L’escrimeuse en fauteuil roulant Sylvie Morel était déterminée à participer aux Jeux paralympiques, quoi qu’il arrive.

Dix-huit mois de pandémie plus tard, l’athlète dit n’avoir « jamais été aussi prête » à revenir au pays avec une médaille.

Avec sa salle d’escrime bâtie au sous-sol lors de la pandémie, Sylvie Morel n’a pris que 30 jours de repos en un an et demi. « Le reste, je l’ai dédié à l’entraînement physique et mental, la concentration, l’étude des vidéos de mes adversaires et l’étude de moi-même », énumère-t-elle.

Au bout du fil, la détermination de l’athlète de 64 ans se ressent. Se battre contre des escrimeuses de 40 ans de moins qu’elle ne l’effraie pas, bien au contraire.

Je m’attends à performer. Cette fois-ci, je ne passerai pas à côté du gâteau.

Sylvie Morel

Qualifiée au sabre et au fleuret en fauteuil, cette dernière sera en action dès mercredi. Les Jeux de Tokyo seront ses troisièmes ; elle a participé à ceux de Sydney, en 2000, et à ceux de Londres, en 2012.

L’âme d’une escrimeuse

La carrière de Sylvie Morel a débuté il y a une vingtaine d’années. Alors qu’elle sortait du gym un soir, elle a été intriguée par des dépliants qui traînaient. « Avez-vous l’âme d’un escrimeur ? », a-t-elle lu sur le papier. La réponse était oui, assurément. L’escrime en fauteuil fait partie de sa vie depuis.

PHOTO MATTHEW MURNAGHAN, FOURNIE PAR LOUIS DAIGNAULT

Sylvie Morel (à droite) à l’épée individuelle aux Jeux paralympiques de Londres, en 2012

Le caractère fonceur de Sylvie Morel lui a servi lors de la Coupe des Amériques en 1999, où elle a remporté sa première médaille d’or. « Je me suis levée en me disant : “Aujourd’hui, c’est toi qui vas aller sur le podium et personne d’autre” », se rappelle l’athlète.

L’escrimeuse confie qu’elle doit sa présence aux Jeux paralympiques à sa physiothérapeute. Le chemin de la réadaptation a été long pour Sylvie Morel après s’être fait amputer une jambe à la suite d’un accident de voiture. Sachant qu’elle était une personne active, sa physiothérapeute l’a dirigée vers le sport en fauteuil roulant. « Elle sait que c’est grâce à elle si je suis rendue ici », souligne-t-elle.

S’améliorer… et toujours se battre

Sylvie Morel aime les sports individuels. « Je veux toujours m’améliorer, insiste-t-elle. Je n’aime pas être dans un groupe où je dépends des autres pour réussir. »

En plus des performances en solo, elle a toujours été une mordue de sports de combat. « On ne s’en va pas cueillir des roses dans un jardin », avertit-elle ceux qui voudraient commencer l’escrime.

C’est un sport complet, intellectuel, qui en demande beaucoup individuellement et qui est motivant.

Sylvie Morel

Après 25 ans à pratiquer l’escrime, son enthousiasme n’a pas diminué. Son arme préférée ? Le sabre, répond-elle sans hésiter.

« C’est l’arme la plus rapide, précise Sylvie Morel. J’aime beaucoup l’épée, mais c’est une arme tranquille. Il faut prendre son temps, parce que tout le corps est une cible ». Au sabre, seul le haut du corps peut être touché afin de marquer un point.

Et pour ce qui est des prochains Jeux à Paris, en 2024, l’athlète ignore si elle sera de la partie. Un tournoi à la fois. « Mais je suis toujours combative et en bonne forme physique. Je n’ai pas d’excuses pour ne pas continuer », conclut-elle.