(Tokyo) Le rideau vient à peine de tomber sur les Jeux de Tokyo qu’un autre rendez-vous olympique approche déjà à grands pas. Dans moins de six mois, les athlètes de l’élite mondiale se retrouveront à Pékin pour les prochains Jeux d’hiver, qui pourraient venir avec leur lot de questions litigieuses.

À Tokyo, le comité organisateur, tout comme le Comité international olympique (CIO), ont été confrontés à de nombreuses questions concernant la pertinence de tenir des Olympiques en pleine pandémie de COVID-19.

Les Jeux avaient bien été reportés à 2021, ce qui explique le si petit écart avant les Jeux de Pékin. Malgré tout, tant avant la cérémonie d’ouverture que pendant les jours de compétitions, des voix se sont élevées pour dénoncer la tenue de l’évènement dans une ville aux prises avec une hausse des cas du virus.

Et tout indique que le monde ne sera pas débarrassé de son ennemi invisible d’ici 2022. Les athlètes, spectateurs et journalistes doivent donc s’attendre à ce que des protocoles sanitaires fassent encore partie du portrait aux Jeux d’hiver.

Mais au-delà de la pandémie, d’autres controverses pourraient faire leur apparition.

La Chine fait l’objet d’un nombre croissant de critiques concernant ses violations des droits de l’homme. Certains pays appellent même à boycotter les Jeux de Pékin.

Les États-Unis sont l’un des pays qui accusent la Chine de commettre un génocide dans son traitement des Ouïghours. Quant au Canada, ses conflits avec la Chine entreront assurément dans leur troisième année.

Les Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig sont détenus en Chine depuis l’arrestation de la vice-présidente de Huawei, Meng Wanzhou, en décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver. Le Canada avait arrêté Mme Meng à la suite d’une demande du gouvernement américain.

Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié la détention des deux hommes « arbitraire » et « inacceptable ».

Le Comité olympique canadien (COC) et le Comité paralympique canadien ont confirmé en février 2021, soit un an avant le début des jeux, leur intention de se rendre à Pékin.

Le chef de la direction du COC a réitéré cette position dimanche en visioconférence.

« Nous savons que les craintes des personnes qui ont des réserves importantes quant à notre présence là-bas vont continuer d’augmenter », a affirmé David Shoemaker depuis Tokyo.

« Ne vous détrompez pas, nous avons aussi des craintes par rapport au pays hôte. Plusieurs Canadiens ont des réserves quant au pays hôte.

« Nous avons eu des discussions avec le gouvernement canadien, l’ambassade canadienne et nous avons confiance que ces enjeux sont traités entre gouvernements », a-t-il soutenu.

Le Canada a participé au boycottage des Jeux d’été de 1980, à Moscou, pour protester contre l’invasion de l’Union soviétique en Afghanistan.

L’Union soviétique n’a pas quitté l’Afghanistan avant près de 10 ans, en plus de mener le bloc de l’Est lors du boycottage des Jeux de Los Angeles, en 1984.

« Nous croyons fermement que boycotter les jeux n’est pas la solution, a tranché Shoemaker. Le sport a le pouvoir de rassembler les gens, comme on le voit ici.

« La présence du Canada à Pékin permettra d’ouvrir un dialogue. L’inspiration que nous procurerons aux jeunes par notre présence à Pékin ne devrait pas être négligée.

« Nous demeurons engagés à aller à ces Jeux. »

Une préparation modifiée

Lorsque les Jeux de Tokyo ont été reportés de 2020 à 2021, le COC a modifié sa préparation pour s’adapter au court intervalle.

« Nous avons compris que nous devrions faire les choses différemment, a mentionné Shoemaker.

« Nous avons une équipe qui s’est concentrée uniquement à préparer les opérations d’Équipe Canada en vue des Jeux de Pékin. Nous espérons que cela portera ses fruits. »

Les 24 médailles du Canada à Tokyo constituaient la meilleure récolte du pays à des Jeux d’été non boycottés et ont placé le pays au 11e rang. Sept médailles d’or ont été remportées, ce qui a permis à la délégation d’égaler son plus grand nombre de médailles d’or décrochées à des Jeux non boycottés depuis Barcelone, en 1992.

Les attentes sont toutefois plus élevées pour les Jeux d’hiver, puisque le Canada est une puissance à plusieurs épreuves hivernales. L’unifolié s’est classé troisième tant pour le nombre total de médailles (29) que de médailles d’or (11) remportées à PyeongChang, en Corée du Sud, en 2018.

Tous les athlètes des sports d’hiver n’ont pas été affectés de la même manière par la pandémie.

Les skieurs et snowboardeurs ont réussi à obtenir une saison d’un certain niveau, car le risque de transmission du virus était jugé plus faible pour les sports en plein air.

Cependant, les athlètes s’entraînant dans des installations intérieures, notamment les arénas, n’ont eu que peu d’occasions pour s’entraîner.

« Tous les sports qui se pratiquent sur la patinoire n’ont pas pu être pratiqués, que ce soit pour les entraînements ou les compétitions », a rappelé la directrice générale d’À nous le podium, Anne Merklinger.

Les athlètes canadiens ont encore quelques mois pour se rattraper, mais seulement quelques mois.