(Lausanne, Suisse) Le Comité international olympique va acheter à la Chine des vaccins pour les participants aux JO de Tokyo cet été et de Pékin l’hiver prochain, première annonce de ce type pour protéger les Jeux de la menace sanitaire.

Sur ce sujet délicat, tant les vaccins manquent encore pour les plus vulnérables ou pour les soignants, le CIO avance sur un fil : il « encourage » la vaccination des sportifs, mais sans la rendre obligatoire ni réclamer une priorité pour ces personnes en pleine santé.

Dans ce contexte, les autorités olympiques chinoises ont offert de « mettre à disposition des doses additionnelles de vaccins pour les participants » aux Jeux de Tokyo et Pékin, a annoncé jeudi le patron du CIO Thomas Bach.

L’instance olympique, face au défi inédit d’organiser en huit mois deux éditions des JO en pleine pandémie, va « payer » pour ces injections, qui concerneront « non seulement les équipes olympiques, mais également paralympiques », selon M. Bach.

Aucun calendrier n’a été fourni, pas plus qu’un ordre de grandeur sur le nombre de doses ou les modalités de leur attribution, qui pourra se faire « via des partenaires internationaux », ou « dans des pays où des partenariats existent déjà avec le gouvernement chinois ».

L’annonce a même été une surprise pour les organisateurs japonais : « Avions-nous été informés à l’avance ? Non, pas du tout. C’est un sujet qui regarde le CIO », a commenté face à la presse Toshiro Muto, directeur général de Tokyo-2020.

« Sécurisation » des Jeux

Face aux questions éthiques soulevées par cette initiative, le CIO s’est engagé, « pour chaque dose additionnelle » attribuée aux délégations olympiques, à « en acheter deux autres à destination de la population du même pays ».

Reconduit mercredi pour quatre ans à la tête de l’instance de Lausanne, l’Allemand de 67 ans a qualifié cette transaction avec la Chine de « jalon dans la sécurisation des Jeux de Tokyo ».

« C’est notre manifestation de solidarité avec le peuple japonais, pour lequel nous avons tant de respect », a insisté le patron du CIO.

Au deuxième jour de la 137e session du CIO, Thomas Bach s’est de nouveau montré optimiste sur la tenue des prochains JO, déjà reportés d’un an et désormais prévus du 23 juillet au 8 août.

Selon le dirigeant, « un nombre significatif d’équipes olympiques ont déjà été vaccinées, conformément à leurs directives nationales » - la Russie, Israël, le Danemark ou la Hongrie ont par exemple annoncé de tels programmes systématiques.

Par ailleurs, « un autre nombre significatif » de délégations « ont reçu un engagement de leurs gouvernements », laissant espérer une couverture vaccinale importante parmi les 11 000 athlètes attendus cet été au Japon.

Thomas Bach insiste depuis plusieurs mois sur le nombre de compétitions internationales organisées depuis l’été dernier sans avoir entraîné de vague de contaminations, avant même que les vaccins n’apportent une protection supplémentaire.

Quel public ?

Environ « 270 compétitions internationales », impliquant « plus de 30 000 athlètes », ont pu se dérouler en suivant des protocoles stricts, à l’image des mesures drastiques prévues à Tokyo et mêlant tests fréquents, séjour écourté et distanciation.

Une large majorité de la population japonaise reste néanmoins hostile à l’accueil des Jeux cet été, alors que la propagation de variants plus contagieux de la COVID-19 interdit pour l’heure tout relâchement des précautions sanitaires.

Les médias japonais tiennent d’ailleurs pour acquis que les spectateurs étrangers ne seront pas autorisés aux JO, même si les autorités du pays n’officialiseront leur décision que fin mars.

Plus largement, le flou demeure sur la présence de public, alors que la jauge admise pour chaque lieu de compétition devait initialement être définie d’ici la fin avril.

Mais, mercredi soir, Thomas Bach a jugé préférable de trancher « le plus tard possible » à ce sujet, pour pouvoir intégrer « les développements qui peuvent advenir en mai ou juin ».

Des Jeux à huis clos ne sont plus un tabou depuis quelques mois, d’autant que les revenus de la grand-messe olympique tiennent essentiellement à leur retransmission dans le monde entier, bien plus qu’à l’affluence dans les stades.