(Ichinomiya) Cela valait bien un dernier ride dans les vagues, pour le plaisir : l’Américaine Carissa Moore et le Brésilien Italo Ferreira sont devenus mardi les premiers champions olympiques de surf, à Ichinomiya.

Du sable gris, enfin de belles vagues après deux jours de calme et surtout une joie sincère, partagée par les lauréats, habitués aux victoires dans le monde professionnel mais qui ont répondu présents aux Jeux olympiques, portés par le monde amateur : le surf a réussi son entrée, et Moore et Ferreira n’y sont pas pour rien.

Le Brésilien Ferreira, d’abord, est une figure de proue remarquable pour le surf.

Enfant, Italo Ferreira surfait sur une plaque de polystyrène. Mais c’est l’or olympique que ce fils d’un pêcheur du nord-est du Brésil est venu chercher aux Jeux de Tokyo, auréolé de son titre de champion du monde 2019.

« Un jour, un cousin m’a prêté une planche. Elle était cassée, mais c’était toujours mieux que le polystyrène », a raconté le surfeur âgé de 27 ans, juste avant les JO, lors d’un entretien à l’AFP par visioconférence depuis sa ville natale de Baia Formosa.

« Moitié payée en poisson »

« Après, mon père a enfin pu m’acheter une planche, il a payé la moitié en poisson, l’autre avec de l’argent ».

Ferreira est un fier représentant de la « Brazilian storm », la tempête brésilienne qui secoue le surf mondial depuis bientôt une décennie.

Trois Brésiliens occupent les premières places du classement mondial, avec Italo Ferreira, Gabriel Medina (4e à Tokyo) et Felipe Toledo, non-qualifié pour les JO, chaque pays étant limité à deux représentants.

Pour Carissa Moore, l’histoire est différente mais le symbole tout aussi fort. Elle était la grande favorite de ce premier tournoi olympique et, à 28 ans, n’a pas laissé passer sa chance.

Moore, quatre fois victorieuse de la World Surf League, est la plus jeune surfeuse de l’histoire à avoir remporté une étape de la WSL (le circuit privé de la World Surf League), qui régit le monde professionnel du surf. C’était en 2011 et elle avait 18 ans.

Alors mardi, elle n’a pas caché son plaisir, une fois sacrée, et après s’être pris la tête dans les mains : ivre de joie, les bras en l’air, la surfeuse s’est offert une dernière vague à chevaucher pour rejoindre la plage où elle est tombée dans les bras de son adversaire, puis de son clan qui l’attendait pour l’envelopper dans le drapeau américain.  

Les mondes professionnel (circuit privé de la World Surf League) et amateur (Fédération internationale de surf) se sont entendus pour permettre à l’élite des surfeurs de participer aux JO de Tokyo, en renonçant au principe d’un bassin artificiel pour privilégier un site naturel.

Ils ont bien fait, le surf a réussi son entrée aux Jeux.