(Tokyo) Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas pour Pamela Ware à Tokyo. Radieuse la veille après sa solide performance en préliminaires, la plongeuse de Greenfield Park était encore sous le choc plus d’une trentaine de minutes après avoir avorté son dernier plongeon en demi-finale au tremplin de 3 mètres.

Cette erreur fatale l’a privée d’une qualification pour la finale qui lui semblait pourtant promise après quatre rondes.

Ware a raté son saut d’appel sur son périlleux et demi renversé avec trois vrilles et demie, le plus haut degré de difficulté de la compétition, et c’en était fait de ses espoirs de participer à une deuxième finale olympique, après sa 7e place à Rio en 2016

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« J’étais trop en avant du tremplin, mes orteils ont dépassé le tremplin et si j’avais essayé le plongeon, le tremplin m’aurait projeté trop en avant et j’aurais pu me faire mal, a-t-elle décrit, encore abasourdie de ce qui venait de lui arriver. J’ai fait le choix de sauter dans l’eau.

C’est une erreur que je fais aussi à l’entraînement parfois. J’en parlais à mon coach pour lui dire que je ne devais pas la faire en compétition et je l’ai fait.

Pamela Ware

En sortant de la piscine après coup, elle s’est réfugiée dans le bain-tourbillon, le regard vide.

« Honnêtement, je ne sais pas, a-t-elle répondu honnêtement quand on lui a demandé à quoi elle pensait alors. J’étais sous le choc. Je n’ai pas encore compris ce qui est arrivé. »

Et Ware a beau avoir répété à quelques reprises « je suis correcte », elle aura besoin de temps pour s’en remettre.

« Je me trouve bonne, car habituellement, je réagis rapidement avec mes émotions. Aujourd’hui, on dirait que je n’en ai pas. On va voir dans quelques heures… »

Abel compatit

À ses côtés, Jennifer Abel ne pouvait que compatir avec la mésaventure de sa coéquipière. Elle la suivait d’ailleurs sur le tremplin.

« J’ai eu quelques pensées pour elle, c’est inévitable, a confié Abel, qui a été momentanément sortie de sa bulle quand elle a vu Ware sauter à l’eau. En même temps, je me suis dit, “ la seule chose que tu peux faire, c’est de te concentrer et de réussir ton dernier plongeon du mieux possible ”. »

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Jennifer Abel

La Lavalloise de 29 ans y est parvenue et elle a terminé la demi-finale sur une bonne note, obtenant le deuxième meilleur score de la ronde finale pour son double périlleux et demi avant avec deux vrilles.

« Je vais arriver en finale en sachant que je suis capable de bien l’exécuter. C’est un plongeon avec un plus gros coefficient de difficulté (3,4). C’est donc une très bonne préparation pour demain. »

La Chinoise Shi Tingmao, championne olympique en titre, avait aussi gardé le meilleur pour la fin, récoltant 81 points à son dernier plongeon, et elle a fini largement en tête avec 371,45 points. Sa coéquipière Wang Han, qui en est à ses premiers JO à 30 ans, s’est maintenue en tête jusqu’à la troisième ronde de plongeons, mais elle s’est finalement classée deuxième, à presque 25 points derrière.

Médaillée d’argent en synchro avec Mélissa Citrini-Beaulieu dimanche dernier, Abel cherchera maintenant à obtenir la médaille olympique individuelle qui lui a échappé à Rio en 2016. Elle avait alors échoué au pied du podium.

Et elle ne se soucie guère que les Chinoises seront encore une fois les grandes favorites de la finale.

« Je ne focalise vraiment pas sur elles. Je me concentre sur ce que je peux contrôler, soit mes cinq plongeons, et c’est ce que j’ai fait aujourd’hui. Un plongeon à la fois. Ce n’est pas évident. Je commence à ressentir la fatigue de plus en plus. Mais j’entends offrir le meilleur de moi-même. »