(Tokyo) La vedette américaine de la gymnastique Simone Biles va défendre jeudi son titre olympique le plus prestigieux : l’or au concours général individuel gagné en 2016 à Rio, mais elle devra se libérer d’une pression qui a parasité son début de compétition.  

« J’ai parfois l’impression de porter le poids du monde sur mes épaules », a-t-elle lâché sur Instagram plusieurs heures après des qualifications où elle s’est elle-même surprise à commettre des erreurs inhabituelles.

Si elle a décroché un ticket pour les six finales, ce qui est en soi exceptionnel, elle a en effet mis les pieds en dehors du praticable au sol et au saut, et a vacillé en sortant de la poutre.  

Championne hors norme, cinq médailles olympiques et 25 mondiales au compteur, Simone Biles n’a plus perdu de concours général depuis 2013.   

Signe que quelque chose cloche dans le mécanique bien réglée de l’équipe américaine, tenante du titre et dont Biles est la pièce maîtresse, « Team USA » s’est fait doubler par l’équipe russe en qualifications pour le concours général par équipes.  

La finale se tiendra mardi soir à Tokyo dans le centre de gymnastique d’Ariake désespérément vide.

La semaine dernière, à l’entraînement, dès son entrée dans la salle, Simone Biles a jeté son regard en hauteur vers les bancs de bois vides où seuls les médias et quelques membres des encadrements techniques des équipes ont droit de cité. Alors que ses coéquipières n’y prêtaient aucune attention, elle a promené ses yeux de biche à plusieurs reprises sur ces gradins vides.

Manifestement tendue, elle n’a affiché son sourire XXL qu’une fois réussi son exercice aux barres asymétriques, semblant soulagée.

« Ça me calme »

Sa dernière grande compétition remonte aux Mondiaux-2019 de Stuttgart où elle avait raflé cinq médailles d’or. Et sa famille, notamment ses parents adoptifs, Nellie et Ronald – ses grands-parents biologiques en réalité – sont toujours présents pour l’encourager.  

Leur absence à Tokyo ? « Cela me rend nerveuse, car ils n’ont jamais manqué les compétitions », confiait-elle dans le documentaire « Simone versus herself », qu’elle a aussi produit, diffusé récemment sur Facebook. « Une fois que je les ai repérés dans la foule, ça me calme », expliquait-elle.  

L’équipe masculine américaine et les entraîneurs ont bien donné de la voix en tribune pour soutenir les filles lors des qualifications, mais cela n’a pas suffi.  

« Elle va être stressée », avait anticipé son entraîneuse Cécile Landi fin mai auprès de l’AFP. Comment ne pas l’être, elle qui est depuis des mois donnée grande gagnante et vedette de ces JO ? Elle a beau être la plus grande gymnaste de tous les temps et affirmer ces derniers mois « ne plus rien avoir à prouver à personne », « les JO ce n’est pas une plaisanterie », a-t-elle confessé sur Instagram.

À 24 ans, elle peut viser le record de Larissa Latynina et ses neuf titres olympiques. Mais pour le battre, le défi est relevé, car il lui faudrait réaliser un sans-faute et rafler les six médailles d’or en jeu.  Soit aussi aux barres asymétriques, agrès où elle a décroché la 8e et dernière place qualificative pour la finale.  

« Je suis vieille, j’ai l’impression d’avoir beaucoup de sagesse […], donc je veux juste que tout le monde reste cool, calme et posé », avait-elle lancé après les sélections américaines fin juin. Déjà une manière d’essayer de prendre ses distances avec cette pression permanente.