancienne étoile internationale junior en longue piste et en courte piste, le natif de Sherbrooke a pris une pause de quelques années avant de reprendre le collier en longue piste à Québec.

« Ç’a été un long chemin, 20 ans de travail avec des hauts et des bas », a-t-il commenté lors du dévoilement de l’équipe par Patinage de vitesse Canada lundi après-midi. « Présentement, c’est dur de le réaliser parce qu’on est dans une bulle. On ne le fête pas avec nos amis, notre famille. Le temps des Fêtes a été assez tranquille. C’est vraiment là-bas que je pourrai le réaliser et absorber l’ampleur de ce que j’ai accompli. »

À 31 ans, Maltais prendra part à ses quatrièmes Jeux olympiques, les premiers en longue piste après trois sélections en courte piste. « Je les considère quasiment comme mes premiers, a souligné la médaillée d’argent au relais à Sotchi en 2014. Tellement de nouvelles choses vont m’arriver. Je peux me fier à l’expérience acquise pour savoir dans quoi je m’en vais cette fois-ci. »

PHOTO DAVE HOLLAND, ARCHIVES FOURNIE PAR PATINAGE DE VITESSE CANADA

Valérie Maltais

Avec Isabelle Weidemann et Ivanie Blondin, elle fait partie d’un trio qui peut prétendre à l’or. « Mon objectif, c’est qu’on se rende sur le podium pour la poursuite par équipes, a précisé la native de La Baie. Pour les distances individuelles – le mass start et le 3000 mètres –, ce sera chaque fois de faire les meilleures courses possibles ou de voir où je peux aller. Un top 10 dans chacune de mes distances me rendrait bien satisfaite. »

Comme à PyeongChang, Maltais sera accompagnée de son fiancé, Jordan Belchos. L’Ontarien de 32 ans est inscrit au départ de groupe et à la poursuite par équipes.

À ses deuxièmes JO, Laurent Dubreuil sera cette fois l’un des meneurs de l’équipe avec le double médaillé de PyeonChang Ted-Jan Bloemen et Weidemann, sextuple médaillée en Coupe du monde depuis le début de la saison. En 2018, l’athlète de Lévis s’était blessé à l’aine, avait été malade et avait dû se défendre devant un arbitre avant de confirmer son billet au 500 m.

« Quand je suis arrivé, il ne me restait plus grand-chose, le niveau n’était malheureusement plus là », a rappelé celui qui s’était classé 18e au 500 m et 25e au 1000 m en Corée du Sud.

Le scénario est complètement différent cette fois-ci. Champion mondial en titre du 500 m, Dubreuil est monté sur le podium à ses huit départs cette saison, s’inscrivant comme le deuxième performeur de tous les temps à Calgary le mois dernier.

« J’ai très hâte de m’envoler pour la Chine, voir l’anneau, comment ça se passe, d’apprivoiser les Jeux », a indiqué celui qui participera à une première simulation de course samedi.

« Mais j’ai vraiment hâte aussi de faire des courses. Mon dernier 500 mètres en Coupe du monde remonte au 12 décembre. Celui des Jeux sera le 12 février, ça fait donc deux mois pile. C’est très long. J’ai des fourmis dans les jambes. J’ai hâte de voir comment l’entraînement des cinq dernières semaines a payé. »

Dubreuil ne s’inquiète pas du tout d’avoir atteint son apogée physique trop tôt. Il rappelle que Bloemen avait réalisé un record du monde en décembre 2017 avant d’enlever l’or olympique du 10 000 m en février 2018.

« Être bon en décembre, ce n’est pas mauvais signe, c’est bon signe. C’est signe que tu es compétitif. Les athlètes qui disent ne pas vouloir être bons trop tôt, c’est quasiment se donner une excuse pourquoi tu n’es pas bon à ce moment-là. Le but, c’est d’être bon tout le temps. »

La direction de Patinage de vitesse Canada a dû compléter son équipe sans la tenue des essais prévus à la fin de décembre à Québec. La fédération avait annulé la compétition à la suite d’une éclosion de COVID-19 dans l’équipe de courte piste, qui s’était entraînée là un peu avant la mi-décembre.

Boisvert-Lacroix absent de l’équipe

L’une des grandes inconnues de la sélection olympique canadienne était l’identité du deuxième patineur au 500 m. C’est finalement Gilmore Junio qui a été retenu.

Alex Boisvert-Lacroix, qui visait de deuxièmes Jeux, pensait avoir eu le meilleur sur son rival albertain durant la saison.

Invitée à expliquer cette décision, la directrice générale Susan Auch s’est limitée à ce commentaire : « En ce qui concerne Alex Boisvert-Lacroix, il n’a pas satisfait les critères d’admissibilité. Il n’a donc pas été nommé dans l’équipe, et la personne suivante la mieux placée était Gil Junio. »

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Alex Boisvert-Lacroix

En plus de Gélinas-Beaulieu, six patineurs vivront leur baptême olympique, dont les prometteurs Graeme Fish, arrêté par la COVID-19 l’automne dernier, et Connor Howe.

Vincent De Haître, cinquième à la poursuite par équipes en cyclisme sur piste aux JO de Tokyo, l’été dernier, a raté son pari un peu fou de renouer avec les JO en patinage de vitesse. Il a simplement manqué de temps.

« Je m’attendais à être assez proche pour peut-être avoir une chance, mais la pandémie a annulé les courses éliminatoires, a-t-il noté. Mais je me suis battu jusqu’à la fin. Cette équipe-là n’est pas mauvaise. C’est une bonne équipe avec de bons patineurs qui ont d’excellentes chances aux Jeux. »

Le Canada a remporté un total de 37 médailles olympiques en patinage de vitesse sur longue piste, un sommet pour tous les sports d’hiver. À PyeongChang, Bloemen a été l’unique médaillé, montant deux fois sur le podium. Le plus haut total de podiums a été atteint à Turin avec huit en 2006.

Susan Auch ne s’est pas avancée sur un objectif de médailles, mais a estimé que cette présentation des Jeux « pourrait être l’une de nos meilleures ». « Nous avons hâte de voir nos athlètes heureux et en santé aux Jeux. Ça te conduit à tes meilleures performances sur la glace. C’est certainement ce que l’on souhaite pour chacun d’eux : avoir leur meilleure performance le jour où ça compte. »

Après leur préparation finale dans leurs bulles respectives à Québec et à Calgary, les membres de l’équipe s’envoleront pour Pékin le 26 janvier depuis Vancouver, dans un vol nolisé par le Comité olympique canadien. Les noms des 10 représentants de l’équipe olympique de courte piste, qui partiront en même temps, seront rendus publics mardi.