Le médecin de l’équipe olympique canadienne est convaincu qu’avec le rythme du déploiement des vaccins au pays, tous les athlètes canadiens seront vaccinés avant les Jeux olympiques de Tokyo cet été.

Les athlètes ne sont pas obligés d’être vaccinés pour participer aux Jeux.

Et donc, à moins de trois mois de l’ouverture de l’évènement le 23 juillet, et avec le Japon en état d’urgence au milieu d’une autre vague de COVID-19, l’inquiétude monte quant à la manière dont les organisateurs olympiques et paralympiques peuvent assurer la sécurité de 11 000 athlètes de quelque 200 pays.

La position du Canada est que ses athlètes respecteront l’ordre de priorité dans l’administration des vaccins.

Selon le Dr Mike Wilkinson, médecin-chef du Comité olympique canadien, cela ne sera de toute façon probablement pas nécessaire.

« Le Canada a vacciné environ un peu plus de 30 % de notre population, et nous nous en tirons donc plutôt bien, a déclaré Wilkinson à La Presse Canadienne.

« Ça va très vite. Je suis convaincu que les athlètes vont se faire vacciner, ainsi que le reste de l’équipe (entraîneurs, etc.), avant de partir pour Tokyo. »

Vaccination de masse

Il a noté les récentes annonces en Ontario et au Québec selon lesquelles toute personne âgée de 18 ans et plus devrait avoir accès aux vaccins d’ici la fin mai.

L’arrivée du vaccin à dose unique Johnson & Johnson cette semaine tombe également bien, a ajouté Wilkinson, et même une seule dose de vaccins à doses multiples offre une excellente couverture et une prévention des maladies graves.

« Nous devons comprendre que les vaccins préviennent des maladies graves et des complications. Cela n’élimine pas à 100 % les risques que vous contractiez réellement le virus, mais c’est une protection importante.

« Mais cela ne signifie pas que vous pouvez abandonner toutes les autres mesures de prévention, et c’est pourquoi nous avons souligné que nous avons le pouvoir de minimiser l’exposition, qui passe essentiellement par les masques, la distanciation sociale, l’hygiène, le lavage des mains, la désinfection et tout le reste. »

Les organisateurs japonais ont publié leur dernière édition du guide de procédure cette semaine, décrivant les mesures de sécurité et les restrictions en vigueur aux Jeux, y compris les tests quotidiens de dépistage à la COVID-19 pour les athlètes.

Les athlètes resteront dans une « bulle », se déplaçant uniquement entre le village des athlètes, les sites de compétition et les sites d’entraînement.

Wilkinson a révélé que les tests quotidiens étaient une bonne nouvelle et contribueraient grandement à réduire le risque que des porteurs asymptomatiques provoquent une transmission.

L’équipe canadienne, a-t-il dit, prévoit de mettre en œuvre ses propres protocoles pour un niveau de sécurité supplémentaire. Wilkinson a précisé que l’équipe recherchait une technologie pour contrôler la qualité de l’air et travaillait en partenariat avec des entreprises pour la désinfection et la stérilisation de la zone canadienne du village des athlètes, qui comprend les hébergements de l’équipe canadienne et ses propres centres d’entraînement et médicaux.

Mesures extrêmes

Le Canada aura la capacité de tester non seulement la COVID-19, mais d’autres pathogènes respiratoires et gastro-intestinaux. Tout athlète ou autre membre de l’équipe canadienne dont le test est positif à la COVID-19 sera traité par les autorités de santé publique japonaises.

Les athlètes vivant et mangeant dans un environnement fermé dans le village — il suffit de penser à un bateau de croisière géant — il y a toujours des inquiétudes au sujet des virus avant les Jeux olympiques.

Les Jeux olympiques de PyeongChang de 2018 ont vu une épidémie de norovirus très contagieux. Le joueur de tennis canadien Milos Raonic n’a pas participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016 en raison de préoccupations concernant le virus Zika. Et les Jeux olympiques de Vancouver de 2010 ont eu lieu au milieu d’une épidémie du virus H1N1.

La salle à manger est une source de préoccupation, mais Wilkinson a soutenu que les organisateurs avaient presque doublé sa taille, plus une capacité réduite pour assurer une distanciation physique. Ils privilégient les repas à emporter et ont ajouté un espace de restauration en plein air.

Ces mesures de sécurité suffiront-elles à empêcher les Jeux de devenir un évènement susceptible de propager le virus ?

La sextuple Olympienne Hayley Wickenheiser a sonné l’alarme la semaine dernière, se questionnant à savoir s’il est sécuritaire d’organiser les Jeux.

« Je dois poser les questions. Et je pense que ce sont des questions légitimes, a affirmé Wickenheiser à CBC Sports. (Au début de) la pandémie, j’avais dit qu’on ne pouvait pas organiser les Jeux, aujourd’hui, je me le demande encore. »

De nombreux pays, dont le Canada, sont en proie à une troisième vague de la pandémie et de nouveaux variants ont fait leur apparition.

Le Canada a vu comment une éclosion de COVID-19 peut faire mal à un athlète ou à une équipe. Les Canucks de Vancouver ont dû interrompre leurs activités pendant 11 jours lorsque 22 joueurs et quatre membres du personnel d’entraîneurs ont reçu un résultat positif. Cela a également été le cas de deux membres de l’équipe allemande aux championnats du monde de curling féminin cette semaine à Calgary.

Et le champion olympique de bobsleigh Alex Kopacz, hospitalisé en raison de la COVID-19, a décrit en détail comment il a fait ses adieux à sa famille et à ses amis et a envisagé sa mort pendant les jours les plus sombres de sa maladie.

Les essais olympiques de natation de l’équipe canadienne à Toronto viennent d’être reportés une deuxième fois, repoussés à la mi-juin en raison du confinement actuel et du nombre de cas en Ontario. Natation Canada a déclaré qu’ils pourraient encore être déplacés de Toronto.

La FIBA, l’instance dirigeante du basketball mondial, a révélé que son intention d’accueillir le tournoi de qualification olympique à Victoria, du 29 juin au 4 juillet, n’a pas changé.

Au Japon, pendant ce temps, les sondages ont montré que la majorité des résidents japonais — jusqu’à 80 % — pensent que les Jeux olympiques ne devraient pas avoir lieu. Moins de 2 % de la population japonaise a été vaccinée.

Cette semaine, l’Australie et la Corée du Sud ont rejoint la liste des pays annonçant qu’ils prévoyaient de donner la priorité aux athlètes olympiques dans l’administration des vaccins.

Préparation au pire

Le message du Canada aux athlètes, a dit Wilkinson, est de ne pas s’inquiéter des dates de vaccination.

« De toute évidence, pour les athlètes ne pas savoir (quand et s’ils seront vaccinés) crée un stress mental et une anxiété importants, a-t-il reconnu.

« Nous nous préparons toujours aux pires scénarios et vous espérez vraiment qu’ils ne se produiront pas, mais au moins vous avez pris en compte tous les facteurs d’atténuation, a expliqué Wilkinson.

« Nous avons informé les athlètes et les équipes que nous ne voulons pas gaspiller notre énergie et notre stress mental à nous soucier de ce que font les autres. Nous ne pouvons contrôler que ce que nous faisons. Et ce que nous devons faire, c’est minimiser nos risques.

« Ce serait formidable si tous ceux qui vont aller aux Jeux olympiques étaient vaccinés. La réalité, étant donné que nous avons plus de 200 pays représentés, c’est que tout le monde ne sera probablement pas vacciné. Mais même avec cela, nous pouvons minimiser les risques de contagion. »