(Sydney) Une nageuse australienne qui avait renoncé aux Jeux olympiques de Tokyo pour protester contre les « pervers misogynes » dans le sport, a assuré samedi que sa prise de position pour un changement culturel valait plus que toute médaille.

« C’était juste génial d’avoir tout ce soutien, pour être honnête, c’était quelque chose d’angoissant à faire », a déclaré Madeline Groves au Sydney Morning Herald, pour sa première déclaration publique depuis son coup d’éclat.

« J’ai reçu beaucoup de soutiens de certains personnes dans l’équipe, des athlètes, des entraîneurs, des cadres, et je pense que les retours que j’ai déjà eus en valaient vraiment la peine », a-t-elle ajouté.

La nageuse de 26 ans assure avoir été submergée de messages de soutien.

La double médaillée d’argent au JO de Rio a surpris le monde de la natation en se retirant des qualifications pour les Jeux de Tokyo en juin.

« Vous ne pouvez plus exploiter les jeunes femmes et les jeunes filles, leur faire honte ou les exposer à du gaz médical, puis attendre d’elles qu’elles vous représentent afin de gagner votre prime annuelle. C’est fini », avait-elle expliqué à l’époque.

La cible de ces déclarations n’était pas explicite, mais la fédération australienne de natation a mis en place un comité féminin pour enquêter sur les problèmes rencontrés par les filles et les femmes, tout en admettant que les « comportements inacceptables » dans le sport remontaient à plusieurs décennies.

« C’était décevant de manquer une telle opportunité (les qualifications olympiques), mais les récompenses potentielles l’emportent absolument sur le risque », a souligné Groves dans le Sydney Morning Herald.

« Si ce comité indépendant peut avoir des résultats significatifs qui rendent le sport plus sûr et plus agréable pour toutes les parties prenantes, pas seulement les filles et les femmes, cela a plus de valeur qu’une médaille olympique. »

Les nageurs australiens ont réalisé à Tokyo les meilleurs JO de leur histoire, remportant 20 médailles, dont neuf d’or.

Groves, spécialiste du papillon, dit avoir pensé à tenter la qualification pour les Jeux afin de réaliser son coup d’éclat sur la scène mondiale.

Mais elle y a renoncé à cause de la confusion autour de la Règle 50 de la Charte olympique, qui définit comment les athlètes peuvent manifester et l’effet potentiel sur les coéquipiers.

Groves ne prévoit pas d’abandonner la natation et va s’envoler vers l’Europe pour participer à l’International Swimming League au sein de l’équipe DC Trident.

Elle dit avoir accepté de devenir une paria aux yeux de certains dans l’équipe nationale australienne. « Mais ça ne m’inquiète vraiment pas », a-t-elle assuré. « J’ai pris cette décision fondée sur mes propres valeurs, et je n’attends pas que tout le monde me comprenne ou soit d’accord avec moi. »