(Tokyo) Le tableau des médailles fera-t-il oublier celui des contaminations ? Les Jeux paralympiques s’ouvrent mardi à Tokyo en pleine cinquième vague de COVID-19 au Japon, comme en témoigneront les tribunes vides du stade national lors de la cérémonie d’ouverture (20 h locales).

Un peu plus de deux semaines après la fin des Jeux olympiques, l’archipel enregistre plus de 25 000 cas positifs quotidiens ces derniers jours, poussant les hôpitaux au point de rupture, selon les médecins locaux.

Cette dégradation a eu raison des gradins, décrétés vides dans le sillage des JO frappés de huis clos pour 98 % des épreuves.

Pour les 4400 sportifs en lice, il n’y aura pas de public donc, mais leur objectif est ailleurs : décrocher l’un des 539 titres (contre 339 durant les JO) décernés jusqu’au 5 septembre.

« C’est sûr qu’on préférerait qu’il y ait du public mais, nous, on reste concentré sur notre objectif. On a passé cinq ans cette fois à s’entraîner pour atteindre le Graal », résume la judoka et porte-drapeau française Sandrine Martinet, que les tribunes désertes des premiers jours de Rio il y a cinq ans n’avaient pas empêchée d’arracher enfin sa première médaille d’or.

Dans le stade national de Tokyo, encore marqué du triplé en or (100, 200 m, relais 4x100 m) de la sprinteuse jamaïcaine Elaine Thompson-Herah, elle ouvrira lors de la cérémonie d’ouverture la voie à la délégation française, l’une des 162 délégations en lice, dont cinq nouvelles, mais pas l’Afghanistan en raison de la situation dans le pays.

« Plus impatient à cause du report »

Preuve que la COVID-19 n’a pas tari l’enthousiasme grandissant d’édition en édition pour les Jeux paralympiques, puisque Tokyo, première ville à accueillir une deuxième fois l’évènement (après 1964), sera proche du record de délégations de Londres (164).

À défaut de la sentir dans la mégalopole qui s’apprête à entrer dans sa huitième semaine d’état d’urgence, la fièvre est palpable chez les sportifs.

« Je suis plus impatient encore à cause du report (d’un an en raison de la pandémie) », clame l’archer américain Matt Stutzman, l’une des têtes d’affiche du documentaire Rising Phoenix, distribué par Netflix. « C’est incroyable, mon exaltation dépasse les limites. »

« Je suis tellement heureuse d’être ici », renchérit à côté de lui l’escrimeuse italienne Beatrice Vio.

« Ça m’a tellement manqué, la vibration de la compétition », livre la porte-drapeau et porte-voix du para sport italien.

Voilà le ton enjoué de l’intérieur de la bulle paralympique où l’on compte les jours jusqu’à son épreuve quand à l’extérieur, on égrène les cas par régions.

« Changer le monde »

Faute de spectateurs, la joie et les enjeux de la compétition devront se transmettre uniquement par la diffusion télé et son audience de quatre milliards de téléspectateurs cumulés attendue par le Comité paralympique international (CPI).

« Je pense que la population nippone sera fière », veut croire le président du CPI Andrew Parsons dans une interview à l’AFP. « Elle organise un évènement qui va changer le monde » et verra « la même vague positive » que celle montée dans l’opinion avec les Jeux olympiques qui ont longtemps suscité l’opposition, voire l’hostilité, au Japon.

Représenté par une délégation d’un nombre inédit de 254 para athlètes, le pays hôte va-t-il poursuivre sur le momentum des JO couronnés d’un record de 27 médailles d’or ? La Chine conservera-t-elle sa mainmise sur le sommet du tableau des médailles comme à chaque olympiade depuis 2004 ?

Quant à la France, à trois ans des Jeux de Paris-2024, va-t-elle améliorer son bilan terne des JO (33 podiums sur la quarantaine espérée) ? Autant de questions qui promettent de ramener au centre de l’attention – à partir de mercredi et le début des compétitions – l e tableau des médailles, plutôt que celui des contaminations.