Maxime Dufour-Lapointe interrompra ses stages en médecine pendant deux semaines, en février 2022, afin de s’envoler pour Pékin. Vous ne la verrez cependant pas dévaler les pentes de ski. Elle sera plutôt l’un des cinq mentors de l’équipe canadienne aux Jeux olympiques.

Accompagnée des autres mentors Jill Officer, Geneviève Saumur, Sherraine Schalm et Seyi Smith, Maxime Dufour-Lapointe offrira écoute, soutien et encouragements aux athlètes canadiens tout au long de leur expérience olympique. Elle parlera avec la voix de celle qui l’a déjà vécu.

« Le mentorat, à la base, c’est quelque chose qui me rejoint beaucoup, fait savoir la femme de 32 ans. Je connaissais l’existence de ce programme. Quand l’équipe canadienne a publié une ouverture pour ces postes, pour lesquels on devait appliquer, je me suis dit : pourquoi pas ? »

Ex-skieuse acrobatique, Dufour-Lapointe a pris part aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014, terminant en 12e place. Âgée de 25 ans à l’époque, elle avait grandement bénéficié de l’aide des mentors de l’équipe canadienne, dont Marnie McBean et Jean-Luc Brassard.

« Pour mes sœurs [Chloé et Justine] et moi, Jean-Luc avait été particulièrement bon pour nous encadrer et nous guider dans la vague de médias qui nous avait ensevelies, se souvient-elle. C’était basé sur son expérience à lui. C’est ce qui est bien de ce rôle de mentor : tu vas piger dans tes expériences et tu les partages. »

Au fil des prochains mois, elle participera aux rencontres de performance olympique et sera responsable d’élaborer des idées pour la création d’un environnement optimal de haute performance.

De son quartier général au Village olympique, elle pourra ensuite aider et guider, à sa façon, les athlètes. Ses services devraient d’ailleurs être les bienvenus après les deux années de préparation tout sauf normales pour les athlètes canadiens.

« J’ai mon bagage d’histoires, mais au-delà de tout, je pense que le plus important sera d’avoir une bonne écoute, soutient-elle. Ce n’est pas à propos de moi, c’est à propos d’eux. Probablement que j’aurai beaucoup à offrir aussi sur le plan de la gestion des médias et de la façon de vivre cette frénésie-là. On avait fait un beau travail, avec mes sœurs, pour se rattacher à l’essentiel, revenir au moment présent dans cette situation de stress et d’euphorie intense que sont les Jeux olympiques. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Chloé, Maxime et Justine Dufour-Lapointe aux Jeux olympiques de Sotchi

« Quand tu arrives aux Jeux, c’est tellement grand, ajoute-t-elle. C’est tellement plein de nouveautés et de distractions. D’avoir plusieurs filets qui rattachent les athlètes à leur routine et à leur monde de l’équipe canadienne, je trouve que c’est puissant. »

En famille, encore

Cette expérience de mentorat aux Jeux olympiques pourrait s’avérer encore plus mémorable pour Maxime Dufour-Lapointe alors que ses sœurs Chloé et Justine, actuellement en processus de sélection en ski acrobatique, pourraient faire partie des athlètes canadiens.

« L’idée d’être les trois là-bas, c’est encore un rêve, même si c’est dans différents rôles », admet-elle.

L’ex-skieuse commence à être une habituée des Jeux olympiques. En 2010 à Vancouver, elle accompagnait sa sœur Chloé, qui prenait part à ses premiers Jeux. En 2014 à Sotchi, les trois sœurs concouraient dans la même discipline. En 2018 à PyeongChang, seules Chloé et Justine se sont qualifiées, mais Maxime était présente pour les encourager.

Je me sens extrêmement choyée d’y retourner dans ce rôle-là. J’ai l’impression que toutes mes expériences olympiques étaient dans des rôles différents et je trouve ça vraiment enrichissant.

Maxime Dufour-Lapointe

Même si elle se dit humblement « jeune d’expérience » pour du mentorat, ce n’est pas la première fois que Maxime Dufour-Lapointe s’implique de cette façon. Animée par ce désir de redonner, elle offre de son temps dès qu’elle en a l’occasion.

Depuis l’été dernier, elle fait partie du programme Plan de match mis en place par le Comité olympique canadien, le Comité paralympique canadien, le Réseau des instituts du sport olympique et paralympique (RISOP) du Canada et Sport Canada. Par l’entremise d’une plateforme web, elle apporte son soutien aux athlètes qui sont en transition vers la retraite.

Avec ses sœurs, elle tient également depuis neuf ans le Camp 3SDL, une journée de ski de bosses pour jeunes filles exclusivement. Elle souhaite ainsi « redonner, inspirer, partager la passion du sport », fait-elle valoir.

Future médecin

Maxime Dufour-Lapointe étudie en médecine depuis qu’elle a accroché ses skis, il y a trois ans. Cette nouvelle étape de sa vie lui a carrément fait découvrir « un nouveau monde ».

« J’ai vécu tellement d’années dans le sport que toute ta vie tourne autour des horaires d’entraînement. On finit par tellement bien connaître notre façon de faire, mais seulement dans ce cadre-là. Quand tu prends ta retraite, ça disparaît un peu. Il y a quand même un travail d’adaptation, de retrouver ses repères, de se redéfinir pour savoir quelle sera ma vie maintenant, ce que j’aime, ce que j’ai envie de faire dans un monde de possibilités. »

C’est stimulant, un peu déroutant, mais je pense que j’étais aussi bien entourée avec ma famille et ça s’est somme toute très bien fait. Avec l’école, je n’ai pas pris un petit programme.

Maxime Dufour-Lapointe

En effet. Disons même qu’elle a choisi l’un des plus gros. Au mieux, elle terminera ses études dans quatre ans. Si elle décide de faire une spécialité, il faudra ajouter « beaucoup » d’années.

Mais « ça passe vraiment vite », assure-t-elle avec enthousiasme. Elle puise d’ailleurs au quotidien dans son bagage de valeurs acquises au fil de sa carrière en ski, comme le sens de l’organisation, la résilience et le fait de « voir les choses comme un processus », dit-elle.

L’an prochain, Maxime Dufour-Lapointe fera son externat en médecine. Externat qu’elle devra toutefois mettre sur pause le temps de deux semaines pour les Jeux olympiques.

Sinon, à travers tout ça, elle continue de s’impliquer auprès de divers organismes. Avec ses sœurs, elle est marraine de Fillactive, dont la mission est d’amener les adolescentes à rester actives, et porte-parole de PROCURE, qui lutte contre le cancer de la prostate. C’est sans parler de leur collection de vêtements Tissées serrées.

Occupée, vous dites ?