Finir avec le sourire. C’est tout ce que souhaitait Meaghan Benfeito pour ses derniers Jeux olympiques. Et malgré les larmes après sa 13place en demi-finale à la tour de 10 m, elle a « fini avec le sourire pareil ».

« Ce n’était pas le résultat que j’aurais voulu, mais je suis fière du parcours que j’ai eu parce que ça aurait été vraiment facile d’abandonner au mois de janvier », a-t-elle avoué lors d’une visioconférence à son retour à Montréal, samedi.

Je suis fière de moi d’avoir poussé, de m’être battue jusqu’à la fin.

Meaghan Benfeito

Parce qu’avant la déception vécue jeudi soir à la tour de 10 m à Tokyo, Meaghan Benfeito a vécu son lot d’émotions fortes. La perte de tous ses biens dans l’incendie de sa résidence en janvier, dont ses médailles olympiques. La mort de ses deux grand-mères, récemment. Et bien sûr, une pandémie mondiale qui a tout fait basculer.

Tout cela lui donne une perspective différente sur ces Jeux.

« Je pense que ça m’a fait apprécier la vie encore plus, explique-t-elle. Avant, j’étais tellement concentrée sur le résultat chaque fois. Si c’était arrivé en 2016, j’aurais pleuré bien plus que ça ! »

Une mentore pour Caeli McKay

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Caeli McKay

Avant le 10 m, il y a eu la quatrième place crève-cœur au 10 m synchro. Avec une jeune Caeli McKay qui plongeait sur un seul pied, s’étant blessée quatre semaines avant Tokyo. Là aussi, la plongeuse a voulu garder les deux pieds sur terre.

« Je sais qu’elle était très concentrée sur le résultat, et moi je la ramenais toujours à : “Caeli, c’est ta première expérience olympique, tu as quasiment un pied en moins, il faut juste qu’on apprécie, il faut savoir qu’on a fait le travail.” Cette journée-là [en finale], elle m’a regardée et elle m’a dit : “Merci.”

« On n’avait même pas compétitionné encore et elle disait : “Merci d’avoir confiance en moi, de me relaxer.” Elle n’était pas aussi stressée qu’elle pensait l’être. Ça, pour moi, c’est un travail accompli. Je voulais qu’elle sache que peu importe le résultat, j’allais être fière d’elle. »

Un manque de compétition qui a fait mal

L’équipe canadienne de plongeon repart donc de Tokyo avec une seule médaille, celle d’argent remportée par Jennifer Abel et Mélissa Citrini-Beaulieu au 3 m synchronisé. La récolte aurait pu être meilleure, croit Meaghan Benfeito, si le manque de compétition dû à la pandémie n’avait pas fait dérailler les ambitions canadiennes.

« C’est poche, quand tu y penses, qu’on n’ait pas gagné autant de médailles qu’on aurait dû ! lance-t-elle en riant. Je pense que c’est juste le manque de compétition. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas le talent. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas travaillé. On est tellement habitués d’avoir un plan et d’avoir une saison complète, des compétitions toutes les deux, trois semaines. »

Je pense que notre équipe est très bien capable de monter sur le podium.

Meaghan Benfeito

Elle mentionne au passage que les performances de Nathan Zsombor-Murray et de Rylan Wiens étaient belles à voir à la tour de 10 m, malgré le fait qu’ils ont terminé respectivement 13e et 19e. « Les pires places possibles », dit-elle en rigolant.

« Mais juste de vivre ça, on s’est vraiment amusés. Ils m’ont dit qu’ils étaient très reconnaissants d’avoir été dans la même équipe que moi. Des choses comme ça, ça me fait du bien. »

Une carrière bien garnie

Trois médailles olympiques. Quatre participations aux Jeux. Si ce n’est peut-être pas tout à fait la fin de sa carrière de plongeuse, elle a déjà renoncé à se rendre à Paris en 2024. Comment vit-elle cette fin de carrière olympique ?

« J’apprécie ma carrière au complet. Ce n’est pas cette compétition-là qui me définit comme plongeuse.

« J’ai passé le vol de Tokyo à Vancouver à pleurer, à lire les messages de tout le monde. Parce que je ne suis pas quelqu’un qui parle souvent du fait que je suis olympienne ou médaillée.

« Le plongeon, c’est ce que j’aime le plus au monde. […] En lisant les messages de tout le monde, c’est là que je réalise que j’ai accompli beaucoup de choses dans ma carrière. Plusieurs médailles, et des bas, aussi. C’est à cause de ça que j’ai appris dans ma vie. Ce n’est pas en gagnant des médailles que tu apprends. »

Meaghan Benfeito veut maintenant faire une petite pause avant de songer à un retour à la compétition. « Je pense que je la mérite », dit-elle.

« Je vais prendre du repos et je vais voir avec Arturo [Miranda, son entraîneur] ce qu’il en pense. C’est quelqu’un qui me connaît bien, c’est lui qui va savoir si je suis capable de pousser une autre année ou pas. Ça reste à voir, mais je ne pense pas que c’est la fin de Meaghan. »